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L'histoire de Max qui avait des rêves de grandeur pour son pénis

L'histoire qui suit n'est pas une fiction. C'est une histoire vraie dont les noms, surnoms et lieux ont été changés. Le reste est rigoureusement exact. Il y a quelques mois, Max a fait la rencontre d'une personne qui l'a fait craquer. Il a éprouvé des difficultés d'érection lors de leurs premiers rapprochements intimes. Des difficultés d'érection selon ses critères à lui, bien entendu.
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L'histoire qui suit n'est pas une fiction. C'est une histoire vraie dont les noms, surnoms et lieux ont été changés. Le reste est rigoureusement exact. Je pensais la raconter depuis un moment, mais bon, vous savez ce que c'est, on passe à autre chose. Cette manchette du Journal de Montréal m'a rappelé de le faire. Cela va comme suit...

Max est un sacré beau gars de 40 ans. Il a tout pour lui : séduisant, de l'argent, instruit, cultivé, corps divin, sportif, il parle quatre langues ... Célibataire, il vit à Toronto. Max est performant. En tout. Il carbure à l'efficacité. C'est un gagnant.

Il y a quelques mois, Max a fait la rencontre d'une personne qui l'a fait craquer, appelons-la Béguin, tiens. Une personne vraiment, mais vraiment à son goût. Il a éprouvé des difficultés d'érection lors de leurs premiers rapprochements intimes. Des difficultés d'érection selon ses critères à lui, bien entendu. Et il l'a mal vécu. Une vraie fracture du moi. Les tourtereaux se sont donné un second rendez-vous à Montréal, deux semaines plus tard. Max a voulu cette fois-ci ne rien laisser au hasard de ses bandaisons chancelantes. Max a des contacts et il s'en sert : un ami médecin lui a procuré un médicament (Cialis, Viagra ou autre, pas d'importance dans le cas qui nous occupe) en lui recommandant bien de respecter le dosage. Du moins, c'est ce que me dit Max, jurant qu'il n'a pas acheté le produit sur le web ou dans la rue.

Le jour fantasmé arriva. Désireux d'en mettre plein la vue à Béguin - enfin, pardonnez-moi ce « plein la vue » dans les circonstances - et de se surpasser au lit, Max décida de jouer safe et d'en avaler un peu plus que la dose recommandée, c'est à dire, une fois et demie. « Après tout, ce n'est même pas le double », pensa-t-il. Du moins, c'est ce qu'il me raconte.

Quand le dieu Éros cède la place au dieu Priape

Max et Béguin s'en donnèrent à corps joie pendant des heures et des heures. Érection sans faille, solide, hippopotamesque et surtout... interminable. Max se prit pour le dieu Éros jusqu'à ce que Béguin commence à se fatiguer et à s'inquiéter de plus en plus sérieusement pour son partenaire.

Bon, je saute les détails qu'apprécieraient les voyeurs. Faisons court. La suprême érection de Max n'en finissait plus, mais il se dit qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter, que ça finirait bien par retomber. Max n'angoisse pas facilement. C'est un solide. Il commença donc à s'inquiéter un peu tardivement, après 12 heures de priapisme. Il était inconfortable, mais sans réelle douleur encore. Il regarda sur Internet et se rassura parce qu'on y parlait de symptômes tels douleurs à la poitrine, maux de tête..., alors qu'il n'éprouvait aucun de ses symptômes. Il se dit que ça passerait. Pour calmer son début d'anxiété, Max prit une petite pilule pour dormir. Mais le vieux proverbe « qui dort dîne » ne dit pas que « qui dort débande » et Max se réveilla 6 heures plus tard, avec un pénis toujours au garde-à-vous, inflexible, souffrant et désenchanté.

Il mit vite des compresses froides, commença à s'énerver et se résigna à appeler le 811 alors qu'il était en érection depuis quelque 18 heures. L'infirmière lui dit de se rendre à l'urgence de toute... urgence. Croyez-le ou non, il ne s'exécuta pas sur le champ. Pourquoi ? Il me dit qu'elle était moralisatrice et voulait le faire sentir coupable avec des questions qui ne la regardaient pas. Des questions comme : combien de partenaires? Pénétration anale ? Avec ou sans condom ? Combien de comprimés vous avez pris ? Où les avez-vous eus? Vos habitudes de consommation de « drogues sexuelles récréatives » ? etc., etc. Il conclut qu'elle voulait l'apeurer en raison de ses valeurs personnelles, à elle. Et puis, m'avoue-t-il, il était embarrassé. Vraiment très embarrassé.

Viagra, Cialis et cie ne sont pas des bonbons inoffensifs

Une heure plus tard, son Béguin l'amena presque de force à l'urgence de l'hôpital le plus proche. Max était mort de gêne et de honte. On le mit sur une civière dès son arrivée. La première chose qu'il demanda : un oreiller léger sur son bas-ventre afin de cacher un peu son sexe qui pointait toujours vers l'au-delà. Max ne présentait pas d'autre symptôme vraiment inquiétant. L'équipe médicale le prit en charge aussitôt. La gravité de son était telle qu'on manda un urologue de toute urgence et fit préparer une salle d'opération.

L'infirmière tenta immédiatement d'aspirer le sang des corps caverneux tout en lui expliquant que les chances de succès de cette ponction étaient nulles, étant donné qu'il avait attendu bien trop longtemps. Elle le sermonna, me raconte-t-il. Avec une seconde infirmière, spécialiste de l'aiguille, elles firent une seconde tentative qui fut un échec. ll y avait du sang partout. Elles ne parvinrent pas à débarrasser les corps caverneux du sang plus ou moins thrombosé, de manière à éviter l'évolution vers le pire.

L'urologue arriva. On injecta à Max des médicaments qui ne firent pas effet. Le spécialiste lui expliqua qu'on l'amenait en salle d'opération sans tarder et qu'il ferait tout en son possible pour inverser l'état priapique, tenterait de faire passer le sang stagnant dans les corps caverneux rigides vers le corps spongieux. Il lui confia que son pronostic était mauvais : Max avait vraiment trop tardé.

Durant tout ce temps, on surveillait de près sa pression artérielle, son cœur et ses autres signes vitaux. Max avait mal à la tête. Il ne se souvient plus très bien de la suite des choses. Il était en état de choc, foudroyé par la gravité de sa situation qu'il n'avait pas soupçonnée. Il se souvient avoir fait au revoir de la main à son merveilleux Béguin lorsqu'on l'amena en salle d'op.

Permettez-moi une remarque : je connais assez le personnel médical pour dire que je doute fort qu'on ait jugé des habitudes sexuelles de Max. Je crois cependant qu'on a pu juger de sa bête négligence à s'amener à l'urgence plus rapidement.

Un conseil : une érection qui se prolonge au-delà de quatre heures mérite une visite à l'urgence. L'érection peut facilement être réduite et le priapisme guérit sans séquelles si la personne reçoit des soins dans les six heures.

Morale de l'histoire: les médicaments qui aident à bander sont, justement, des médicaments. Ce ne sont pas des friandises sexuelles récréatives.

La bonne et la mauvaise nouvelle

Ah oui, faudrait pas que j'oublie de vous dire qu'on a sauvé la vie et le pénis de Max. Je ne dramatise pas : dans un cas aussi extrême - près de 20 heures en érection - théoriquement, la nécrose aurait pu mener à l'amputation.

Par contre, on n'a pas pu sauver sa fonction érectile. Vraisemblablement, Max n'aura plus jamais d'érections, naturellement. Vous comprendrez, j'en suis certaine, qu'il le vit très mal.

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