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Canada: leader international...?

Je lisais récemment dans leque le Canada était maintenant un leader international, que le gouvernement conservateur de Harper avait pris de l'initiative au plan international. Pourquoi moi, résidant du Canada et du Québec, est-ce que je perçois d'une manière totalement différente notre nouvelle image internationale ? Parce que je suis membre du NPD ? Peut-être. Parce que je suis Québécois ? Peut-être bien aussi.
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Je lisais récemment dans le Courrier international que le Canada était maintenant un leader international, que le gouvernement conservateur de Harper avait pris de l'initiative au plan international. Pourquoi moi, résidant du Canada et du Québec, est-ce que je perçois d'une manière totalement différente notre nouvelle image internationale ? Parce que je suis membre du NPD ? Peut-être. Parce que je suis Québécois ? Peut-être bien aussi.

Trois raisons principales se pointent devant moi. D'abord, le fiasco de Kyoto et de l'application du protocole, ensuite le cas d'Omar Kadhr et enfin le récent vote à l'ONU contre la présence de la Palestine en tant qu'état observateur. Ces trois raisons, vous me verrez venir, sont centrées d'abord sur l'international, mais avec du recul on comprend que la critique vient de l'intérieur du Canada aussi.

D'abord, nous conviendrons, pour la plupart, y incluant Daniel Turp et son équipe Kyoto, que le retrait du Canada du protocole de Kyoto est une grosse bévue internationale. Aujourd'hui, le protocole de Kyoto stagne. En fait, la seule chose que l'on peut faire avec ce protocole sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, c'est le prolonger tout simplement. Le retrait dudit protocole par le Canada s'est opéré de façon tout à fait unilatérale.

Le Canada a opté pour le retrait, comme l'autorise le texte lui-même du protocole, en plus d'abroger la loi adoptée par le gouvernement libéral de l'époque, introduisant le protocole dans notre droit interne. Le Japon, la France et même la Chine, en 2011, condamnaient la décision du gouvernement Harper de se retirer du protocole! Les Chinois espéraient que le Canada continuerait à tout faire pour atteindre les objectifs du protocole. La France, elle, y voyait une mauvaise nouvelle pour le ralentissement des changements climatiques. Le Japon a quant à lui pressé le gouvernement de réintégrer l'application du protocole. Le ministre de l'Environnement du Canada, Peter Kent, y allait à l'époque avec la remarque voulant que les États-Unis et la Chine, cette dernière n'étant pas liée par le protocole, car considérée comme pays émergent, n'étaient pas partis au protocole. Donc, on sous-entendait qu'il n'y aurait aucune chance que le protocole en arrive à des résultats concrets. Autrement dit, ce que le gouvernement Harper nous disait, c'est que si le gros voisin du bas et que l'une des puissances mondiales en émergence ne s'y pliait pas, à quoi bon alors se mettre des bâtons dans les roues avec un protocole qui nous empêche de nous développer.

À quoi bon donc, de faire comme autrefois et d'être un leader qui ouvre le chemin, qui fait des efforts ? Dans le Courrier international, on nous montrait un Canada qui avait pris l'initiative, avec le gouvernement conservateur, de devenir un leader sur la scène internationale. On y montrait, dans ces quelques pages, un castor boosté aux stéroïdes et arborant fièrement une toute petite feuille d'érable sur son t-shirt. Je n'en croyais pas mes yeux! On y dépeignait un leader, ce que venait confirmer un expert de l'Université de Toronto. Pourtant, on y laissait parler aussi des gens de McGill et encore de Toronto qui, eux, prêchaient le contraire. Le Canada a perdu de la crédibilité.

Au lieu d'être un pacifiste progressiste, il est maintenant un acteur de la droite, mais internationale. Cette droite est représentée par un gouvernement qui ne veut rien savoir de toutes ces personnes qui, à l'étranger, ont commis des actes criminels. Je ne veux pas m'attarder sur la culpabilité ou non d'Omar Khadr, mais seulement sur la mauvaise gestion du dossier par le gouvernement fédéral. On a l'air d'une gang d'idiots dont le gouvernement ne veut tellement pas rapatrier son ressortissant, qu'il laisse le dossier d'un jeune homme incarcéré depuis belle lurette en territoire américain se perdre dans un parcours administratif interminable. Ça, aux yeux des autres pays, ça peut avoir l'air con. Ça, aux yeux de la population canadienne, c'est maintenant comment on traite nos propres ressortissants. Certains sont d'accord en raison du passé de M. Kadhr, d'autres parce que ce devrait être la façon de traiter tous les dossiers. Quand le Courrier international nous annonce un grand leadership dans les dossiers internationaux de la part du gouvernement Harper, c'est que le Courrier a oublié de se pencher sur cette question. Le dossier Khadr est celui du ressortissant d'un pays occidental qui a traîné le plus longtemps à Guantanamo Bay. C'est dérisoire, c'est ridicule. Voilà l'image que l'on lance aux yeux des autres pays. Pas fort fort...

Enfin, mon argument "préféré", c'est celui du vote contre la présence palestinienne à l'ONU. Non mais quelle gaffe, quelle histoire digne d'un gouvernement qui veut être le grand frère des States et qui veut être sur la même longueur d'onde. 139 pays ont voté POUR la présence palestinienne! Ce n'est même pas comme si les 9 voix, dont celle du Canada, avait été déterminantes dans la présence ou non des Palestiniens. Non. Ce n'est qu'un message, une grosse affiche que l'on colle sur le dos du Canada maintenant quand on le regarde de l'étranger. Plus fort encore, le Canada a rapatrié son envoyé spécial à l'ONU. Du jamais vu. Ça a passé un peu comme dans du beurre, bien que certains analystes sur les ondes de Radio-Canada en ont fait mention et avec raison.

Tout ce dossier, ça correspond à notre nouveau leadership international. Comme si, maintenant, être un leader international c'était se positionner dans le camp des États-Unis et de leur prolongement international. La présence palestinienne, aux yeux du Canada des conservateurs, c'est de mettre de l'huile sur le feu du processus de discussion entre Israël et la Palestine. Pour d'autres, c'est dire oui à la présence d'un peuple auquel l'ONU a fait bon nombre de promesses dans le passé et qu'à peu près aucune n'a été tenue jusqu'à maintenant. En somme, si la présence de la Palestine à l'ONU peut froisser le Canada et son groupe de 9 copains sur 148, cette dernière ne change pas grand-chose. On ne parle que d'un observateur, après tout. On a donc tenu à démontrer que l'on était contre la présence d'un peuple plus que concerné par l'ONU, que l'on ne soit même pas 10 à défendre cette même position dans le monde! Ça, c'est du leadership pour certains. Moi, je vois ça comme avoir une grosse tête dure. Comme le montrent de nombreuses images sur Internet, il est possible d'être l'ami des Israëliens et des Palestiniens, plusieurs clichés les présentant côte à côte pour revendiquer la paix! On ne pourrait donc pas vouloir protéger les intérêts d'Israël et ceux de la Palestine?

Si après tout ça, on peut encore dire que le Canada est rendu un leader enviable aux yeux des autres pays, membres ou non de l'ONU, alors je n'y comprends pas grand-chose au droit international. Pourtant, ce cours était si intéressant dans le baccalauréat en droit. Si on y comprenait bien une chose, c'était à quel point, il est ridicule qu'un organe aussi important que le Conseil de sécurité de l'ONU soit accompagné de droits de véto pour certains pays plus "importants" que les autres. Comme si un pays pouvait être plus important qu'un autre... Ça c'est un autre débat certes, mais n'y voyez-vous pas un lien, tout de même ?

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