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Je me demande surtout, ces jours-ci, si Jean-François Lisée est conscient de préparer lui-même la course à sa propre succession...
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La Presse canadienne

J'ai toujours été un grand supporteur du Parti québécois. Parce qu'il n'y avait pas vraiment d'autres choix, certes, mais également par principe. Depuis quelques années, toutefois, le parti a bien changé. Il n'a plus rien en commun avec le PQ de Parizeau ou de Bouchard. Il est à des années-lumière de ce qu'avait imaginé Lévesque. Il n'a rien d'inspirant. Il ne propose rien de nouveau. En un mot comme en cent, il n'a plus le moindre sex-appeal, depuis un sacré moment...

Je pensais vraiment, à l'époque de Pauline Marois, qu'on ne pouvait guère tomber plus bas. Que nous venions de toucher le fond, et qu'à défaut d'autre chose, ça nous permettrait de prendre pied et d'au moins nous offrir une prise pour remonter.

Au lieu de quoi, ils ont trouvé une pelle et se sont mis à creuser.

À l'arrivée de Péladeau, j'ai au moins rigolé. L'idée d'un chef sans la moindre expérience politique était amusante, mais une grande part des membres du parti se ralliait derrière lui, et c'était déjà ça. J'ai pensé qu'en tant que chef d'entreprise, il saurait se bâtir une équipe pour le supporter, malgré des erreurs d'amateur parfois gênantes. De plus, j'ai travaillé un moment chez Quebecor et j'avais trouvé le bonhomme plutôt sympa, alors je lui souhaitais le meilleur, encore une fois parce que les choix étaient limités, et ridicules.

Je ne suis pas la presse à potins, et n'écoute pas vraiment la télé. J'ignore donc ce qui s'est passé avec son ex, et je m'en fous éperdument. Le résultat seul comptait. Avant même d'avoir fini de décorer son bureau, il était reparti. Et avec elle l'unité toute nouvelle du parti.

De là, les choses se sont mises à se barrer en couilles. Grave.

Au début de la dernière course à la chefferie, entachée par les coups bas, les remarques racistes à peine voilées, l'hypocrisie, les ennuis de santé d'une candidate, et les pleurnicheries d'une autre, je ne pouvais qu'espérer que Jean-François Lisée soit élu. Il n'y avait guère que lui qui paraissait avoir ce qu'il fallait, même si je me doutais que sa personnalité ne passerait jamais auprès de la population. Il avait, après tout, été le conseiller de nombreux politiciens, et ne pouvait qu'avoir appris à leur contact. L'illusion a pris fin lorsqu'il s'est mis à parler, dix minutes plus tard...

Parce que s'il est difficile de faire consensus avec une personnalité à laquelle la population ne s'identifie pas, c'est pire encore lorsque tu tournes le dos à qui tu es vraiment. Pire, lorsque tu tentes de jouer la comédie pour te faire passer pour Monsieur Tout-le-Monde. Pire, quand tu fais semblant de sacrer en te disant qu'on va te trouver plus cool, ou que tu fais des gags foireux en t'imaginant être drôle.

Pire, quand tu courtises un parti qui pourrait entrer dans un minibus, qui ne peut rien t'apporter, sans faire d'ententes en privé d'abord, et qu'on te ridiculise sur la place publique. Pire, quand ton parti descend, et descend encore dans les sondages, malgré tes efforts, au point de bien faire paraître un politicien aussi risible que Legault, et un des pires premiers ministres de l'histoire du Québec.

J'ai fini par ressentir plus de pitié que d'agacement pour Lisée, au fil des mois.

J'ai fini par ressentir plus de pitié que d'agacement pour Lisée, au fil des mois. Parce que je suis sûr qu'il travaille comme un fou pour sortir un parti qu'il a fait descendre dans le trou. Je suis persuadé qu'il veut, comme personne, voir s'élever le PQ. Du diable, si je parviens à voir comment il compte y réussir, parce que ces jours-ci, sa solution semble être de vouloir s'effacer,à et de mettre en vedette des restes réchauffés.

Car clairement, la solution à l'immobilisme du parti était de prendre comme «conseiller spécial» quelqu'un qui l'a abandonné pour fonder son propre parti. Parti qui, désormais, peut également entrer dans le minibus de Québec Solitaire, car il y restait de la place... La solution aux débâcles de Lisée et du PQ tient assurément à placer à ses côtés une femme qui aurait pu le battre et prendre la tête du parti, si la maladie ne l'en avait pas empêché, et si les médias lui avaient donné le quart de l'attention qu'ils accordaient à Lisée et Cloutier. Une femme qui se débrouille d'ailleurs bien mieux que son chef avec ces mêmes médias... Est-ce que Lisée croit réellement que la solution consiste à courtiser PKP, pour qu'il revienne à ses côtés, et détourne l'attention du fait que le courant ne passe simplement pas entre le PQ et la population, depuis qu'il en a pris la tête?

Est-ce que ces restes pourraient le sauver? J'en doute, mais ce n'est pas tout à fait impossible. Puisque la plupart des électeurs ne se sont jamais donné la peine d'aller écouter un discours politique ou de lire une plateforme de parti, il est permis de rêver... Les restes qui trainent dans le réfrigérateur ne sont peut-être pas tentants, mais en étant trop paresseux pour préparer autre chose, et en ayant assez faim, ma foi...

On est toutefois loin de l'inspiration. Loin de la passion. Loin du changement. Et surtout, comme le disait l'autre, il y a loin de la coupe aux lèvres...

Je me demande surtout, ces jours-ci, si Jean-François Lisée est conscient de préparer lui-même la course à sa propre succession...

Jacques Chagnon, député libéral

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