L'écrasement en mer d'un avion de la compagnie Lion Air, la semaine dernière en Indonésie, aura été sans conséquences fâcheuses en matière de pertes de vies humaines. Au mieux, les plus sarcastiques diront que les passagers de ce vol auront pu goûter plus tôt aux eaux chaudes si prisées des côtes de Bali! Cet incident met toutefois en lumière les risques associés au transport aérien dans les marchés émergents, alors que des entreprises inexpérimentées se lancent à la poursuite de ces nouveaux voyageurs à une vitesse qui dépasse l'entendement.
En Indonésie, le nombre de passagers transportés grimpe de plus de 20 % par an, soit un pourcentage quatre fois plus grand que la moyenne mondiale. On pourrait en dire autant de pays comme la Chine, l'Inde ou le Brésil. Or, devant cette manne d'argent qui se déploie dans le ciel, diverses compagnies à rabais s'empressent de multiplier, voire de débuter, leurs opérations, trop souvent au détriment de la sécurité des passagers et de l'équipage.
Car une fois les avions acquis, reste quelques détails importants à ajouter à l'équation: un pilote qualifié capable de manœuvrer des gros-porteurs et une équipe compétente chargée de l'entretien régulier et adéquat des appareils. Il ne s'agit donc pas seulement d'avoir lancé un avion de papier dans les airs, ou nettoyé la banquette arrière de son automobile avec un chiffon humide et du Pledge au cours de sa vie pour répondre à ces critères. Bien que dans certains pays asiatiques, africains, latins ou de l'ex-Union soviétique, on serait porté à y croire!
Par exemple, en Indonésie, dix-huit des vingt-quatre transporteurs aériens détenant un certificat d'exploitation pour des vols commerciaux avec plus de 30 passagers à bord figurent sur la «liste noire» établie par l'Union européenne, y compris Lion Air, jugée «compagnie aérienne à risques». Cette piètre note n'a toutefois pas empêché cette entreprise de placer deux des plus grosses commandes d'appareils de l'histoire de l'aviation civile au cours des dix-huit derniers mois, soit 230 Boeing 737 en novembre 2011 et 234 Airbus A320 en mars dernier pour une facture totale voisinant les 46 milliards de dollars.
Pourtant, le transport aérien n'a jamais été aussi sûr dans le monde depuis 1946, année où on a débuté à cumuler des statistiques, avec un ratio d'un seul accident pour 1,52 million de vols. D'un point de vue strictement statistique, il faudrait voler sur des avions commerciaux pendant environ 40 000 ans pour être victime d'un accident mortel! Donc, à moins d'emprunter à outrance des vols au Congo, au Kazakhstan ou aux Philippines, vous pouvez relaxer dans votre siège jusqu'à destination...
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