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Trois priorités mondiales en faveur de la cause féminine

Les estimations prédisent que, parmi la population féminine actuelle, 510 millions de femmes seront maltraitées par leur partenaire au cours de leur existence. Bien d'autres statistiques donnent à réfléchir : dans les pays en développement, une femme meurt en couches toutes les 90 secondes ; les avortements sélectifs et les décès prématurés entraînent un déficit annuel de femmes et de filles d'environ 3,9 millions d'individus ; et moins de la moitié des femmes ont un emploi dans le monde, contre près des quatre cinquièmes pour les hommes. Que faire pour accélérer les progrès ? À quelques jours de la Journée internationale de la femme, voici trois axes prioritaires d'action pour la communauté internationale.
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Figures of man and woman on a blackboard, chalk drawing
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Figures of man and woman on a blackboard, chalk drawing

Même si la condition féminine à travers le monde s'est globalement améliorée au cours des dernières décennies, force est de constater que nous sommes encore bien loin du compte. Le viol abject et meurtrier dont a été récemment victime une jeune femme à Delhi, et qui a soulevé une émotion unanime, est venu nous rappeler avec horreur que le chemin à parcourir pour assurer la protection des femmes et des filles est encore long. La violence à l'encontre des femmes est tristement banale: les estimations prédisent que, parmi la population féminine actuelle, 510 millions de femmes seront maltraitées par leur partenaire au cours de leur existence.

Bien d'autres statistiques donnent à réfléchir : dans les pays en développement, une femme meurt en couches toutes les 90 secondes ; les avortements sélectifs et les décès prématurés entraînent un déficit annuel de femmes et de filles d'environ 3,9 millions d'individus ; et moins de la moitié des femmes ont un emploi dans le monde, contre près des quatre cinquièmes pour les hommes.

Que faire pour accélérer les progrès? Voici trois axes prioritaires d'action pour la communauté internationale.

  • Garantir que les femmes jouissent des libertés fondamentales qui leur sont dues. Dans plus de 100 pays du monde, la loi n'accorde toujours pas le même statut aux hommes et aux femmes. Concrètement, cela veut dire que les femmes ne sont pas en mesure d'ouvrir un compte en banque ou d'obtenir un emploi sans l'aval de leur mari et qu'elles ne peuvent pas détenir ni gérer un bien. En Tanzanie, au Maroc et au Népal par exemple, les législations sur l'héritage des enfants font une distinction entre filles et garçons. Au Chili, aux Philippines et en Côte d'Ivoire, les épouses n'ont pas le même droit de regard que leurs maris sur les biens du couple. Et au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, où les femmes ont pourtant souvent joué un rôle de premier plan dans les manifestations du Printemps arabe, certains pays envisagent aujourd'hui d'abaisser l'âge légal du mariage et de dépénaliser les mutilations génitales féminines.
  • Faire appliquer les peines d'emprisonnement pour les violeurs et ceux qui maltraitent les femmes. Si le viol constitue un crime dans les législations d'une centaine de pays dans le monde, le viol entre époux n'en relève pas dans la moitié d'entre eux et, par ailleurs, la loi est généralement peu appliquée. Comme nous l'a rappelé le drame de la jeune Indienne, les populations et les gouvernements doivent s'attaquer de concert aux racines du mal, c'est-à-dire agir pour sensibiliser l'opinion publique sur la nature et l'ampleur de l'enjeu et pour pallier à l'absence de formation et d'information dans les institutions en charge de la police et de la justice.
  • Améliorer drastiquement la représentation politique des femmes. Alors qu'à l'échelle du globe un député sur cinq seulement est une femme, il est absolument nécessaire de mettre en place des systèmes de quotas ou plus largement des mesures qui visent à améliorer la représentation et l'expression politique des femmes. Les sondages montrent que la population en général est favorable à l'idée de femmes occupant des postes haut placés. Ainsi au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, 70 % des personnes interrogées par l'institut Gallup admettent que les femmes devraient pouvoir accéder à des fonctions nationales, un pourcentage qui atteint 88 % en Afrique subsaharienne.

Le Groupe de la Banque mondiale continuera d'œuvrer activement en faveur de ces priorités. L'un des moyens à notre disposition consiste à collecter des données plus précises pour mieux mesurer les phénomènes d'inégalité et les avancées vers plus d'égalité. Nous manquons d'informations, notamment sur les revenus des femmes, les biens qu'elles détiennent et leur représentativité politique. En ce moment même, nous collectons des données dans dix pays. Nous passerons ensuite à dix autres pays et ainsi de suite. Par ailleurs, le Groupe de la Banque mondiale applique une politique du personnel qui vise la parité hommes-femmes dans les postes de direction. Nous mettons tout en œuvre pour atteindre cet objectif d'ici quatre ans.

Assurer l'égalité pour les femmes et les filles du monde entier constitue un défi immense. J'entends faire tout ce qui est en mon pouvoir pour permettre à la Banque mondiale de jouer un rôle pionnier en la matière. Vous avez des idées ou des suggestions pour que nous avancions sur ces questions ? N'hésitez pas à nous les faire connaître. L'égalité hommes-femmes est un enjeu qui doit être constamment remis à l'ordre du jour.

M. Jim Yong Kim est président du Groupe de la Banque mondiale.

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