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Qu'est-ce qu'on fait maintenant?

La connaissance, le savoir doublés de jugement, c'est le contrôle de nous-mêmes, en tant qu'individu et que collectivité. C'est la liberté. C'est se prendre en main pour arrêter de chialer, sans recette miracle autre que la volonté pure et dure. En attendant, le Québécois, toujours assis, s'endort devant la télé avant d'avoir fini de boire son Pepsi désormais.
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Après 8h à se faire chier comme tout bon contribuable, le Québécois rentre chez lui et colle son derrière sur son bien-aimé lazyboy. L'horloge indique 18h, les nouvelles commencent. Îlot voyageur, on s'est fait baiser avec Anticosti, l'échangeur Turcot va coûter plus cher, Accurso obtient un autre contrat public, tel ou tel ministre sur son yacht, le gaz augmente, jus d'orange à 16 piastres, sénateurs non-élus qui dépensent notre argent sans compter... Bref, rien de nouveau dans ces nouvelles. Encore répugnant, rébarbatif, révoltant. Toujours aussi révoltant.

Et que fait le Québécois? Il reste assis sur son derrière. Son derrière qui s'élargit sur le divan à la mesure de son ignorance et de son cynisme. Une belle paire d'ingrédients, un mélange qui nous tue collectivement parlant. À petit feu.

Vous aurez compris qu'on se fait solidement et massivement avoir.

Bon, maintenant qu'on le sait, qu'est-ce qu'on fait? On se garroche sur la page Facebook de Franchement Martineau pour chialer, sans proposer de solution, on chiale au bureau, on chiale entre amis... On aime donc ben ça chialer. On est pas mal bons là-dedans aussi, et nombreux quand c'est le temps de le faire. Mais quand il faut construire, bâtir, reconstruire, rebâtir, quand arrive la vraie job de bras sale, il y a moins de gens sur le plancher. Et, au bout du compte, c'est le néant global qui nous fournit d'autres raisons de chialer. Des raisons qui sont toujours les mêmes quand on y pense.

Quand arrivent les grosses pancartes à tous les coins de rue et les élections, on se sent paresseux, un peu coupable aussi, on s'informe un peu plus, on magasine un parti... Souvent à l'enveloppe et à la couleur, comme des souliers.

C'est complètement débile à quel point des variables intellectuellement à peu près insignifiantes peuvent avoir une incidence majeure sur le vote, ou les intentions de vote. La petite barbe bien taillée et l'allure propre de Philippe Couillard rendent-elles le PLQ plus intègre et moins corrompu? L'arrivée du fils de PET et de son discours allégé de tout contenu effacent-ils le scandale des commandites au PLC? Indécemment réducteur. C'est pourtant fréquemment des critères comme ceux-là qui font la différence entre deux candidats. Pour faire de la politique, t'es mieux d'être ben peigné. Les idées? Accessoires. Ce n'est pas ça qui fait gagner une élection.

Le débat s'emporte dans les dérives de la stupidité, s'enlise dans le carcan de la stérilité cérébrale. Les manières et stratagèmes abrutissants continueront de pulluler en politique tant et aussi longtemps qu'ils seront efficaces. Logique.

Bon, maintenant là, on fait quoi?

Un système politique ou un autre, on se goure. Le politique, les institutions, le collectif ne peuvent être mis sur le pilote automatique et aller tout droit. Le changement - ah non, pas encore lui! - ne peut émerger sans l'active participation et le soutien explicite de celui à qui il profile: le peuple, le petit monde, la base.

La démocratie constitue le moins pire des régimes politiques, comme disait Churchill, car elle permet cette expression au peuple. Mais elle ne fait rien à elle seule. Tant que sa base permet à une structure de demeurer en équilibre, elle le fera tout en conservant ses façons de faire, aussi crasses soient-elles.

Pas question d'aller brasser pis de mettre à terre des tours à bureaux. Il est question de bien plus efficace: l'esprit critique. S'informer un peu partout en n'avalant pas ce qu'on nous prémâche, s'exprimer haut et fort, choisir intelligemment l'emplacement de sa petite croix sur le bulletin de vote. Fertilité intellectuelle et effervescence idéologique riment avec connaissance et compréhension des enjeux d'actualité. Il n'y a ici rien d'autre que la conscientisation, l'esprit d'analyse rigoureux et la satisfaction de commencer à nager au-dessus du tas de merde.

Bref, savoir avec quoi et comment on nous fourre et réapprendre à se crosser tout seul.

La connaissance, le savoir doublés de jugement, c'est le contrôle de nous-mêmes, en tant qu'individu et que collectivité. C'est la liberté. C'est se prendre en main pour arrêter de chialer, sans recette miracle autre que la volonté pure et dure. Ça vaut la peine beaucoup plus que c'est ardu.

En attendant, le Québécois, toujours assis, s'endort devant la télé avant d'avoir fini de boire son Pepsi désormais flat.

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