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La fureur de vivre

Je n'ai qu'à fermer les yeux pour revivre La Fureur à travers une suite de visions : les lèvres écarlates de Natalie Wood, le blouson rouge de James Dean, les relations psychologiques explosives de sa famille déployées et redéployées dans chaque plan...
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James Dean in movie art for the film 'Rebel Without A Cause', 1955. (Photo by Warner Brothers/Getty Images)
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James Dean in movie art for the film 'Rebel Without A Cause', 1955. (Photo by Warner Brothers/Getty Images)

Tant de choses ont été dites et écrites à propos de James Dean depuis sa mort il y 58 ans. Il a fait l'objet de tant d'hommages et de biographies, tant de chansons, de pièces de théâtre et de films, tant d'affiches reproduisant la célèbre photo en noir et blanc prise sur Times Square par Dennis Stock... Au fil du temps, puisque ceux qui l'ont connu ont disparu, tout comme les spectateurs profondément marqués par ses films lors de leur sortie, le souvenir de James Dean a commencé à se figer sous la forme d'une légende lointaine.

Puis, lorsqu'on regarde à nouveau ses films, on redécouvre non pas une légende, mais un être fait de chair et de sang, bien vivant et bouillonnant de créativité. Tel est le pouvoir du cinéma : peu importe l'âge du film, il se déroule toujours ici et maintenant. Il se conjugue toujours au présent.

Et quand on voit des films restaurés avec autant de soin, cette impression de présent devient encore plus forte. Dans le cas de La Fureur de Vivre, c'est simplement bouleversant.

Aussi inconcevable que cela puisse nous paraître aujourd'hui, le tournage de La Fureur de Vivre avait débuté en noir et blanc. Les studios, comprenant l'énorme potentiel du film, avaient vite décidé de tout recommencer en Cinémascope et WarnerColor. La présence de James Dean à l'écran et son impact extraordinaire sur les adolescents (comme moi à l'époque) sont indissociables du fait que ses deux plus célèbres films aient été tournés en couleur et en Cinémascope, un procédé utilisé pour la première fois par Elia Kazan (dans À l'Est d'Eden) et Nicholas Ray. Ce format était nouveau pour eux comme pour nous, et son utilisation créative pour raconter le parcours d'un ado incompris était tout simplement enivrante. Je n'ai qu'à fermer les yeux pour revivre La Fureur à travers une suite de visions : les lèvres écarlates de Natalie Wood, le blouson rouge de James Dean, les relations psychologiques explosives de sa famille déployées et redéployées dans chaque plan, le héros tourmenté occupant toute la longueur du cadre sur son canapé rouge, l'héroïne faisant des bonds pour donner le départ de la course de voitures jusqu'à la falaise... On n'avait encore jamais rien vu de tel. Et on n'a rien revu de tel depuis.

La restauration de La Fureur de Vivre a nécessité beaucoup de travail, non seulement sur l'image (restaurée à partir d'un scan 8K du négatif couleur original), mais aussi sur le son, qu'il a fallu reconstituer à partir des copies d'exploitation puis nettoyer numériquement. La restauration a été effectuée par Warner Bros, grâce au soutien de Warner, Gucci et The Film Foundation.

En 1956, après avoir vu Johnny Guitare et La Fureur de Vivre, le grand réalisateur français Jean-Luc Godard écrivait : "Voilà qui n'existe que par le cinéma, voilà qui serait nul dans un roman ou sur la scène... mais qui sur l'écran devient fantastiquement beau". Regardez cette incroyable restauration et vous comprendrez exactement pourquoi il a été ému au point d'écrire ces mots.

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