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La course à la chefferie du Bloc québécois doit se tenir dès que possible.
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Le 16 janvier, dans La Presse et Le Devoir, Louis Plamondon et Xavier Barsalou-Duval, tous deux députés du Bloc Québécois, échangeaient leur vision respective de l'éventuelle course à la chefferie. Le premier préfère attendre deux ans avant qu'elle ait lieu. À l'inverse, le deuxième souhaite qu'elle le soit le plus tôt possible. Quelle option est préférable?

Comme candidat du Bloc Québécois, j'ai eu la chance de côtoyer autant M. Barsalou-Duval que M. Plamondon. Ce sont des êtres d'exception pour lesquels j'ai énormément de respect. Après avoir considéré leurs positions, je me range derrière l'opinion de M. Barsalou-Duval: la course à la chefferie doit se tenir dès que possible.

Les leçons à tirer

Au mois de juin 2014, Mario Beaulieu devenait le chef du Bloc Québécois, à la suite du départ inattendu de Daniel Paillé. Connu des indépendantistes, M. Beaulieu était cependant inconnu du grand public. À peine un an plus tard, il cède sa place à Gilles Duceppe. M. Beaulieu était conscient qu'il manquait de temps pour reconstruire le parti avant l'élection fédérale - elle fut déclenchée deux mois plus tard - et qu'un électrochoc immédiat était nécessaire. Le retour de Gilles Duceppe a eu le résultat escompté et le Bloc est redevenu une force non négligeable à Ottawa.

Ceci dit, si M. Beaulieu avait disposé d'une année supplémentaire, les choses auraient été différentes. Il aurait eu plus de temps pour préparer le Bloc et pour se faire connaître des Québécois. Gilles Duceppe n'aurait probablement pas eu besoin de revenir. Élire un chef une année avant les élections apparait donc inefficace et trop tard.

Finance et mobilisation

Comme l'indique M. Plamondon, le Bloc ne manque pas d'argent actuellement. Par contre, sans financement public les contributions des membres deviennent essentielles. Or, la fonction de chef intérimaire est provisoire et l'usage veut que celui qui l'occupe ne soit pas candidat dans la course. Ce chef temporaire ne crée donc pas d'attraction autour de lui.

Si le Bloc attend 2018 avant de lancer la course à la chefferie, le financement et le recrutement des deux prochaines années seront plus ardus que si un chef élu est en poste. Avec un nombre de membres plus restreint, chacun doit prendre plus de responsabilités. C'est à ce moment que l'essoufflement des bénévoles devient un réel risque. De plus, je doute que les membres soient actuellement «essoufflés» comme le prétend M. Plamondon, car les vacances des fêtes ont profité à tous et que la course ne sera certainement pas lancée avant le conseil général du 20 février. Cela laisse encore un mois de repos aux militants.

Égalité des chances

Le Bloc Québécois compte désormais plusieurs députés talentueux qui ont le potentiel de briguer la chefferie, mais qui doivent gagner en notoriété. Le Devoir et La Presse ont indiqué que MM. Barsalou-Duval et Beaulieu sont en réflexion. À mon avis, Marilène Gill, Simon Marcil, Gabriel Ste-Marie, pour ne nommer que ceux-là, démontrent des qualités intéressantes. Aussi, certains candidats défaits pourraient être intéressés, pensons entre autres à Catherine Fournier, Gilbert Paquette ou Denis Trudel.

Évidemment, tout cela n'est que spéculation. Une chose est certaine par contre: si la course a lieu en 2018, le court délai entre la chefferie et les élections de 2019 augmentera les chances d'un candidat connu du public qui serait vu comme un «sauveur». Un choix basé sur une vision à court terme risque de se faire au détriment de l'évaluation de la réelle compétence et du potentiel concret de chaque candidat.

Une course qui a lieu au plus tard en 2017 et sans urgence évitera cette problématique et donnera une chance équitable à tous les candidats et candidates, qu'importe leur notoriété initiale. Le meilleur exemple de cela est probablement Mme Martine Ouellet. Au début de la course à la chefferie du Parti Québécois, elle n'était pas très connue, mais elle est devenue incontournable.

Au final, la récente expérience de M. Beaulieu démontre que ce serait une erreur magistrale de laisser peu de temps au futur chef pour se préparer, pour lancer son plan d'action, pour se faire connaître de la population ainsi que pour faire du recrutement et du financement. En politique, le temps est un luxe. Si le Bloc permet à son futur chef d'en disposer d'un maximum, il augmentera très certainement ses chances lors des prochaines élections. S'il fait le choix inverse, M. Duceppe sera-t-il encore là pour sauver les meubles une deuxième fois? Poser la question c'est y répondre, alors souhaitons que le Bloc Québécois lance sa course à la chefferie dès qu'il le pourra.

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Mai 2017

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