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Les courses à la chefferie ne manqueront pas au cours des prochains mois au pays. Les paris sont ouverts! Il apparaît clair que le choix des prochains chefs de cinq formations politiques d'importance changera la donne sur le plan national.
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«Une image vaut mille mots» dit-on! Le geste audacieux, voire impétueux d'un Justin Trudeau se retrouvera sans doute dans les annales de la Chambre des communes du Canada. Le jeune «PM», impatient devant la lenteur à passer au vote, qui n'avait pourtant qu'une trentaine de secondes de retard le mercredi 21 mai dernier, bondit de son siège pour empoigner le bras du whip des conservateurs afin de le ramener à sa place.

Malheureusement, son coude accrocha maladroitement au passage la députée néo-démocrate Ruth Ellen Brosseau qui n'a pas manqué de mélodramatiser le geste. Et voilà l'honorable enceinte politique dans tous ses états, déclenchant hystériquement un flot de déclarations intempestives venant de tous côtés, suivi d'une avalanche de commentaires de tout acabit sur les réseaux médiatiques à l'échelle planétaire. Un autre Trudeau sortit de l'ombre!

Attitude étonnante certes d'un premier ministre qui, depuis son arrivée au pouvoir il y a sept mois, semble gérer davantage par la gentillesse et la séduction que par l'arrogance et l'intransigeance. Surfant toujours sur une popularité inédite sur les plans national et international, Justin Trudeau avec plus de 54% de popularité au pays, plane sur une confortable lune de miel. Rien ne semble ternir son image de star hollywoodienne. Toute cette popularité, pour ne pas dire cette adulation, ne risque-t-elle pas de monter à la tête de notre «PM» accro des selfies? Tout n'est pas permis quand même sous le signe de la popularité ou de l'idolâtrie.

Cependant, il y a de quoi épiloguer sur ce gouvernement libéral majoritaire, quasi invincible, qui semble vouloir imposer son rythme, voire une cadence précipitée, sur certains dossiers chauds au grand dam des partis d'opposition. Du coude, il s'en jouera dans les prochains jours et mois avec les dossiers de l'aide médicale à mourir, des alambiqués projets d'oléoducs pétroliers Énergie-Est et Keystone, des répercussions imprévisibles de la vente controversée de blindés légers canadiens à l'Arabie saoudite, de la légalisation de la marijuana et j'en passe.

Des leaders politiques, pas facile de trouver la personne-clé, celle qui rassemble, qui fascine et qui inspire. Jamais dans l'histoire récente du pays, avons- nous vu autant de partis politiques à la recherche d'un leader, d'un chef capable de les mener à la victoire. D'ici deux ans, le paysage politique canadien risque de changer radicalement. Du jamais vu! Imaginés, cinq partis politiques d'envergure se cherchent un grand leader! C'est le cas des conservateurs, toujours amers de leur récente défaite malgré leurs 99 députés et leurs dix ans de pouvoir. L'austère Stephen Harper, qui vient tout juste d'annoncer son départ, aura tout de même réussi à unifier cette droite politique démobilisée, à la maintenir solide et vivante au pays. Le récent congrès des 2 500 délégués le démontrait éloquemment en fin de semaine dernière à Vancouver. Les prétendants à chefferie, connus à ce jour, y ont sans doute fait le plein d'appuis tout en affinant leurs stratégies et possiblement leurs armes. Qui sera le prochain leader conservateur? Le sympathique et populaire Bernard Lord se laisse désirer, plongera-t-il pour faire ombrage aux Bernier, Chong, Leitch?

Pour leur part, les néo-démocrates, pourtant si proches du pouvoir en 2015 et si largement décimés lors des dernières élections fédérales, ont montré clairement la porte à leur leader Thomas Mulcair le 10 avril dernier. Événement dramatique! Ce denier, considéré comme l'un des meilleurs parlementaires en chambre, n'a pas su mener ses troupes à la tête du pays. La politique, c'est plein de rebondissements imprévisibles. En fait, un chef qui ne mène pas à la victoire n'augure rien de bon pour un parti ambitieux. Là aussi un leader est attendu dans cette formation politique de gauche qui s'était logée davantage au centre sous la houlette de Mulcair sans se démarquer réellement des libéraux. Les résultats électoraux furent désastreux. Qui saura rallier les forces vives de ce parti désireux de retrouver ses racines fondatrices?

Le Bloc québécois, qui a regagné un peu de poids politique en chambre avec ses 10 députés élus, peine toujours à se faire reconnaître, à renaître en force. En mode survie, ce dernier cherche désespérément un sauveur. Pas facile de trouver un leader de la trempe de Gilles Duceppe qui a mené ce parti avec rigueur et pertinence pendant quatorze ans. Le Bloc, qui a toutefois mal vieilli, un peu à bout de souffle et à la recherche d'idées innovatrices, semble relégué aux oubliettes à la Chambre des communes. Porte-étendard du grand rêve québécois, le Bloc attend sans doute qu'un souffle nouveau soulève la fièvre souverainiste chez son pendant québécois. Les prétendants ne sont pas légion à la tête de ce parti qui fut pourtant une voix incontournable du Québec à Ottawa. Il fut même l'Opposition officielle pendant quatre ans. Lors des six élections fédérales de 1993 à 2011, le Bloc québécois a toujours remporté la majorité des 75 sièges impartis au Québec. Étonnant tout de même!

La démission inattendue de Pierre-Karl Péladeau à la tête du Parti québécois le 2 mai dernier produisit une onde de choc au pays. L'homme fort, magnat de l'empire Quebecor, baisse les bras et renonce au combat politique de sa vie. Bouleversement total dans l'agenda de ce parti en pleine reconstruction depuis la défaite crève-cœur de 2014 sous le leadership de Pauline Marois. Qui saura redonner les lettres de noblesse à ce parti fondé par le mythique René Levesque? Le mouvement politique nationaliste s'est malheureusement quelque peu divisé en diverses formations minimisant ainsi son impact réel. Le défi de la convergence des partis souverainistes reste majeur en ce qui concerne la prise du pouvoir politique et l'enclenchement du processus d'indépendance. Les Cloutier, Yvon, Lisée, Ouellet, déjà entrés dans la course, sauront-ils inspirer les électeurs, mobiliser les chercheurs d'identité nationale dans ce coin de pays en pleine mutation sociale? Il faudra en jouer du coude d'ici le congrès national qui élira le nouveau chef à l'automne prochain. Le PQ est-il en quête d'un nouveau Lévesque, Trudeau même? Bien des débats en perspective!

Nous le savons fort bien, la vie politique n'est pas un fleuve tranquille. Que de rebondissements dans ce monde mouvementé et combinard de la politicaillerie québécoise et canadienne. Les courses à la chefferie ne manqueront pas au cours des prochains mois au pays. Les paris sont ouverts! Il apparaît clair que le choix des prochains chefs de cinq formations politiques d'importance changera la donne sur le plan national.

Nous sommes à l'ère des héros, des idoles. Qu'on le veuille ou non, outre la compétence, l'image du chef est primordiale. L'arrivée d'un Justin Trudeau à la tête du pays est un exemple patent. Le leader, c'est l'image du parti, du pays, de ce que nous rêvons un peu quoi! C'est Napoléon Bonaparte qui disait qu'un «leader est un vendeur d'espoir». L'ex-Première dame des États-Unis et militante des droits de l'homme, Rosalynn Carter, rappelait en conférence qu' « un grand leader n'amène pas forcément les gens où ils veulent aller, mais où il faut qu'ils soient.» J'ajoute coude que coude, en vue des cinq courses à la chefferie qui s'amorcent au pays!

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