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Le Québec face au défi robotique

La robotique est en train de transformer l'entreprise manufacturière. Le résultat sera un bond de productivité spectaculaire, mais pas pour tout le monde, car comme dans toutes les révolutions, il y aura des perdants.
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Mainte fois annoncée, l'arrivée des robots est en cours, et cette arrivée n'est pas spectaculaire. Pas de robots androïdes entrant au pas cadencé dans l'entreprise, mais plutôt l'infiltration d'une série de systèmes programmables et de procédés automatisés. La robotique est en train de transformer l'entreprise manufacturière tout comme les technologies de l'information et des communications (TIC) avaient fait exploser le bureau dans les années 1990-2000. Le résultat sera un bond de productivité spectaculaire, mais pas pour tout le monde, car comme dans toutes les révolutions, il y aura des perdants.

Le retard du Québec

Le hic est que le Québec est pour le moment du côté des laissés pour compte. Une étude récemment publiée par Deloitte sous le titre L'ère des perturbations : les entreprises canadiennes sont-elles prêtes? montre que 13% seulement des entreprises sont prêtes pour les changements technologiques en cours. Ainsi, une entreprise canadienne sur trois investit moins que la moyenne de son secteur dans l'innovation et l'amélioration de la productivité.

Le plus inquiétant est que les dirigeants de ces entreprises ne sont pas conscients de leur situation : 68% d'entre eux estiment qu'ils sont bien placés pour affronter les changements. Cette divergence entre la réalité et les perceptions est d'autant plus criante dans l'industrie manufacturière qui connaît un long déclin. Ainsi, la part du secteur manufacturier québécois dans le produit intérieur brut (PIB), est passée de 23,6 % à 14 % entre 2000 et 2010, soit une chute de plus du tiers (Le point sur le Québec manufacturier : des solutions pour l'avenir, Deloitte, 2012, 203 pages. Cf. p. 62.)

Dans sa dernière interview au début de l'année, l'ancien premier ministre Jacques Parizeau, posait pourtant un diagnostic lucide : « On constate, par exemple, que la plupart des PME au Québec sont en retard sur le plan de l'informatique, l'introduction de la robotique par rapport aux États-Unis, par rapport à nos concurrents. L'Ontario, à cet égard, commence à avoir le même problème que nous. »

Nombreuses sont les entreprises qui ont délocalisé leurs activités en tout ou en partie dans des pays à faible coût de main-d'œuvre, principalement en Chine. Or, cet exode n'a rien d'irrémédiable. Les États-Unis ont déjà réagi et mis en place une stratégie de fabrication avancée basée sur l'automatisation de l'outil de production ouvrant l'ère de la relocalisation (reshoring).

Le Boston Consulting Group calcule que 2015 est l'année charnière où la différence entre les coûts de production en Chine et aux États-Unis atteint 10%. Si on tient compte des frais de transport et de gestion à distance, il revient moins cher de produire aux États-Unis qu'en Chine. La raison est que les salaires chinois ont augmenté rapidement et, qu'en contrepartie, la productivité américaine est dopée par l'automatisation rapide de l'outil industriel.

Aux États-Unis, des entreprises ont commencé à rapatrier leurs activités. Mais au Canada et, particulièrement au Québec, le mouvement tarde à se faire sentir. Le secteur manufacturier québécois investit traditionnellement peu dans l'automatisation. La faiblesse de l'industrie automobile explique en grande partie cette situation - on sait que cette industrie a été la première à s'automatiser à grande échelle. Ce faisant, elle a contribué à répandre la culture de l'automatisation dans le secteur manufacturier en entier.

Le gouvernement a un rôle à jouer

Il existe bien au Québec un Regroupement des équipementiers en automatisation industrielle (REAI) qui milite depuis une dizaine d'années pour favoriser le développement d'une culture de l'automatisation dans le secteur manufacturier. Son objectif, selon les mots de son ancien président, Donald Turcotte, « est de rapatrier au Québec les entreprises qui ont été délocalisées au cours des 20 dernières années et d'améliorer la compétitivité du secteur manufacturier québécois par son automatisation intensive. »

Un tel retournement de la situation a besoin du soutien gouvernemental pour avoir une chance de succès. Jacques Parizeau allait même jusqu'à préconiser un « remède de cheval. Il faut s'adresser aux PME avec deux accents : un, la modernisation, et puis deux, l'innovation. Trouver de nouvelles choses. » Et de préciser : « Il est évident que le gouvernement peut payer les études nécessaires pour (...) introduire les techniques d'automatisation les plus développées dans des entreprises moyennes. Il y a toutes sortes de moyens, sans que ce soient des subventions où on jette de l'argent par les fenêtres. Au contraire! Et si on le fait, il ne faut pas le faire pour 10 ou 30 entreprises, il faut le faire pour 1000 entreprises, il faut le faire pour 1500 entreprises! »

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