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L’endométriose: une maladie méconnue

Les douleurs peuvent prendre plusieurs formes et varier en intensité.
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Il s'agit d'une maladie méconnue, longtemps attribuée à tort à des causes psychologiques. Les causes de la maladie sont encore inconnues. Il semble y exister des facteurs génétiques, une femme encourt 10 fois plus de risques de souffrir d'endométriose si une de ses sœurs en est atteinte. Dans la population en général, une femme sur dix en souffre, certaines études avancent le chiffre d'une sur six.

Souffrez-vous d'endométriose ?

« L'endométriose est une maladie complexe. On a même coutume de dire qu'il n'y a pas une mais « des » endométrioses car cette maladie ne se développe pas de la même façon d'une femme à l'autre...» (EndoFrance). La douleur est le signe le plus fréquent qui amènera les patientes à consulter. L'infertilité est aussi, mais plus rarement, une condition qui fera découvrir une endométriose. Ici, il est souvent difficile à déterminer, si l'endométriose joue un rôle vraiment actif dans les problèmes de fertilité. Lorsque l'endométriose empêche la libre circulation des fluides à l'intérieur des trompes de Fallope, elle peut nuire au passage des spermatozoïdes entre l'utérus et l'ovule et donc provoquer une infertilité fonctionnelle. Chez les femmes infertiles, environ 30% montrent de l'endométriose.

Mais dans la très grande majorité des cas, on consulte pour des douleurs survenant durant les 3 ou 4 premiers jours des menstruations. Ces douleurs peuvent prendre plusieurs formes et varier en intensité.

  • Douleur qui survient vers le milieu des menstruations et qui s'aggravent de plus en plus jusqu'à la fin des menstruations. C'est ce qu'on appelle la dysménorrhée. Ces douleurs ne sont pas nécessairement spécifiques à l'endométriose mais peuvent l'accompagner.

  • Des douleurs qui surviennent durant les rapports sexuels, surtout quand ces relations ont lieu juste avant les menstruations peuvent aussi laisser soupçonner une endométriose. Ce type de douleur se nomme dyspareunie.

  • Des douleurs chroniques autour du bassin ou du nombril qui surviennent durant l'ovulation ou avant les règles sont aussi des indices.

  • Des douleurs éprouvées en allant à la selle surtout si celles-ci augmentent durant les menstruations peuvent aussi être un signe révélateur.

  • Durant les menstruations, des douleurs éprouvées en urinant, ce qu'on nomme la dysurie, font aussi partie des signes caractéristiques à la maladie.

D'autres symptômes de l'endométriose comprennent des menstruations abondantes et prolongées (ménorragies), la présence de sang dans l'urine ou dans les selles.

Qu'est-ce que l'endométriose ?

Pour bien comprendre ce qu'est l'endométriose, quelques notions d'anatomie et de physiologie féminine sont requises. Le cycle menstruel comporte en gros deux parties importantes : juste après les menstruations, le corps de la femme adulte, en particulier, ses ovaires et son utérus se préparent à une grossesse possible. Pour cela, la paroi interne de l'utérus va se tapisser d'une muqueuse, qu'on appelle l'endomètre et qui sous l'influence des hormones, en particulier, les œstrogènes et la progestérone va permettre à un ovule fécondée de s'accrocher à la paroi de l'utérus pour s'y développer et former un fœtus. L'endomètre est essentiel à la nidation et dont à la fertilité.

Dans la deuxième partie du cycle menstruel après l'ovulation, s'il n'y a pas de fécondation, une autre hormone viendra agir sur l'endomètre qui fera en sorte de la décoller de la paroi interne de l'utérus et de l'expulser en dehors de l'organisme lors des menstruations. Il arrive sans trop qu'on ne sache ni comment et encore moins pourquoi que cette endomètre s'écoule hors de l'utérus et se répande sur les organes internes de l'abdomen comme sur la surface des trompes de Fallope, des ovaires ou de la vessie.

Quand ce phénomène se produit, normalement le péritoine, une enveloppe qui entoure la cavité interne abdominale, détruira l'endomètre qui n'a pas sa raison d'être dans cet espace. Il arrive que le péritoine ne suffise plus à la tâche et nous nous trouvons alors en présence d'endométriose. Ces cellules endométrioses suivront le cycle menstruel et augmenteront en nombre durant l'ovulation puis saigneront durant les menstruations. Comme elles sont anormalement situées à l'intérieur de la cavité abdominale, le sang qu'elles libèrent pourra provoquer des inflammations qui seront responsables des douleurs ressenties.

