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Le Jean du titre (Denis Gravereaux, un comédien remarquable au sujet de qui on se demande ce qu'il allait faire dans cette galère) est un monsieur âgé et lourdement handicapé qui a décidé d'en finir avec le calvaire de souffrances que constitue maintenant sa vie. Sa famille lui a préparé une fête dans le jardin par un bel après-midi d'été et le tout est prétexte à une série de monologues et de déballage de secrets intimes, de traumatismes affectifs ou de blessures narcissiques affectant la femme, les enfants et petits-enfants de Jean.
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Oh boy! Disons qu'il y a quelques problèmes avec cette production du Théâtre de l'instant, des problèmes avec le texte, les comédiens et la mise en scène. Je crois qu'ici, les bons sentiments ont pris le pas sur la créativité et le résultat ressemble à ce qu'une bande d'ados du secondaire pourrait nous donner sur scène dans le cadre d'un cours de théâtre - précisons qu'il s'agirait d'une bande d'ados pas trop doués. Je peux sembler sévère, mais La fête à Jean est vraiment d'un amateurisme consternant. Va pour l'absence de moyens matériels; ce n'est pas grave lorsque la parcimonie des décors ou la sobriété de la mise en scène sont compensées par la fougue et la brillance des comédiens mais ici, hélas, il y a également une cruelle pénurie de talent. On peut faire du théâtre avec trois fois rien, mais on ne peut pas se priver d'un texte significatif et d'une interprétation valable.

Le Jean du titre (Denis Gravereaux, un comédien remarquable au sujet de qui on se demande ce qu'il allait faire dans cette galère) est un monsieur âgé et lourdement handicapé qui a décidé d'en finir avec le calvaire de souffrances que constitue maintenant sa vie. Sa famille lui a préparé une fête dans le jardin par un bel après-midi d'été et le tout est prétexte à une série de monologues et de déballage de secrets intimes, de traumatismes affectifs ou de blessures narcissiques affectant la femme, les enfants et petits-enfants de Jean. Je crois que le but de l'exercice était de susciter ma pitié ou de m'arracher des larmes. Mais je me suis surprise à souhaiter qu'un terrible châtiment s'abatte sur ces comédiens qui débitaient comme des automates un texte d'où ne surgissait aucune émotion.

La famille est un terreau riche pour la créativité et qu'on y revient toujours comme source d'inspiration depuis que le monde est monde. Ajoutez à cela un thème comme le suicide assisté et vous avez de quoi raconter une sacrée bonne histoire. Mais dans La fête à Jean Pier-Luc Lasalle ne transcende rien, il nous livre un matériau brut, d'ailleurs inspiré par des deuils vécus, mais en état de stagnation. Il n'y a aucune profondeur dans l'approche, tout demeure au niveau de l'anecdote, du fait divers banal même lorsqu'on parle de tragédie.

Les comédiens, en plus d'être affreux dans la livraison du texte, souffrent à peu près tous d'un mauvais casting : ils sont trop jeunes pour être vraisemblables dans les rôles de parents ou alors complètement ineptes dans le rôle qu'on leur demande d'interpréter. J'inclus Nathalie Gascon là-dedans qui ne joue que dans un seul registre et qui semble incapable d'interagir avec les autres. D'ailleurs je crois qu'il y a une sérieuse absence de communication sur cette scène. Tout le monde semble être là uniquement pour soi-même, il n'y a pas de jeu d'ensemble ce qui cause un décalage contribuant à l'impression de déséquilibre général.

Je crois que le problème principal réside dans l'absence flagrante de mise en scène et de direction de comédiens. André-Marie Coudou ne semble ressentir aucune connivence avec cette histoire et aucune sympathie pour ses protagonistes. Il utilise à plusieurs reprises ce que j'appelle du remplissage, des moments assez longs où il n'y a que de la musique et où les comédiens plus ou moins désoeuvrés font semblant de n'importe quoi sur scène. Il y a également un passage où quelqu'un chante une chanson de Félix Leclerc, et la fin où les comédiens, face au public, se livrent en silence à des exercices d'une nature obscure (néo-yoga? super-taï chi?) qui m'ont laissé plus que perplexe. Je questionne aussi la présence des musiciens qui me sont apparus totalement inutiles.

Les thèmes abordés par le texte ne manquent pas d'intérêt et une mise en scène adéquate et inventive aurait pu lui permettre de trouver son rythme et sa respiration. Et tant qu'à y être, on pourrait souhaiter aussi des comédiens capables de sentir et de rendre le texte de façon adéquate. Dans l'état actuel des choses, et c'est bien dommage, le résultat est lamentable.

La fête à Jean est présentée par le Théâtre de l'instant à la Salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier jusqu'au 26 janvier 2013.

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