Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Afrique/Ebola : l'anxiété omniprésente dans les pays touchés, selon des ONG

Afrique/Ebola : l'anxiété omniprésente dans les pays touchés, selon des ONG

Les responsables de deux grandes ONG, Médecins sans frontières et la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge ont fait état vendredi de l'état d'anxiété qui règne dans les trois pays les plus touchés par la fièvre Ebola.

Ce sentiment de "peur et d'anxiété au sein de la population", qui va au-delà des frontières de l'Afrique occidentale, a été constaté par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), dans un communiqué publié vendredi, en raison de "l'ampleur, de la durée et de la mortalité de l'épidémie du virus Ebola".

En raison de cette crainte, des "cadavres ont été retrouvés dans les champs", a déclaré le nouveau secrétaire général de la Fédération de la Croix-Rouge, M. As Sy (Sénégal).

Pour le Dr Joanna Liu (Canada), directrice de MSF, qui est rentrée jeudi à Genève après dix jours passés en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia, la peur est omniprésente, "comme en temps de guerre".

"Personne n'est venu me serrer la main, on se demande en permanence si on fait les bons gestes", si on met correctement son masque de protection, et il "faut apprendre à vivre avec cette peur", a-t-elle dit.

Selon la responsable, la situation dans ces trois pays est comparable à ce qu'elle a ressenti en Syrie, où elle s'est rendue l'an dernier.

De son côté, M. Sy, interrogé sur la "psychose Ebola" après un voyage dans la région touchée, a répondu que le "facteur peur était une réalité, c'est indéniable".

De fortes fièvres sont fréquentes dans cette région, en raison notamment du paludisme, mais les gens qui en souffrent craignent d'avoir été contaminés par le virus Ebola et ne se font pas faire établir de diagnostic, a expliqué M. Sy.

Certains préfèrent se cacher et disparaître dans des villages reculés, de crainte d'être infectés et d'êtres mis en quarantaine, au lieu de se rendre dans les centres de soins, où ils ont peur des personnels de santé qui ressemblent à des "cosmonautes" dans leur équipement de protection.

Le responsable de la Fédération a encore indiqué être allé en Sierra Leone et n'avoir "serré la main à personne, tous mes interlocuteurs mettaient poliment leur main derrière le dos".

Il a également ajouté que la peur envahissait tous les secteurs de la vie publique, les hôteliers se demandent comment remplir leurs établissements, la population se demande si les frontières vont fermer, si les avions vont continuer ou non à circuler.

Le nouveau secrétaire général de la Fédération internationale de la Croix-Rouge a également précisé que c'étaient les volontaires des sociétés de la Croix-Rouge locales qui s'occupaient des défunts et de l'accompagnement des familles.

"En Afrique, on dit que les morts ne sont pas morts, ils ne sont jamais partis, qui d'autre que nos volontaires, issus des pays touchés et qui connaissent mieux que quiconque les rites, peuvent accompagner les familles ?", a-t-il déclaré.

"Ce n'est pas aux experts étrangers en hygiène de faire ce travail", a-t-il dit, tout en reconnaissant que les corps des défunts étaient "très contagieux".

Avec la multiplication des décès, les sociétés locales ont organisé à la hâte des stages de formation d'accompagnement. "Des rotations interviennent régulièrement dans les équipes, car il y a un facteur émotionnel important" dans ce genre de tâche, a-t-il ajouté.

Plus de 1.500 volontaires des sociétés de la Croix-Rouge de Guinée, de Sierra Leone et du Liberia sont mobilisés pour faire face à l'épidémie ainsi que 130 volontaires fournis par d'autres sociétés nationales de la Croix-Rouge, a précisé M. Sy.

L'OMS a également dénoncé vendredi la multiplication des rumeurs relayées par les réseaux sociaux, affirmant que certaines méthodes ou pratiques pouvaient stopper voire guérir le virus Ebola.

"Toutes ces rumeurs sur ces pratiques sont fausses, et leur application peut être dangereuse. Au Nigeria, par exemple, au moins deux personnes sont mortes après avoir bu de l'eau salée, censée protéger du virus", a indiqué l'OMS.

mnb/pjt/sym

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.