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Pakistan : des milliers de manifestants en route vers Islamabad

Pakistan : des milliers de manifestants en route vers Islamabad

Des milliers de manifestants convergeaient jeudi soir vers Islamabad, la capitale du Pakistan, pour un rassemblement sous haute surveillance de l'opposition qui exige la démission du Premier ministre, Nawaz Sharif.

Les partisans des opposants Imran Khan, ex-gloire du cricket reconverti dans la politique, et Tahir ul-Qadri, un chef religieux pakistano-canadien, ont quitté en début d'après-midi Lahore (est) pour se rendre en autocar, à moto et en voiture, vers Islamabad, où ils étaient en théorie attendus dans la soirée.

Mais cinq heures après le début de cette procession politique, les manifestants étaient toujours bloqués à Lahore, repoussant de facto à au moins vendredi, leur arrivée à Islamabad, à plus de 350 kilomètres.

Les autorités avaient au début interdit la marche et assigné à résidence M. Qadri, mais ont finalement fait marche arrière pour autoriser la manifestation.

La capitale avait néanmoins des airs de ville en état de siège jeudi, les autorités ayant déployé 20.000 policiers et paramilitaires, et placé des conteneurs sur les axes routiers afin d'encadrer, ou contenir, cette "marche de la liberté".

En soirée jeudi, environ 300 manifestants attendaient à Islamabad le cortège venu de Lahore.

"Nous ne bougerons pas d'ici tant que notre chef ne déclarera pas la fin de cette marche", a déclaré à l'AFP, Sabeen Younas, une fidèle d'Imran Khan. "Ce gouvernement n'emprunte pas la bonne voie et doit être changé", a-t-elle ajouté.

Le résultat des élections législatives de mai 2013 ayant porté au pouvoir Nawaz Sharif est au coeur du différend entre MM. Khan et Qadri et le gouvernement.

Le parti de la Justice (PTI) d'Imran Khan, arrivé en troisième position, dénonce des fraudes électorales massives au cours de ce scrutin boycotté par le Mouvement du peuple du Pakistan (PAT) de Tahir ul-Qadri.

MM. Qadri et Khan exigent la démission du Premier ministre à l'issue de leur marche symboliquement programmée le jour même du 67e anniversaire de l'Indépendance du Pakistan.

"Aucun pharaon ne vous offrira la liberté sur un plateau d'argent. C'est à vous de la gagner", a lancé Imran Khan à ses partisans. "Si vous réussissez, la justice règnera sur le Pakistan et le monde entier respectera (notre) passeport vert", a-t-il ajouté.

Dans l'espoir de régler cette crise politique, M. Sharif s'était engagé mardi à établir une commission indépendante formée de juges de la Cour suprême pour enquêter sur ces allégations de fraudes.

Mais cette proposition a été rejetée par MM. Khan et Qadri qui, en demandant le départ du gouvernement, sont aussi accusés de jouer le jeu de l'armée, ou du moins d'une partie des puissants services de renseignement, dans ce pays abonné aux coups d'Etat.

Selon des analystes, l'armée cherche à faire pression sur M. Sharif avec lequel elle a de nombreux différends, notamment concernant le procès pour "haute trahison" de l'ex-général Pervez Musharraf, sans souhaiter la chute du gouvernement.

D'ailleurs, M. Sharif a rencontré jeudi le chef de l'armée Raheel Sharif lors d'une cérémonie entourant les célébrations de l'Indépendance.

"Voici la vraie marche de la liberté, le leadership civil et militaire qui célèbre ensemble le jour de l'Indépendance", a plaidé M. Sharif.

Mais nombre de Pakistanais craignent de voir cette joute politique entre l'opposition et le gouvernement se transformer en un affrontement sanglant.

"Il y a un réel danger de violence et d'un bain de sang", a déclaré à l'AFP l'analyste politique Imtiaz Gul. "La situation est volatile", résume de son côté une source diplomatique occidentale.

Des affrontements fin juin entre la police et des partisans de M. Qadri avaient déjà fait au moins une dizaine de morts à Lahore.

"Nous allons organiser une marche totalement pacifique, le gouvernement sera le seul responsable, s'il y a des violences", a assuré M. Qadri.

Preuve s'il en est de la nervosité du gouvernement face à ces manifestations, les autorités ont annoncé avoir arrêté au cours des derniers jours plus de 1.000 partisans de MM. Qadri et Khan pour "incitation à la violence".

bur-gl/sym

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