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Marius et Fanny: la nostalgie au goût du jour

etsont les deux premiers films d'une trilogie inspirée des pièces de Marcel Pagnol et ici, réalisés par l'acteur Daniel Auteuil. Ceux-ci ont d'abord été présentés au festival Cinémania en novembre à Montréal et le seront sur grand écran au Québec à la mi-décembre.
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Marius et Fanny sont les deux premiers films d'une trilogie inspirée des pièces de Marcel Pagnol et ici, réalisés par l'acteur Daniel Auteuil. Ceux-ci ont d'abord été présentés au festival Cinémania en novembre à Montréal et le seront sur grand écran au Québec à la mi-décembre.

L'action se déroule principalement à Marseille à la fin des années '20 au bar de la Marine où travaillent César (Daniel Auteuil), le propriétaire, et son fils Marius (Raphael Personnaz). Ce dernier rêve de prendre le large et de travailler sur les mers, mais l'éventuelle réaction négative de son père et l'amour qu'il éprouve envers Fanny (Victoire Belezy) le font sans cesse tergiverser. Il décide finalement de partir, presque incognito, pour cinq ans et laisse derrière lui un père endeuillé et une petite amie enceinte. Mais la vie suit son cours et lors du retour de l'enfant prodigue, bien des choses auront changé... Marius et Fanny sont deux films poignants. La mise en scène, on ne peut plus classique, nous fait redécouvrir l'œuvre du grand Pagnol et nous remémore les films éponymes réalisés dans ces mêmes années. La trame narrative qui est, somme toute, fort simple, demeure néanmoins universelle et intemporelle et en a sûrement inspiré plusieurs.

Diptyque ou trilogie?

L'un des premiers plans de Marius donne le ton concernant les intrigues à venir : on voit Marius, seul dans le bar de son père, regarder le port et la mer à travers une fenêtre à barreaux (image ci-haut). Ce jeune homme est, en quelque sorte, captif de la vie que son père a imaginé pour lui. César ne s'est jamais trop posé de questions et, comme la plupart des familles de cette ville côtière, les enfants prennent éventuellement la relève dans les fonctions qu'occupent leurs parents. Les semaines et les années passent, et l'appel de la mer se fait de plus en plus vif. Les sentiments qu'éprouve Marius à l'égard de Fanny viennent compliquer les choses encore plus. Amis depuis l'enfance, cette dernière s'est fait demander en mariage par Mr Panisse (Jean-Pierre Darroussin), un maître voilier d'un certain âge à la tête d'une petite fortune personnelle. À cette nouvelle, Marius laisse éclater sa jalousie, prouvant, par le fait même, qu'il est amoureux. Lorsqu'un marin vient lui annoncer qu'il y a une place de libre pour le prochain voyage de cinq ans à bord d'un bateau, Marius, bien que déchiré, décide de sauter dans l'aventure, et ce, avec l'aval de Fanny qui préfère le voir au large heureux plutôt que sur terre, rempli de remords.

Fanny débute tout juste après ce départ impromptu. Les proches du jeune homme sont tous sous le choc de son départ, d'autant plus que ses lettres se font très rares. Pendant ce temps, Fanny découvre qu'elle est enceinte et sous la pression de sa mère Honorine (Marie-Anne Chazel), elle accepte d'épouser Panisse, lequel jouera le jeu et acceptera de prétendre qu'il est le père du garçonnet qui naît quelques mois plus tard. Lorsque leur vie commence à se stabiliser, c'est Marius qui revient à l'improviste et qui demande à tout ce beau monde que tout redevienne comme avant : il veut Fanny et son fils.

Bien qu'il s'agisse d'une trilogie, les deux films sont fortement dépendants l'un de l'autre et doivent être regardés dans un espace-temps rapproché . D'ailleurs, le second opus s'ouvre sur la scène suivant le départ de Marius. Le premier film sert à mettre la table et on connaît un peu mieux les principaux habitants du village, tous sympathiques (même Panisse) avec leurs défauts et leurs qualités. C'est surtout la relation entre César et son fils qui nous touche et on se désole que Marius n'ait même pas le courage de lui parler de ses rêves. Dans Fanny, on tombe rapidement dans le mélodrame. Les personnages principaux doivent faire des choix douloureux qui pourraient changer le restant de leur existence. Les rôles changent aussi puisqu'on n'est plus autant attaché à Marius, lui qui a eu le cran de poursuivre un rêve, mais qui a, en même temps, déçu tout le monde. Encore une fois, le film s'achève sur une scène qui pose plus de questions qu'elle n'en répond et on attend César< avec impatience.

Pourquoi un remake?

En France, c'est la question que plusieurs critiques se sont posée à l'annonce de la production de la trilogie. Les trois films, qui ont été présentés sur les écrans entre 1931 et 1936, comptent parmi les plus grands classiques français de l'époque et les acteurs qui ont interprété les rôles principaux (Raimu, Pierre Fresnay et Orane Demazis) sont inoubliables. En complémentarité, le remake vient donner une deuxième vie à l'œuvre de Pagnol, davantage susceptible d'intéresser les plus jeunes. Et on s'entend : Daniel Auteuil est un des grands acteurs de sa génération et quant à Raphael Personnaz et Victoire Belezy, ils réussissent haut la main le défi qui leur a été donné.

Qu'on soit en 2013 ou en 1931, l'histoire nous touche toujours autant et, bien que le contexte ait changé (l'honneur d'une femme qui est mise en jeu, le fait qu'elle soit enceinte et sans conjoint; tout cela ne revêt plus le même degré de gravité de nos jours), il y a dans Marius et Fanny une innocence et une force dans le scénario qui ne peut laisser quiconque insensible. On ne peut reprocher grand-chose à la mise en scène : dans presque chaque scène, on voit en arrière-plan la mer, ce paysage magnifique nous rappelle sans cesse l'obsession de Marius du temps où il se morfondait derrière son bar et, plus tard, qui nous rappelle son absence, ce qui angoisse tout son entourage. Sinon, les costumes et les lieux nous plongent dans une époque bien révolue, digne des grands chefs-d'œuvre comme Et Dieu créa la femme, Jean de Florette et

Grâce à Daniel Auteuil, renaissent sur les écrans Marius, Fanny et éventuellement César pour le plus grand plaisir des amoureux de l'œuvre de Marcel Pagnol. Pour ceux qui n'ont jamais lu les livres ou vu la pièce, c'est un vrai plaisir de découvrir ce huis clos. Avec un peu de recul, on est étonné de la ressemblance entre la trilogie et Les Parapluies de Cherbourg (1964), un autre grand classique du cinéma français.

Ce film met en scène le couple formé de Geneviève et Guy qui doit se séparer quand ce dernier est appelé à aller combattre en Algérie, laissant, sans le savoir, sa douce moitié enceinte. Tout comme Fanny, elle n'a pas la patience de l'attendre et épouse un autre homme, aimable tout au plus, qui lui assure une sécurité financière. Le film se termine quelques années plus tard alors que Guy et Geneviève se retrouvent par hasard un soir d'hiver. Espérons que César nous laissera sur une fin tout aussi poignante, mais un peu moins larmoyante!

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