En tant que démocrate, je suis estomaquée de constater que le ministre des Affaires étrangères, John Baird, refuse de condamner clairement la sentence injuste délivrée par la justice russe envers le groupe punk Pussy Riot.
Questionné cette semaine par les journalistes, M. Baird a contourné l'enjeu en affirmant timidement que son gouvernement soutenait «des systèmes de justice indépendants» et qu'il croyait qu'«une sentence doit avoir un certain lien avec la gravité du crime». En matière de langue de bois, M. Baird aurait difficilement pu faire mieux qu'avec de telles généralités.
Il n'y a pourtant aucune place à l'interprétation dans ce dossier: la condamnation à deux ans de camp pénitentiaire des trois membres de Pussy Riot est tout à fait disproportionnée et inacceptable. Aucun pays démocratique ne peut accepter que des citoyens soient privés de liberté pour avoir critiqué le parti ou l'homme au pouvoir. C'est ce que le NPD croit, et c'est ce que je crois aussi.
Cette timidité de M. Baird pourrait être anecdotique si elle n'était pas le reflet d'un mal plus répandu qui affecte le gouvernement conservateur.
Le Canada, on le sait, a longtemps été un modèle démocratique sur la scène internationale. Nous avons été parmi les plus ardents partisans de la force de paix connue sous le nom des Casques bleus, avons accompagné de nombreuses nations dans leur marche vers la démocratie en leur prêtant main-forte lors d'élections et avons fait la promotion de systèmes de justice indépendants et transparents.
Mais depuis l'arrivée au pouvoir de Stephen Harper il y a six ans, cette réputation s'est largement érodée.
En tant que premier ministre, M. Harper a en effet renié un grand nombre de traditions canadiennes sur la scène internationale. Il a adopté une approche militariste dans ses relations internationales, a sabré le financement d'organisations de coopération internationale et s'est retiré du Protocole de Kyoto. Toutes ces décisions visaient, à des degrés divers, à ramener le Canada plus à droite sur l'échiquier politique mondial.
Malheureusement, le refus de condamner la décision injuste dont ont été victimes les membres de Pussy Riot n'est qu'un nouvel épisode dans cette triste histoire.