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Islamabad se prépare à de grandes manifestations contre le pouvoir

Islamabad se prépare à de grandes manifestations contre le pouvoir

Les forces de sécurité pakistanaises quadrillaient jeudi la capitale Islamabad pour empêcher la tenue d'un rassemblement "illégal" de l'opposition qui exige la démission du Premier ministre Nawaz Sharif.

La capitale avait des airs de ville en état de siège jeudi, les autorités ayant déployé 20.000 policiers et paramilitaires et placé des conteneurs sur les axes routiers stratégiques afin d'empêcher la tenue de la "marche de la liberté".

Mercredi soir, la Haute cour de Lahore (est) a interdit ce rassemblement mené par les opposants Imran Khan, ex-gloire du cricket reconverti dans la politique, et Tahir ul-Qadri, un chef religieux pakistano-canadien.

La justice a évoqué "l'actuelle incertitude au pays", le jour choisi par l'opposition, le 14 août, qui marque le 67e anniversaire de l'indépendance du Pakistan, baptisée le "jour de liberté", nom récupéré par la marche de l'opposition.

Surtout, les autorités estiment que les formations d'Imran Khan et de Tahir ul-Qadri n'ont pas demandé et donc pas reçu d'autorisation pour manifester et se trouvent par conséquent dans "l'illégalité".

"La décision de la cour sera totalement mise en oeuvre...", a prévenu le ministre de l'Intérieur Chaudhry Nisar, une mise en garde balayée du revers de la main par les principaux concernés.

"Nous allons nous rendre à Islamabad et demander la démission du Premier ministre (Nawaz Sharif) afin d'ouvrir la voie à un nouveau gouvernement apolitique", a lancé Imran Khan affirmant que sa manifestation visait à établir une "vraie indépendance" pour le Pakistan dirigé selon lui par une aristocratie féodale.

Au coeur du différend entre ces deux partis d'opposition et le gouvernement: le résultat des élections législatives de mai 2013 ayant porté au pouvoir Nawaz Sharif.

Le parti de la Justice (PTI) d'Imran Khan, qui avait terminé en troisième place lors de ce scrutin, dénonce des fraudes électorales massives. Le Mouvement du peuple du Pakistan (PAT) de Tahir ul-Qadri avait quant à lui boycotté ce scrutin.

Dans l'espoir de résoudre la crise, le Premier ministre Sharif s'était engagé mardi à établir une commission indépendante formée de juges de la Cour suprême pour enquêter sur ces allégations de fraudes.

Mais cette proposition a été rejetée par Imran Khan et Tahir ul-Qadri qui demandent le départ du gouvernement, et sont ainsi accusés par le pouvoir de jouer le jeu de l'armée dans ce pays abonné aux coups d'Etat.

Selon des analystes, l'armée cherche à faire pression sur M. Sharif avec lequel elle a de nombreux différends, notamment sur le procès pour "haute trahison" contre l'ex-général Pervez Musharraf, sans vouloir la chute de son gouvernement.

Mais beaucoup craignent de voir cette joute politique tourner à un affrontement sanglant.

"Il y a un réel danger de violence et d'un bain de sang", a déclaré à l'AFP l'analyste politique Imtiaz Gul. "La situation est volatile", résume de son côté une source diplomatique occidentale.

"Nous allons tenir une marche complètement pacifique, le gouvernement sera le seul responsable, s'il y a des violences", a soutenu Tahir ul-Qadri, cloîtré dans son quartier général du secteur de Model Town à Lahore (est) bloqué par des conteneurs qui l'empêchent d'en sortir pour manifester.

Les partisans de MM. Khan et Qadri doivent se réunir à la mi-journée (vers 7H00 GMT) à Lahore (est) et Peshawar (nord-ouest) avant de se diriger en voitures, autobus et motos vers Islamabad où ils sont attendus en fin de journée.

Les appels à manifester nourrissent une tension déjà élevée après les affrontements de ces derniers jours entre la police et des partisans de M. Qadri qui ont fait au moins un mort à Lahore.

Preuve s'il en est de la nervosité du gouvernement face à ces manifestations, les autorités ont annoncé avoir arrêté au cours des derniers jours plus de 1.000 partisans de MM. Qadri et Khan pour "incitation à la violence".

bur-gl/ros

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