Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Facebook: aimer un parti politique sans le savoir

Facebook: aimer un parti politique sans le savoir
Getty

Il y a quelques années, un collègue journaliste avait dû faire une mise au point publique au sujet d'une compagnie automobile qu'il était réputé aimer sur Facebook. Non, il ne l'aimait pas. Il ne la détestait pas non plus.

Un analyse de Janic Tremblay

En fait, il ne voulait entretenir aucun lien avec ladite compagnie, afin de préserver son intégrité et son impartialité, des valeurs cardinales de la politique journalistique de Radio-Canada.

Vous imaginerez aisément la surprise de notre collègue de CBC, Reg Sherren, quand un ami lui a fait remarquer qu'il aimait le Parti conservateur du Canada sur Facebook.

Reg Sherren n'avait pourtant jamais exprimé une quelconque préférence pour le Parti conservateur. Une vérification rapide dans son journal d'activités lui a néanmoins confirmé que c'était bel et bien le cas.

Il y a un véritable marché du J'aime sur le web. Dans le cas de la politique, l'intérêt est évident. Plus un parti accumule les mentions J'aime, plus il augmente sa portée potentielle et la force de sa marque. Un parti qui compte plus de fans sur Facebook peut aussi être jugé plus intéressant ou plus dominant.

Par ailleurs, si un membre de Facebook constate que l'un de ses contacts aime le Parti conservateur, cela pourrait l'influencer favorablement et l'amener à s'intéresser lui aussi à la formation politique. Ce n'est pas pour rien que les marques investissent autant dans les réseaux sociaux numériques.

Accumuler les mentions J'aime n'est pas facile pour autant. Et certaines firmes proposent des raccourcis. En échange d'une modique somme, une personnalité publique peut voir rapidement gonfler ses comptes de médias sociaux. On peut acheter des abonnés pour ses comptes Twitter ou Instagram et même des amis pour sa page Facebook.

L'an dernier, le journaliste du New York Times Nick Bilton a raconté comment il avait acquis 4000 nouveaux abonnés sur Twitter et autant de nouveaux amis sur Facebook pour une dizaine de dollars.

Il s'agissait probablement de robots dans bien des cas. Des robots de plus en plus sophistiqués cependant. Des membres virtuels qui se comportent de plus en plus comme de véritables humains sur Facebook en postant des photos ou en y allant d'une mention LOL sur certains clichés.

Aimer sans le vouloir

Il arrive aussi qu'un programme malveillant camouflé dans un piège à clics soit en cause. L'arnaque est connue. Un titre accrocheur qui promet souvent une vidéo salace pousse les internautes à cliquer. Juste pour voir.

Cette curiosité peut avoir des conséquences inattendues quand le lien en question contient un programme qui infecte l'ordinateur. Il peut aussi arriver, sur Facebook, que l'application se contente d'ajouter des pages à celles que l'individu aime déjà. C'est fort probablement ce qui s'est passé dans le cas de Reg Sherren.

Tactique déloyale?

Les libéraux, les néo-démocrates et les verts jurent qu'ils n'achètent pas de mentions J'aime. Les conservateurs pour leur part sont plus sibyllins. La direction du parti se borne à dire que c'est une affaire qui relève de la régie interne.

Faut-il conclure que le parti de Stephen Harper s'adonne à ce genre de pratique à l'aide d'un logiciel malveillant? Ce serait sans doute un dangereux raccourci intellectuel. D'une part, il se peut que l'achat de mentions J'aime fasse partie d'une stratégie conservatrice afin de garder l'avantage dans les médias sociaux.

Mais, il est possible que les moyens employés n'aient pas été encadrés. Le recours à une plateforme malveillante aurait pu se faire totalement à l'insu du parti. Par ailleurs, une autre formation ou même un individu peut aussi avoir tenté de jouer un mauvais tour aux conservateurs. L'échec des conservateurs sur Instagram a pu donner des idées à certains.

Des conseils pour les internautes

De toute évidence, la chose a été répétée dix fois plutôt qu'une. Les pièges à clics sont une véritable plaie.

Ainsi :

  • Évitez de cliquer sur ce qui semble trop beau pour être vrai ou qui n'a manifestement pas sa place sur un réseau social;
  • Éliminez les vieilles applications qui disposent d'autorisations pour le compte. C'est notamment le cas de celles liées à des concours depuis longtemps terminés. Elles peuvent parfois constituer une porte d'entrée pour des scripts malveillants;
  • Enfin, il peut être opportun d'installer une extension comme Facebook Purity, disponible sur les navigateurs Chrome et Firefox.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.