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Pourquoi mes fausses couches m'encouragent à annoncer ma grossesse très tôt

Je ne me souviens même plus qui m'avait conseillé de garder le secret jusqu'au deuxième trimestre, «au cas où». Tout ce que je sais, c'est que j'ai toujours suivi cette recommandation à la lettre. Et puis, le «au cas où» s'est produit. Trois fois.
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Enceinte de seulement neuf semaines, j'ai déjà reçu des félicitations par douzaines.

Ce qui n'est pas dans mes habitudes.

La grossesse est loin d'être une nouveauté pour moi, mais, par le passé, mon mari et moi avons toujours décidé d'attendre un bon moment avant d'annoncer la bonne nouvelle.

Après tout, comme le dit la sagesse populaire, le risque de fausse couche reste très élevé jusqu'à la douzième semaine et personne n'a envie d'annoncer l'arrivée d'un bébé si c'est pour le perdre ensuite.

Je ne me souviens même plus qui m'avait conseillée de garder le secret jusqu'au deuxième trimestre, "au cas où". Tout ce que je sais, c'est que j'ai toujours suivi cette recommandation à la lettre.

Et puis, le "au cas où" s'est produit. Trois fois.

Puisque nous avions si scrupuleusement gardé le secret et que ces fausses couches ont eu lieu entre la sixième et la dixième semaine, personne n'a su. Sauf Phillip et moi. Pas même nos propres enfants.

J'ignore encore pourquoi j'ai cru que le principe du secret jusqu'à douze semaines me garantirait une grossesse sans incident.

J'ai donc enduré le processus physiologique exténuant de la fausse couche, ainsi que le bouleversement émotionnel qui l'accompagne, mélange de douleur, de tristesse, de frustration et de colère. Mais je l'ai fait seule.

Dans les jours et les semaines qui ont suivi, les amis de notre communauté ont continué à sourire et à papoter avec moi comme si de rien n'était. Pourquoi en aurait-il été autrement? Les parents des copains de mes enfants ont continué à se montrer aussi cordiaux qu'à l'accoutumée. La vie continuait, comme avant.

Personne ne nous a fait comprendre qu'il ou elle partageait notre peine, puisque personne n'était au courant.

J'aurais voulu en parler à quelqu'un, au moins à ma famille ou à mes amis proches, dès l'apparition des deux barres roses de mon test de grossesse. J'aurais aimé qu'une amie me demande, dans les jours sombres qui ont suivi la fausse couche, comment se passait ma grossesse afin que je puisse partager l'épreuve que je traversais avec quelqu'un.

Au lieu de quoi, j'ai refoulé mes sentiments à chaque conversation et fait de mon mieux pour donner le change.

La plupart du temps, je ne disais pas que j'étais enceinte. Il me semblait très étrange de me confier alors que j'avais aussi caché mes fausses couches.

Le fait d'avoir attendu pour annoncer ma grossesse ne m'a procuré aucun réconfort lorsque le "au cas où" s'est produit. Bien au contraire.

Il m'a fallu des années pour tourner la page et je pense que mon silence en est en grande partie responsable.

Ce n'est qu'après avoir dit la vérité à mes enfants, qui étaient alors assez grands pour comprendre, et compati, pour la première fois, avec une amie quand elle a perdu son bébé, que j'ai commencé à digérer mes émotions au lieu de me contenter de les refouler.

Pour moi, la règle des douze semaines a été un désastre. Je ne suis d'ailleurs même pas sûre qu'elle fasse du bien à quiconque.

Si l'on n'avait pas l'habitude d'attendre la fin de la période à risque pour annoncer sa grossesse, peut-être que ma première fausse couche ne m'aurait pas donné l'occasion de découvrir, de façon aussi délicieusement atroce, que le phénomène est loin d'être rare.

À l'époque, je ne connaissais tout simplement personne qui avait traversé cette épreuve, ou plutôt personne qui en avait parlé.

C'est la récente libération de la parole sur Internet à ce sujet qui m'encourage aujourd'hui à tomber le masque. J'espère que les stigmates vont s'estomper. Les femmes sont libres de ne pas évoquer leur fausse couche, sauf si elles ont le sentiment qu'elles n'ont pas le droit d'en parler.

J'espère qu'avec ce témoignage, d'autres femmes ayant perdu un bébé au cours du premier trimestre s'apercevront qu'elles ne sont pas seules. J'espère qu'elles sont déjà entourées d'amis et de proches qui ont vécu le même traumatisme, pour qu'elles ne soient les premières à aborder le sujet en quête d'un peu de réconfort.

Alors, j'annonce très tôt l'arrivée prochaine de notre bébé, non pas en dépit du risque de fausse couche, mais à cause de lui.

La règle des douze semaines a fonctionné lors de mes grossesses menées à terme. Quant à celles qui n'ont pas abouti, j'aurais aimé pouvoir en parler plus tôt.

Cet article initialement publié sur le Huffington Post États-Unis a été traduit de l'anglais.

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