Sébastien Proulx, député libéral de Jean-Talon et ancien adéquiste, se voit confier tout ce qui a trait aux enfants et aux adolescents avant le collégial, avec les ministères de la Famille et de l'Éducation. Un mandat colossal pour ce « jeune » député de 40 ans. Retour sur le parcours du politicien.
Un texte de Mathieu Gobeil
Le nouveau ministre ne craint pas la tâche qu'il a reçue de son chef.
« Tout ça est très nouveau pour moi. Mais j'ai la volonté d'être capable d'occuper les deux [ministères]. »
— Sébastien Proulx
« Je pense être en mesure de le faire. Je devrai travailler avec des équipes compétentes, ultraperformantes. Je suis très dévoué à la tâche, très motivé par le défi », a-t-il répondu aux journalistes, mardi.
Né à Montréal en 1975, Sébastien Proulx a grandi à Trois-Rivières. Jeune, il s'intéresse à l'actualité et au service public. Il entreprend des études en droit à l'UQAM et obtient son diplôme en 1998. Il pratique le droit pendant quelques années à Montréal.
Il s'intéresse au renouvellement politique au Québec et rejoint les rangs de l'Action démocratique du Québec (ADQ) de Mario Dumont au tournant des années 2000.
Les années Dumont
Sébastien Proulx tente sa chance aux élections de 2003 dans la circonscription de Laviolette, pour être battu par la candidate libérale Julie Boulet. Il demeure à l'ADQ, où il sera tour à tour directeur général et conseiller politique du chef Mario Dumont.
Il parvient à se faire élire en 2007 dans Trois-Rivières, année où son parti devient l'opposition officielle à Québec. Il est à ce moment jeune père.
« On a la jeunesse et la fougue nécessaire. Fiez-vous à moi pour que ça bouge à l'Assemblée nationale », commentait Sébastien Proulx après son élection. Son arrivée avait été chaudement saluée par le maire de Trois-Rivières, Yves Lévesque, qui collaborera de près avec le député.
Le député adéquiste occupera pendant 19 mois la fonction de leader parlementaire, période pendant laquelle il se trouve souvent sous les projecteurs.
Défait lors des élections de 2008, il laisse la politique pour devenir commentateur et retourner à la pratique du droit.
Un tournant
En juin 2009 - quelques mois à peine après la défaite cuisante de l'ADQ et le départ de Mario Dumont -, il publie une lettre intitulée « L'ADQ n'est pas de droite - si l'Action démocratique se radicalise, elle ne gouvernera jamais ».
« Depuis quelques semaines revient constamment ce besoin pour certains de réaffirmer qu'ils militent à l'ADQ parce que c'est le véhicule de la droite au Québec. Je m'inscris en faux contre cette pratique », écrivait-il.
« L'ADQ ce n'est pas le véhicule de la droite. Sinon j'en descends aussitôt. »
— Sébastien Proulx en 2009
Il y affirme que l'ADQ doit représenter une « troisième voie », « celle où un gouvernement sera capable de concilier développement économique et humanisme ». Deux ans et demi plus tard, l'ADQ fusionne avec la Coalition avenir Québec.
Son passage au Parti libéral
Sébastien Proulx s'est rapproché du Parti libéral du Québec dans les dernières années. Il devient en 2014 directeur de la planification stratégique au cabinet de Philippe Couillard.
Élu aux partielles en 2015, dans Jean-Talon, il se voit confier le portefeuille de la Famille lors du remaniement ministériel de janvier dernier. Il hérite du dossier des compressions dans le réseau des services de garde.
« J'ai une vision des services de garde qui est très claire. Ce que je souhaite, c'est qu'on ait des services accessibles, diversifiés, qu'on soit capable d'offrir des services de qualité. »
— Sébastien Proulx, le 3 février 2016
« Ces services ont eu des bienfaits incroyables jusqu'à maintenant sur nos enfants et notre population. On compte continuer à les développer », déclarait-il le 3 février.
Dans les jours précédents, il disait également vouloir « parler aux parents » en tant que ministre. « Le ministre de la Famille ne doit pas être que le ministre de l'administration des services de garde », affirmait-il.
Le portefeuille de l'Éducation
Combiner les responsabilités de la Famille et l'Éducation - nouveau ministère qu'il dirige depuis hier - est logique, selon lui. « Il y a un continuum important qui va s'opérer dans mon esprit et dans les actions que nous allons poser », a-t-il affirmé mardi.
« Il y a un lien à faire entre ce qu'on met de l'avant pour nos enfants, pour la petite enfance, et des mesures mises de l'avant dans l'éducation primaire et secondaire. »
— Sébastien Proulx
Sébastien Proulx hérite aussi de la réforme de la gouvernance scolaire, portée par son prédécesseur François Blais. Le premier ministre Couillard assure que son nouveau ministre sera « à l'écoute de la population » lors des consultations sur le sujet, qui ont débuté le 16 février.
Néanmoins, le milieu de l'éducation a accueilli avec scepticisme sa nomination et s'est dit inquiet. Ses acteurs fondaient beaucoup d'espoir sur le ministre Pierre Moreau, forcé de céder sa place pour des raisons de santé.
La présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec, Josée Bouchard, s'est interrogée lundi sur la nomination de cet ancien membre de l'ADQ qui était en faveur de l'abolition des commissions scolaires. Elle a dit espérer que le ministre Proulx épousera « les valeurs du Parti libéral », un parti qui a une tradition « de négociation, de discussion, de concession », selon elle.
Le député de Jean-Talon porte également le chapeau de ministre de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine. « Je suis à Québec, mais je suis un gars des régions. J'ai passé mon enfance et travaillé en Mauricie. Je suis un interlocuteur des régions », a-t-il déclaré en entrevue à Radio-Canada le 29 janvier, avouant du même souffle devoir en apprendre davantage sur la région de la Gaspésie. Les élus gaspésiens et madelinots ont accueilli avec optimisme sa nomination en janvier.
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