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La BCE en quête du bon levier pour redynamiser la croissance en zone euro

La BCE en quête du bon levier pour redynamiser la croissance en zone euro

La zone euro n'arrive décidément pas à renouer avec la croissance mais la Banque centrale européenne (BCE), vers laquelle les regards se tournent avec insistance, n'a plus beaucoup de munitions pour lutter contre le risque de déflation et le marasme.

Le produit intérieur brut (PIB) de la région a stagné au deuxième trimestre, après avoir progressé de seulement 0,2% au trimestre précédent, lesté notamment par la très mauvaise performance de l'Allemagne (-0,2%), son moteur traditionnel.

"Il n'est plus possible de parler de reprise en zone euro", souligne Ralph Solveen, économiste de Commerzbank.

Le ministre français des Finances Michel Sapin a appelé jeudi la BCE à jeter toutes ses forces dans la bataille. Récemment le chef du gouvernement Manuel Valls avait jugé l'institution monétaire "impuissante" face au risque de déflation, spirale de baisse des prix corollaire du marasme économique. L'inflation en zone euro a atteint 0,4% en juillet.

L'espoir des dirigeants français - et d'autres - serait de voir la BCE dégainer des mesures dites "non-conventionnelles", par exemple un programme de rachat massif de dette publique ou privée (Quantitative Easing ou QE), tel que celuimis en oeuvre aux Etats-Unis par la Fed.

Pas sûr toutefois que ces appels trouvent un écho à la banque centrale, qui a déployé début juin un arsenal de mesures dont elle espère toujours des effets positifs sur l'économie.

Parmi elles un programme de prêts ciblés et à très long terme (TLTRO), pouvant atteindre jusqu'à 1.000 milliards d'euros, qui doit permettre aux banques de se financer à des conditions avantageuses, les incitant à prêter davantage aux entreprises. Le premier de ces prêts sera accordé en septembre.

Les gardiens de l'euro ont aussi porté le principal taux directeur à un nouveau plus bas historique, 0,15% et le taux de dépôt en-dessous de zéro afin d'encourager les banques à prêter davantage, en imposant une pénalité financière à celles qui stockent leurs liquidités auprès d'elle.

Ces outils "sont en train de prendre le chemin de l'économie réelle" et "vont contribuer à un retour de l'inflation" à des niveaux plus pérennes, a assuré la semaine dernière le président de la BCE, Mario Draghi.

"La BCE va jouer la montre" avec l'espoir que ces mesures produisent pleinement leurs effets, estime Gilles Moec, analyste chez Deutsche Bank.

Pour l'institution, la balle est désormais dans le camp des gouvernements, qu'elle appelle à poursuivre les réformes, notant que ceux qui s'y sont attelés s'en sortent mieux que les autres.

Mais Jonathan Loynes, de Capital Economics, pense que "la BCE va devoir agir à nouveau". La conjoncture "reste trop faible pour soit résoudre les problèmes de dette dans les pays de la périphérie, soit résorber les risques d'inflation", argue-t-il.

La marge pour une baisse des taux se réduisant comme peau de chagrin, reste l'option des mesures non-conventionnelles, qualifiées de "bazooka" par les analystes.

Mais ses statuts et les réserves de certains pays comme l'Allemagne rendent difficiles des rachats d'obligations publiques. L'institution réfléchit en revanche à une manière de revitaliser le marché, sinistré depuis la crise, des titres adossés à des prêts (ABS), pour faciliter le financement des entreprises.

De tels leviers ne seront toutefois activés que "si les prévisions d'inflation de moyen terme (de la BCE) changeaient", a prévenu M. Draghi, autrement dit pas avant la fin de l'année, estiment la plupart des analystes.

Leur efficacité est par ailleurs loin de faire l'unanimité: "un QE serait assez inefficace en zone euro" étant donné "le désendettement du secteur privé, l'absence de besoin de liquidités des banques (...), ainsi que les taux d'intérêts déjà très faibles", juge Patrick Artus, de Natixis.

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