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Le réchauffement climatique est plus actuel que jamais

Nous sommes une partie intégrante de la nature. Nous habitons la Terre, qui fait partie d'un univers infiniment vaste. Nous sommes le fruit d'une évolution de plusieurs milliards d'années, mais sommes-nous plus sages pour autant ?
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En février dernier - le lendemain du Super Bowl pour être plus précis - j'ai vécu une expérience qu'on pourrait qualifier de mystique au cours d'un vol entre l'Argentine et les États-Unis.

J'ai atteint un état méditatif où le simple fait d'être vivant prend toute sa dimension. J'ai vécu un moment de grâce, pendant lequel les liens qui unissent l'humanité au reste de l'univers deviennent évidents.

Une telle chose s'était déjà produite dans mon bain, chez moi, à New York. Pour une raison inexplicable, j'avais soudainement pris conscience de ce qui m'entourait. Chaque tuile de la salle de bains avait été fabriquée par un procédé industriel, puis collée à la main par un ouvrier qualifié. Les tuyaux avaient été assemblés par un plombier qui aimait son travail ou sa famille. Ces tuyaux faisaient partie d'un réseau ingénieux, conçu pour pomper l'eau d'un aqueduc souterrain jusqu'à mon robinet du 23e étage.

Chaque objet qui m'entourait était l'œuvre d'un être humain, lui-même un pur produit de la Création. Le monde matériel me semblait tout à coup moins solide, et apparaissait comme le prolongement de mon expérience sensorielle. Même si je rationalise cet événement a posteriori, je l'ai tout de même vécu comme une puissante vague de conscience qui m'a ému aux larmes. Il m'a été très difficile de revenir à ma condition humaine normale dans les minutes qui ont suivi.

L'expérience que j'ai vécue dans un avion en partance d'Ushuaia était assez similaire. Pendant que nous survolions la forêt amazonienne, j'ai eu un sursaut de lucidité. J'ai remarqué la perfection des coutures des sièges de l'appareil. L'habitacle pressurisé m'est apparu comme le nec plus ultra du design.

J'ai pensé aux connaissances techniques que de nombreux ingénieurs aéronautiques ont dû déployer pour le concevoir. J'ai pensé que ces ingénieurs sont mieux connus en tant que maris, frères, sœurs et enfants - de par leurs liens familiaux. J'ai alors senti que la famille est un « royaume » fragile pouvant être détruit par les mêmes technologies qui rendent notre vie si agréable. L'illumination a toujours sa part d'ombre.

Ce vol de retour faisait suite à un séjour d'une semaine en Antarctique. J'ai eu la chance d'explorer ce continent en compagnie d'Al Gore et de 148 autres environnementalistes, afin de me familiariser avec la réalité brutale des changements climatiques. En effet, l'Antarctique est le «canari dans la mine de charbon».

Ce gigantesque climatiseur se réchauffe, et toute la planète en subit actuellement les conséquences. Lorsqu'une croûte de glace de plusieurs centaines de mètres d'épaisseur se fracture et se disperse avec fracas dans l'océan, le niveau de tous les océans augmente inévitablement. Et lorsque le niveau des océans augmente, les régions côtières deviennent plus vulnérables aux grandes marées et aux inondations. Éventuellement, l'approvisionnement en eau potable de millions de personnes sera menacé par l'eau salée. Il n'y a pas de quoi se réjouir.

Le réchauffement climatique n'est plus une hypothèse, mais une réalité qui se conjugue au présent. Plutôt que le qualifier de problème planétaire, je le qualifierais de problème social. En effet, notre mode de vie repose sur la consommation de carburants fossiles, l'agriculture industrielle et le déboisement. Les conséquences de ces activités sur l'atmosphère sont évidentes, car les saisons sont de plus en plus déréglées.

Bien entendu, une partie de l'humanité vit maintenant dans un confort remarquable. Or la croissance des économies industrialisées est devenue insoutenable, et se fait au détriment d'un milliard de personnes qui vivent toujours dans l'extrême pauvreté et n'ont pas accès à l'eau potable.

Après m'être extasié sur le « miracle » des vols en avion, j'ai donc passé de longues heures à m'interroger sur leurs effets néfastes. Le transport aérien contribue à accroître la demande en combustibles fossiles. Devrais-je alors rester sur le plancher des vaches pour le reste de mes jours ? J'aimerais bien monter à bord d'un appareil alimenté par des biocarburants renouvelables, mais ce n'est pas encore possible.

Mes réflexions ont été entrecoupées d'une collation, qui consistait en un « super bol » de salade de fruits dont la seule vue m'a donné mal au cœur. Je me suis demandé quelle était la provenance des fruits, et quelle quantité de produits chimiques avait été nécessaire pour qu'on préserve leur fraîcheur et me les serve dans le contexte douillet de la classe Affaires. J'ai vécu un grand sentiment d'impuissance, pour finalement trouver refuge dans la console de divertissement vidéo.

Un peu plus tard, l'hôtesse m'a offert une bouteille d'eau. J'avais l'option de la refuser, et c'est ainsi que je me suis rappelé que des petits gestes individuels peuvent faire une grande différence. Il existe des alternatives immédiates aux sacs, bouteilles et fourchettes de plastique qui remplissent les décharges après une seule utilisation. Le temps est venu de transporter une tasse réutilisable et de boire l'eau du robinet!

Le problème est que les incitatifs économiques à vivre de manière responsable sont quasi inexistants, aux États-Unis du moins. Il faudra que mes concitoyens se rendent compte qu'à force de considérer tous les biens comme jetables, ils seront traités de la même manière en tant qu'être humains.

Si vous voyagez dans un pays civilisé depuis plusieurs millénaires - n'importe quel pays d'Europe, en fait - vous remarquerez que la notion de durabilité est inscrite dans l'ADN de ses habitants. Les produits et les aliments locaux y sont vendus dans une proportion beaucoup plus grande qu'aux États-Unis. En Amérique du Nord, tout ce que nous achetons vient de Chine. Les biens de consommation sont programmés pour briser ou tomber en désuétude rapidement. Nos voitures énergivores nous gardent dans un état d'endettement, de guerre et de mauvaise santé perpétuelle.

Je digresse, puisque ce billet devait résumer mon voyage en Antarctique en 600 mots. Alors, pour conclure, je dirai simplement que ce continent est d'une beauté exceptionnelle. Pas étonnant que 40 000 personnes y effectuent une croisière chaque année. Son isolement extrême nous confronte à notre propre existence. Nous sommes une partie intégrante de la nature. Nous habitons la Terre, qui fait partie d'un univers infiniment vaste. Nous sommes le fruit d'une évolution de plusieurs milliards d'années, mais sommes-nous plus sages pour autant ?

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