Par exemple, si l'endométriose s'est localisée sur la paroi de la vessie, la personne atteinte pourra ressentir des douleurs lorsqu'elle urine, surtout durant la période péri-menstruelle, comme nous l'avons expliqué plus haut (dysurie).

Le diagnostic

Un examen gynécologique, une radiographie, une échographie ou une laparoscopie vont confirmer un diagnostic d'endométriose. Par l'examen gynécologique, le médecin peut détecter si des adhérences maintiennent l'utérus dans un angle normal ou inversé. Les radiographies et échographies peuvent détecter des nodules dues à l'endométriose. Quant à la laparoscopie, elle permet de voir sur écran cathodique l'intérieur de la cavité abdominale.

Quoi faire ?

Les actions à entreprendre dépendent de plusieurs facteurs, le premier étant la sévérité des symptômes. Dans bien des cas, quand ceux-ci sont légers, de simples techniques de relaxation comme des bains à l'eau chaude, la méditation ou d'autres techniques de relaxation sont suffisants pour éliminer le problème. Si les douleurs sont trop fortes, des antidouleurs et anti-inflammatoires usuels à base d'acétaminophène (exemple : Tylénol) ou d'ibuprophène (ex. : Advil) peuvent parfois suffire à les atténuer ou même les éliminer.

Si toutefois, ces moyens ne suffisent plus, deux autres approches sont possibles. Il est possible d'intervenir chimiquement ou chirurgicalement. Dans le premier cas, on administrera des médicaments de types hormonaux ou antihormonaux. Puisque l'endométriose réagit aux hormones, en donnant des hormones (par exemple, les pilules anticonceptionnelles) qui vont modifier le cycle menstruel, il est possible de ralentir de beaucoup le développement de l'endométriose. Dans certains cas, ce sera suffisant pour stopper les symptômes. D'autres médicaments agiront directement au niveau de l'hypophyse pour stopper complètement les menstruations. Si on maintient cet arrêt de menstruations pour une période variant de 6 à 9 mois, l'endométriose présente au début se rétractera. Toutefois dans environ un cas sur deux, elle pourra réapparaître au bout de 4 à 5 années.

Lorsque les traitements antidouleurs et hormonaux n'ont pas apporté de solutions satisfaisantes, on pourra songer à la chirurgie. Il existe deux types de chirurgies possibles, La chirurgie conventionnelle consiste à inciser la paroi inférieure du ventre sous anesthésie générale et retirer à l'aide d'un scalpel l'endométriose des endroits où elle s'est déposée. La laparoscopie permet quant à elle, de pratiquer une petite incision au niveau du nombril, de gonfler la cavité abdominale de CO2 et d'insérer par des petits tubes les instruments nécessaires à visualiser l'intérieur de l'abdomen et à sectionner par bistouri spécial ou par laser l'endométriose. Cette dernière chirurgie peut se pratiquer sous anesthésie locale et sa convalescence est bien plus simple et plus rapide, c'est pourquoi elle a supplanté dans la majorité des cas la chirurgie conventionnelle. La laparoscopie permet aussi un diagnostic précis de la maladie.

Finalement dans certains cas, heureusement plus rares, où ni l'une ni l'autre des méthodes ne se sont avérées efficaces, l'hystérectomie peut apporter de bons résultats. L'exérèse (ablation chirurgicale) de l'utérus met, en effet, fin à la production d'endomètre et si les lésions antérieures d'endométriose ont été bien enlevées, les risques de récidives deviennent plus rares. Bien sûr, ces cas doivent être bien sélectionnés en tenant compte de l'âge de la patiente et de l'ensemble de sa symptomatologie.

Alors, si après avoir lu ceci, quelqu'un vous parle encore de l'endométriose comme d'un mal imaginaire, vous serez en droit de savoir qu'il est en tout point ignorant du sujet...

Si vous désirez faire un témoignage sur l'endométriose, S.V.P. envoyez-le au patient@journallepatientduquebec.com

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