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Contre la hausse... et contre le gel!

La question des frais de scolarité revient à l'agenda politique de manière cyclique : après un certain nombre d'années, le gouvernement se retrouve dans l'obligation de revoir le financement des études universitaires, les coûts ayant explosé. La raison derrière ceci est pourtant simple : en gelant les frais de scolarité, la part payée par l'étudiant diminue d'année en année, alors que la part du gouvernement augmente constamment considérant l'inflation qui gonfle les coûts d'environ 3 % annuellement.
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La question des frais de scolarité revient à l'agenda politique de manière cyclique : après un certain nombre d'années, le gouvernement se retrouve dans l'obligation de revoir le financement des études universitaires, les coûts ayant explosé.

La raison derrière ceci est pourtant simple : en gelant les frais de scolarité, la part payée par l'étudiant diminue d'année en année, alors que la part du gouvernement augmente constamment considérant l'inflation qui gonfle les coûts d'environ 3 % annuellement. Pour une période de 10 ans, ceci représente une augmentation d'approximativement 30 % et met une énorme pression sur les finances des universités et du ministère de l'Éducation. L'augmentation imposée par le gouvernement Charest est certes faramineuse, mais ne fait que ramener les frais de scolarité à ce qu'ils seraient aujourd'hui s'ils n'avaient pas été constamment gelés depuis le début des années 1990. En un sens, le gouvernement tente maladroitement de corriger cette situation.

D'un autre côté, les étudiants refusent qu'on augmente les droits de scolarité de la sorte. Ces frais passeront de 2 168 $ annuellement à 3 793 $ en 2016-2017. Les étudiants ont raison de protester : une augmentation aussi brusque et rapide ne fera que diminuer l'accessibilité aux études universitaires. Au même titre qu'un gouvernement peut augmenter les taxes sur le tabac et le prix de l'électricité dans le but de diminuer la consommation, une augmentation des droits de scolarité découragera plusieurs jeunes à poursuivre leurs études, certains chercheurs anticipant une diminution de 7 000 étudiants annuellement. De plus, l'argument du gouvernement voulant que les étudiants doivent faire leur part en investissant dans des études qui leur seront financièrement profitables est plutôt faible puisque les diplômes n'ont pas tous la même valeur, certains menant à des emplois peu rentables, ce qui en découragera plusieurs à investir trois ans et plus de 15 000 $ dans un baccalauréat. Certains diplômes, tels les D.E.P., mènent parfois à des emplois mieux rémunérés que certains diplômes universitaires, bien que les étudiants n'y aient investi qu'une fraction du coût et du temps. Malgré l'inégalité de leur rentabilité sur le marché de l'emploi, tous les diplômes contribuent à diversifier et à renforcer notre économie tout en étant d'une grande richesse pour notre nation.

La problématique est donc la suivante : comment peut-on aller chercher des ressources supplémentaires sans une augmentation des taxes et des impôts? Le gouvernement devrait commencer par faire preuve d'une plus grande rigueur budgétaire. L'achat de tableaux « intelligents », au coût de 250 millions de dollars, était une dépense démesurée que la majorité des Québécois, incluant les enseignants, jugent inutile. De plus, comme nous le constatons avec les salaires faramineux que reçoivent certains recteurs, les universités ont les moyens de réduire leurs dépenses. L'augmentation des frais est également douteuse au niveau des effets souhaités : tel que l'IRIS l'a récemment démontré, en considérant la bonification du régime des prêts et bourses (qui totalisera maintenant près d'un milliard de dollars, sans compter la bureaucratie derrière ce programme), l'augmentation des frais de scolarité ne rapportera qu'environ 150 millions supplémentaires lors de l'année budgétaire 2016-2017.

L'autre argument du gouvernement pour justifier une hausse des investissements en éducation est de donner plus de moyens aux universités afin qu'elles embauchent de meilleurs professeurs, permettant ainsi d'offrir un meilleur enseignement aux étudiants. Là encore, l'argument est douteux puisque les universités cherchent généralement à embaucher de bons chercheurs bien avant d'embaucher de bons pédagogues. Les bons chercheurs attirent les bons étudiants dans les laboratoires qui eux-mêmes carburent à la productivité d'étudiants. Cette recherche, bon marché pour les universités, augmente la renommée de l'université et lui apporte plus d'étudiants étrangers. Bref, si tout ceci profite davantage aux universités qu'aux étudiants, pourquoi faire payer ces derniers?

Malgré tout ce débat, un autre problème demeure sans solution : les contribuables investissent dans l'éducation des jeunes Québécois en espérant que ces placements rapportent à l'ensemble de la société, pourtant de nombreux étudiants quittent le Québec dès la réception de leur diplôme universitaire. Par exemple, près de la moitié des diplômés québécois de médecine à l'université McGill quittent la province afin de recevoir un meilleur salaire à l'étranger, bien que les contribuables québécois aient payé pour ce diplôme valant de 150 000 à 250 000 dollars. Trouver un mécanisme de remboursement pour nos diplômés décidant de quitter le Québec serait une étape nécessaire avant même d'envisager une augmentation aussi importante des frais de scolarité. Le gouvernement du Québec doit revenir sur sa décision et être à l'écoute de la population afin de trouver une solution durable. Finalement, à moins d'en arriver à la gratuité, il serait préférable d'augmenter les frais de scolarité au rythme de l'inflation plutôt que de faire face au même problème de manière récurrente.

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