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2015, centenaire de la négation du génocide des Arméniens

Le souvenir des morts ne se rattache point à une histoire banale tirée d'un roman, il s'agit d'un génocide et ce crime n'appartiendra jamais au passé, il peut se reproduire au présent, ça n'est pas la page que l'on peut tourner sans risque.
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« Mal nommer les choses, c'est ajouter aux malheurs du monde », disait Albert Camus.

1915-2015, c'est le siècle de la négation du génocide des Arméniens par les gouvernements successifs de la Turquie. C'est le sens que l'on doit donner aux commémorations du centenaire qui débutent.

Le XXème siècle est aussi celui des promesses non tenues par les responsables des États de ce monde. Mais ce n'est pas nouveau, car déjà en son temps Nicolas Machiavel disait « Le Prince ne doit tenir sa parole donnée hier que si elle peut lui apporter des avantages ». Ce siècle a vu la « Bête sur la lune » enfanter « La Bête immonde » sans en tirer les enseignements pour que cela cesse !

Ce siècle a été aussi celui de toutes les trahisons et de tous les reniements pour des intérêts économiques.

2015, c'est finalement le centenaire de la négation du génocide des Arméniens par les gouvernements turcs successifs. Si cette situation perdure depuis un siècle, c'est grâce à l'obstination des dirigeants turcs, mais aussi grâce à la passivité des dirigeants de ce monde qui ont préféré l'hypocrisie et le silence aux valeurs de droits de l'Homme et de justice.

Ce siècle est la défaite de la prise de conscience universelle des droits de l'Homme et la raison du plus fort reste la meilleure.

Nous en sommes les témoins aujourd'hui, cent ans plus tard au même endroit, dans ces paysages arides de Mésopotamie, où des légions de bourreaux fanatisés exterminent les minorités ethniques et religieuses qui ont pour seul tort de vouloir vivre sur leurs terres ancestrales, selon leurs croyances et leurs traditions.

Une barbarie contagieuse qui est venue, en ce début de mois de janvier 2015, répandre la haine, la mort et la terreur dans les rues de Paris.

Nous devons avoir tout ceci à l'esprit, non pas pour désespérer de l'Homme, mais pour résister et se maintenir debout, vivant.

Cent ans... Certains seraient tentés de vouloir nous conter cette histoire en débutant par « Il était une fois, il y a un siècle »... Non! Le souvenir des morts ne se rattache point à une histoire banale tirée d'un roman, il s'agit d'un génocide et ce crime n'appartiendra jamais au passé, il peut se reproduire au présent, ça n'est pas la page que l'on peut tourner sans risque.

D'autres pages doivent être tournées, celle du ressentiment, de la haine de l'autre et de l'esprit de vengeance.

Le souvenir des morts n'a pas à craindre de l'oubli.

Pour ce faire, le travail de mémoire et sa transmission sont les meilleurs boucliers contre le voile infâme de l'amnésie.

Cent ans déjà ! Et pourtant, c'est une victoire contre l'usure du temps. Qui aurait cru que cent ans après, nous en parlerions encore ? Que des livres seraient écrits sur le sujet ? Que partout dans le monde où une personne d'origine arménienne vit, la mémoire vit.

C'est la reconstitution d'une belle élite, engagée et au service de la cause arménienne. Artistes, créateurs, chercheurs, écrivains, historiens etc. sont légions en Arménie mais aussi dans la diaspora éparpillée en France et dans le monde.

C'est la reconnaissance du génocide des Arméniens par de nombreux Etats.

C'est la chute du mur de Berlin, la liberté retrouvée, l'indépendance de la République d'Arménie, l'autodétermination du Haut-Karabagh...

C'est la solidarité des naufragés de la terre qui se rejoignent enfin.

Le mensonge d'Etat entretenu par les dirigeants de la Turquie contre la vérité historique est pour nous une blessure profonde. Mais le temps a changé le cours de sa contagion, qui affecte à présent ses propres enfants.

Le temps ne travaille plus au profit de l'imposture, voilà qu'il prend le parti des justes.

C'est le temps de la vérité, de la justice, et de la réparation qui s'est mise en marche.

Nous sommes forts de notre passé, conscients des difficultés du moment, mais l'avenir reste ouvert à la jeunesse.

Cent ans, c'est beaucoup de temps, mais c'est aussi trop peu pour mettre à genoux un peuple dont l'histoire est trois fois millénaire.

Mais comme au commencement, rien ne nous sera épargné, il nous faudra continuer à combattre, pour la mémoire et compter avant tout sur nous-mêmes.

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