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En Palestine, pour le football, c'est vraiment la guerre

En Palestine, pour le football, c'est vraiment la guerre

Ahed Zaqqout était une légende du football palestinien. Il est mort sous les bombes pendant la guerre de Gaza à laquelle le foot et le sport aussi ont payé leur tribut.

"J'étais dans la salle de bain quand j'ai entendu une énorme explosion", se rappelle la femme d'Ahed Zaqquout, Mayada.

Mayada a d'abord cru ce 30 juillet que le projectile, probablement décoché par un avion israélien selon elle, avait atteint la maison d'à côté dans la ville de Gaza. "J'ai crié pour appeler Ahed, il ne m'a pas répondu. Puis j'ai compris que la roquette était tombée chez nous. J'ai vu Ahed. Il avait le crâne et la poitrine en sang. Je ne pouvais plus m'arrêter de crier. Les voisins sont arrivés et l'ont transporté à l'hôpital. Mais il était déjà mort".

Ahed Zaqqout, 49 ans, était une des grandes figures du football palestinien. Dans les Territoires, où la passion pour ce sport est immense, le football ne peut échapper au conflit israélo-palestinien, à ces guerres qui tuent aussi les sportifs ou aux restrictions imposées par Israël aux mouvements des hommes et des femmes de Cisjordanie et de Gaza.

Entre 15 et 20 sportifs palestiniens de différentes disciplines ont été tués à cause de la guerre dans la bande de Gaza mais aussi, dans une moindre mesure, à cause de ses retombées en Cisjordanie, disent les fédérations palestiniennes.

Ahed Zaqqout ne se mêlait pas de politique et de la confrontation entre Israël et l'organisation islamiste du Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, disent ceux qui l'ont connu.

Il avait été un milieu de terrain admiré qui n'avait jamais oublié ce match amical disputé dans les années 90 avec une équipe palestinienne contre une sélection de joueurs français alignant l'ancien triple Ballon d'or et actuel président de la fédération européenne (l'UEFA) Michel Platini, dit sa femme.

Puis il était devenu entraîneur, avait remporté avec son équipe le championnat de la bande de Gaza et avait même présenté une émission de sport à la télévision. Il avait lancé au début des années 2000 le premier centre de formation de Gaza.

"La guerre que mène Israël contre le peuple palestinien n'épargne personne, la famille du sport en Cisjordanie comme dans la bande de Gaza fait partie de ce peuple qui vit une véritable catastrophe humanitaire", dit à l'AFP Abdel Majid Haja, secrétaire général de la fédération de football.

La guerre dans la bande de Gaza a tué plus de 1.900 Palestiniens, selon les secours locaux. Elle s'est répercutée en Cisjordanie, séparée de Gaza par le territoire israélien. Une quinzaine de Palestiniens y ont été tués lors des manifestations, essentiellement de jeunes, contre l'offensive israélienne à Gaza.

Parmi eux, Mohammed Qatari, 19 ans, devait rejoindre cette année le championnat professionnel avec le club de Shabab al-Amari. Il était l'un des espoirs du football palestinien. Il avait été sélectionné pour rencontrer il y a quatre mois le président de la Fédération internationale (Fifa) Joseph Blatter venu en visite dans les Territoires.

D'autres joueurs avant eux ont perdu la vie ou leur maison dans les guerres israélo-palestiniennes. Des membres de l'équipe nationale, reconnue pour la première fois en 1998 par la fédération internationale (FIFA), ont été emprisonnés par les Israéliens, comme Mahmoud Sarsak, pour appartenance présumée au Jihad islamique.

Pour pouvoir jouer, à l'extérieur ou à domicile, l'équipe nationale doit constamment composer avec les refus de visas des autorités israéliennes. Les 12 équipes professionnelles de Cisjordanie ne peuvent rencontrer les 12 de Gaza, et disputent deux championnats distincts.

Cela n'a pas empêché l'équipe nationale, jamais qualifiée pour la Coupe du monde, de causer la surprise en mai en se qualifiant pour la Coupe d'Asie des nations, une première pour cette équipe au 85e rang du classement de la FIFA.

Après avoir "élevé le nom et le statut de la Palestine au firmament du football asiatique" selon les mots du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, le football palestinien est mal en point. La reprise des championnats prévue cet été est retardée et la tenue des matches reste suspendue à la faculté des politiques israéliens et palestiniens à s'entendre sur un cessez-le-feu durable.

La fédération dit ne pas pouvoir encore évaluer les pertes dans le milieu sportif. Mais ce seraient des dizaines de joueurs qui auraient été blessés et ne pourraient jouer, sans parler des personnels administratifs, également touchés ou occupés à dégager les ruines de leur vie, ni de la dévastation infligée aux équipements sportifs.

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