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Faire cesser sans délais les violences de masse au Darfour

Les islamistes qui sont au pouvoir à Khartoum ne sont pas toxiques seulement pour les populations du Soudan, mais aussi pour celles de toute la région.
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Depuis le 15 janvier 2016, une nouvelle offensive de l'armée soudanaise a lieu au Darfour. Plus précisément dans le Djebel Marra, un massif montagneux très étendu, le fief traditionnel des Fours. Le groupe ethnique majoritaire a donné son nom à la province «Dar-Four», la terre des Fours. Leur principale organisation, le Mouvement de libération du Soudan (SLM), dirigé par Abdul Wahid Al Noor, se concentre dans cette région.

L'aviation bombarde sans discrimination les villages. Les milices gouvernementales violent, pillent et tuent. Selon l'ONU, plus de 100 000 personnes ont quitté de force leur maison, souvent incendiée. Il y a aujourd'hui 2,7 millions de déplacés au Darfour.

L'aide humanitaire est empêchée ou attaquée. Plusieurs ONG internationales ont été expulsées du pays. L'accès aux civils pris au piège du Djebel Marra encerclé est interdite aux secours.

Omar el-Béchir, le président soudanais, avait déclaré que la guerre était finie au Darfour. C'est un habitué des mensonges d'État. Elle n'a jamais cessé. La Cour pénale internationale a lancé un mandat d'arrêt international à son encontre pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité commis sous ses ordres, justement au Darfour. Mais au Conseil de sécurité de l'ONU, la Chine et la Russie appuient le gouvernement soudanais. Celui-ci bénéficie aussi du soutien de l'Union africaine (le «club des dictateurs» du continent), de la Ligue arabe et des pays de la Conférence islamique, qui n'ont jamais eu un mot de compassion pour les centaines de milliers de morts.

Omar el-Béchir est toujours libre de persécuter les populations. D'ailleurs, il a étendu les violences dans deux autres régions : le Nil Bleu et le Sud-Kordofan.

Les islamistes qui sont au pouvoir à Khartoum ne sont pas toxiques seulement pour les populations du Soudan, mais aussi pour celles de toute la région. Ils avaient un temps hébergé Ben Laden et Carlos. Ils diffusent largement leurs idées et forment des cadres radicaux à travers l'Université internationale pour l'Afrique, située dans la capitale. Les groupes terroristes en Libye, en République centrafricaine, en Somalie, bénéficient d'armes, de logistique, quand ce n'est pas d'hommes...

Cependant, le plus urgent est de faire cesser sans délais les violences de masse qui atteignent les civils au Darfour. C'est pourquoi 30 personnalités de la société civile ont écrit la lettre suivante au président François Hollande pour que la France saisisse le Conseil de sécurité de l'ONU.

Monsieur le Président,

Nous sommes très inquiets du sort des populations du Darfour.

Les bombardements de l'aviation soudanaise et les attaques de miliciens sur les villages de la région ont à nouveau fait de nombreuses victimes et des dizaines de milliers de déplacés.

L'aide humanitaire est bloquée par le gouvernement soudanais. L'UNAMID, la force hybride de l'ONU et de l'Union africaine, est incapable de protéger les civils.

Monsieur le Président, nous espérons que la France ne se contentera pas d'une simple déclaration. Vu l'urgence de la situation, nous vous demandons d'user de votre pouvoir pour saisir le Conseil de sécurité sur la situation au Darfour. Il faut faire cesser bombardements et violences et permettre sans délais l'accès aux victimes pour les agences et ONG humanitaires.

Les populations du Darfour sont désespérément seules. La France devrait faire exercer la responsabilité de les protéger.

Certains que vous ne pouvez rester insensible à la détresse de ces populations, nous sollicitons une entrevue pour vous entretenir de ce sujet douloureux de vive voix.

Nous vous prions de recevoir, Monsieur le Président, l'assurance de notre haute considération.

SIGNATAIRES

Benjamin Abtan, président du Mouvement antiraciste européen - EGAM

Etienne Balibar, professeur de philosophie

Patrick Baudouin, avocat, président honoraire de la Fédération internationale des droits de l'Homme

Fethi Benslama, professeur de psychopathologie

Dr Jacques Bérès, ancien président de Médecins sans frontières

Max Dana, responsable du Magka Sama project

Natalie Dessay, artiste lyrique

Roger-Pol Droit, philosophe, écrivain

Simone Dumoulin, présidente honoraire de Vigilance Soudan

Pierre Henry, directeur général de France terre d'asile

Alain Jakubowicz, président de la Ligue contre l'antisémitisme et le racisme

Yann Jurovics, professeur de droit international

Jacques Julliard, journaliste

Marcel Kabanda, président d'Ibuka France

Huguette Magnis-Chomsky, présidente du Mouvement pour la paix et contre le terrorisme

Dr Jacky Mamou, président du Collectif urgence Darfour

Malka Marcovich, historienne

Jean-Luc Nancy, philosophe

Laurent Naouri, artiste lyrique

Séta Papazian, présidente de Vigilance arménienne contre le négationnisme

Richard Odier, secrétaire général du Centre Simon Wiesenthal Europe

Sacha Reingewirtz, président de l'Union des étudiants juifs de France

Antoine Ricard, avocat, président du Centre Primo Levi

Simone Rodan-Benzaquen, directrice de l'American Jewish Committee France

André Sénik, philosophe

Bernard Schalcha, secrétaire général de France Syrie Démocratie

Dominique Sopo, président de SOS Racisme

Ilana Soskin, avocat

Ara Toranian, co-président du Conseil de Coordination des organisations arméniennes de France

Baki Youssoufou, président de «Active Generation»

Ce billet a initialement été publié sur le Huffington Post France.

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