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Avant d’aller très mal, on commence par aller un peu mal

Chaque jour, des milliers de personnes vont chercher de l’aide, apprivoisent leur détresse, la contrôlent et font un pas de plus vers le prochain poste de ravitaillement. Vous le pouvez aussi.
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Dites à vos proches qu’ils sont importants et que vous êtes disponibles.
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Dites à vos proches qu’ils sont importants et que vous êtes disponibles.

En cette 15e journée mondiale de la prévention du suicide, je lève mon chapeau au réseau québécois de centres de prévention du suicide et surtout, aux gens qui y travaillent.

En 2009, alors que j'entreprenais une première initiative pour la prévention du suicide, j'ai attiré à moi de nombreux témoignages. C'est la constatation du nombre de personnes touchées par la perte d'un proche et gardant cela sous silence qui m'a motivé à lancer Courir pour la vie. C'est le rêve d'une société qui réagit face à la gravité de la situation qui motive mes actions depuis.

Il y a maintenant, bon an, mal an, environ le double de décès par suicide qu'à la suite d'un accident de la route.

Depuis les années 80, la société québécoise s'est attaquée à la sécurité routière, réduisant de façon très significative le nombre de morts sur les routes du Québec, et ce, malgré le nombre grandissant de véhicules. Des sommes importantes ont été investies et nous avons collectivement obtenu des résultats. Il y a maintenant, bon an, mal an, environ le double de décès par suicide qu'à la suite d'un accident de la route. Depuis que je suis adulte (30 ans), plus de 30 000 Québécois se sont suicidés. C'est une perte inestimable pour notre société et que dire pour les proches qui vivent ce drame.

Je crois fermement qu'il est possible par une action citoyenne et par la mobilisation des différents acteurs des scènes publique et privée, de réussir, comme nous avons réussi avec la sécurité routière, à sauver chaque année plus de vies et à en être fière comme société.

Nous avons au Québec, un réseau de centres de prévention du suicide qui fait un travail extraordinaire. Au fil des années, ils ont développé une expertise pointue et des programmes de prévention qui ont fait leurs preuves. De plus en plus de gens, pour eux-mêmes ou pour un proche, se tournent vers ces ressources. La pression sur les centres de prévention est énorme et chaque jour, avec passion, les acteurs de ce réseau poursuivent leur œuvre. J'ai beaucoup de respect pour ces femmes et ces hommes. C'est primordial que cet outil que la société québécoise a bâti reçoive un financement adéquat et qu'il puisse continuer de croître et d'appuyer la population.

Le mouvement auquel je rêve est-il commencé? Je l'espère.

Dans les dernières années, les tabous à propos de la santé mentale (ou psychologique, ça fait moins peur !) tombent tranquillement. De plus en plus de personnalités publiques parlent ouvertement de leur santé psychologique et contribuent à faire changer les choses. Sur les sites d'arrivée de course à pied où je suis régulièrement avec le kiosque de Courir pour la vie, l'accueil est chaleureux et plusieurs n'hésitent pas à me parler de leur détresse et de l'aide qu'ils reçoivent ou de la perte d'un proche. Ils osent nommer les choses. Je n'ai plus, comme les premières années, de gens qui viennent me signifier que je n'ai pas ma place lors de ces événements. Le mouvement auquel je rêve est-il commencé? Je l'espère.

Et en attendant, on fait quoi?

On prend conscience de sa propre santé psychologique. Avant d'aller très mal, on commence par aller un peu mal. C'est à ce moment qu'il faut réagir. Encore faut-il en être conscient. C'est quoi aller « un peu mal » psychologiquement? Je fais quoi si je détecte que je vais un peu mal? Le problème, c'est que lorsque l'on ne va pas bien « dans la tête », c'est encore elle qui prend les décisions. Imaginer avoir une jambe cassée et que ce soit la jambe qui prenne les décisions. Elle aurait peut-être honte de ne pas avoir été forte et de s'être cassée et essayerait de garder cela sous silence.

C'est important d'avoir ces réflexions pour soi-même, d'identifier nos indicateurs (mauvais sommeil, perte de patience, ...) et de répertorier nos ressources (amis, parents, programme d'aide, ....), d'établir un plan. Un plan que l'on a établi lorsque l'on va bien nous aidera certainement à prendre de meilleures décisions dans une période difficile. Et nous en avons ou en aurons tous.

Ne jamais sous-estimer la puissance d'un sourire, d'un bonjour, d'un compliment, d'une attention.

Et face aux autres? Ne jamais sous-estimer la puissance d'un sourire, d'un bonjour, d'un compliment, d'une attention. Dites à vos proches qu'ils sont importants et que vous êtes disponibles.

En cette journée mondiale de la prévention du suicide, souriez!

Chaque jour, des milliers de personnes vont chercher de l'aide, apprivoisent leur détresse, la contrôlent et font un pas de plus vers le prochain poste de ravitaillement. Vous le pouvez aussi.

Pour soutenir activement la prévention du suicide:

> www.courirpourlavie.ca

> www.murailledechine.ca

Êtes-vous dans une situation de crise? Besoin d'aide? Si vous êtes au Canada, trouvez des références web et des lignes téléphoniques ouvertes 24h par jour dans votre province en cliquant sur ce lien.

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