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D'innombrables chroniques ont été écrites au sujet du projet de Charte des valeurs québécoises du gouvernement Marois. Je ne veux pas replonger dans les pour et les contre de la proposition, car cela a déjà été fait à plusieurs reprises. Par contre, je crois qu'il faut s'attarder davantage à la forme, plus particulièrement au fait que cette charte en est une de contradictions.
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D'innombrables chroniques ont été écrites au sujet du projet de Charte des valeurs québécoises du gouvernement Marois. Je ne veux pas replonger dans les pour et les contre de la proposition, car cela a déjà été fait à plusieurs reprises. Par contre, je crois qu'il faut s'attarder davantage à la forme, plus particulièrement au fait que cette charte en est une de contradictions.

Premièrement, le fait qu'une grosse (ou une semi-moyenne!) croix soit compromettante pour la neutralité d'un individu, mais qu'une petite croix ne le soit pas est infiniment contradictoire. La neutralité de l'État dépendrait donc de la taille d'un objet, pas de l'objet en tant que tel: rien de plus arbitraire. Alors que la loi est justement sensée servir à encadrer plus clairement ce qui est permis ou non, les balises seront dès le départ trop floues et les fonctionnaires devront sortir des rubans à mesurer pour juger de l'acceptabilité d'un signe.

Deuxièmement, en quoi la neutralité de l'État est compromise si un bureaucrate au fin fond d'un édifice ministériel, qui n'entre jamais en contact avec le public, porte un signe religieux ostentatoire? Si c'est le fait d'être «visible» qui rend les symboles néfastes aux yeux du gouvernement, il me semble que ceux que le public ne peut voir ne sont pas tellement dangereux pour la neutralité de l'État.

Troisièmement, pourquoi les élus sont exclus de cette Charte? Selon la logique que tous les employés de l'État doivent être inclus, les élus, qui sont l'image publique du gouvernement, devraient projeter une image d'autant plus neutre. Imaginez si les élus votaient une loi qui coupait de moitié le régime de retraite des fonctionnaires, mais qui épargnait les leurs; ce serait clairement du «deux poids, deux mesures». Si, tel que proposé, tous les employés de l'État sont soumis à la règle, il faudrait que les élus donnent l'exemple par souci de cohérence, ce qui n'est pas le cas.

Quatrièmement, le gouvernement se targue de proposer cette Charte pour protéger le climat social, mais pourtant, il semble y avoir consensus pour dire qu'il n'y a actuellement absolument pas de crise. À en juger par le fait que seulement 32 plaintes ont été reçues l'an dernier au sujet des signes religieux, plutôt que de répondre à un problème réel, le gouvernement semble plutôt ignorer les faits et créer un problème en fabriquant une polémique.

Cinquièmement, pour un parti qui a si souvent critiqué les façons de faire d'autres gouvernements, le parti de Mme Marois a emprunté un nombre surprenant de tactiques qui sont en contradiction avec le discours que tenait le PQ dans l'opposition. En plus de celles relevées par Vincent Marissal dans une chronique la semaine dernière, notons également les millions de dollars de fonds publics pour faire la promotion de la Charte, mais surtout les motivations électoralistes flagrantes de cette Charte. Le PQ, qui accusait les Libéraux d'utiliser le débat des droits de scolarité pour se bâtir un scénario électoral, est en train de faire la même chose en divisant la population avec ce projet.

En bref, toutes ces contradictions indiquent très clairement que la Charte des valeurs québécoises proposée par le PQ, sous cette forme, a beaucoup plus comme objectif de préparer une élection que de protéger la neutralité de l'État. D'ailleurs, si vraiment la situation était grave sur ce volet et la solution qu'ils proposent était absolument nécessaire pour notre société, pourquoi permettre aux institutions un droit de retrait? Parce que c'est important que l'État soit neutre, sauf si vous ne voulez pas? Le fait est que le PQ tente simplement de raviver les passions identitaires pour espérer pouvoir gagner une majorité aux prochaines élections et surtout faire oublier sa pénible première année de pouvoir, l'économie chancelante et leurs nombreuses promesses non tenues.

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