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Amazon invite les lecteurs dans le conflit contre Hachette

Amazon invite les lecteurs dans le conflit contre Hachette

Interpellé par plus de 900 auteurs, Amazon invite samedi les lecteurs à prendre position dans son conflit avec l'éditeur américain Hachette Book Group (HBG), filiale du groupe français Lagardère.

Pour ce faire, le distributeur en ligne n'hésite pas à rendre publique dans une lettre, publiée sur le site www.readersunited.com, l'adresse électronique du patron de HBG, Michael Pietsch.

Il y enjoint les lecteurs à lui écrire pour faire pression et faire pencher la balance de son côté dans ce conflit commercial qui dure depuis plus de cinq mois.

"Nous sommes convaincus que rendre les livres accessibles est bon pour la culture. Nous avons besoin de vous. S'il vous plaît écrivez à Hachette et mettez-nous en copie", écrit Amazon.

Le groupe américain va jusqu'à suggérer des revendications types, dont l'une est d'accuser Hachette d'"entente illégale" pour maintenir élevés les prix des livres électroniques.

"Nous avons remarqué vote entente illégale. S'il vous plaît arrêtez de tout faire pour faire payer trop cher les livres électroniques", suggère-t-il.

Amazon réitère ainsi des arguments répétés depuis juillet: il se pose en défenseur de prix plus bas pour les livres électroniques qui, selon lui, "peuvent et doivent être moins chers" car ils ne présentent plus de coûts d'impression, de stockage ni de livraison.

Le distributeur dit vouloir un prix unique à 9,99 dollars pour nombre de livres électroniques, contre de 12,99 à 19,99 dollars actuellement, avance-t-il.

Contacté par l'AFP, Hachette n'a pas réagi dans l'immédiat.

Amazon et Hachette mènent depuis plusieurs mois aux Etats-Unis des négociations commerciales tendues. Pour faire pression sur l'éditeur, le distributeur en ligne a réduit ses stocks en provenance d'Hachette et a arrêté de prendre des précommandes pour les auteurs qu'il édite.

Depuis le début de l'affaire, l'éditeur de J.K Rowling, l'auteur d'Harry Potter, a demandé à Amazon de lever ces représailles. Sans grand succès.

"Nous n'abandonnerons pas le combat pour des prix de livres électroniques raisonnables", a martelé samedi Amazon.

Pour solidifier sa défense, il fait le parallèle avec le combat mené par les défenseurs du livre de poche dans les années 30.

Amazon affirme par exemple que l'écrivain britannique George Orwell avait conseillé aux éditeurs de s'unir pour tuer le livre de poche.

"Beaucoup croyaient que les livres de poches parce qu'ils étaient moins coûteux allaient détruire la culture littéraire et affaiblir l'industrie du livre (...) Beaucoup de librairies avaient refusé de les stocker, ce qui avait poussé les premiers éditeurs de livres de poche à utiliser des moyens de distribution autres, comme les buralistes", explique Amazon.

Cette situation s'apparente, affirme encore le distributeur, au combat qui l'oppose actuellement à Hachette, Amazon se positionnant en défenseur de la culture pour le plus grand nombre.

"L'histoire n'est pas en train de se répéter telle quelle mais il y a comme un écho", conclut-il.

Cette nouvelle offensive d'Amazon intervient à la veille de la publication dans le New York Times d'une publicité en pleine page d'une pétition signée par plus de 900 auteurs demandant à Amazon de mettre fin à son bras de fer avec Hachette.

Cette lettre, signée par des auteurs à succès comme John Grisham ou Stephen King, a été initiée par Douglas Preston, un écrivain américain de romans d'horreur.

Ces auteurs assurent ne pas prendre parti dans le conflit mais se sentent pris en otage.

"Nous sommes fermement convaincus qu'aucun libraire ne devrait ni empêcher, ni gêner la vente de livres, ni même décourager les clients de commander ou de vouloir recevoir les livres qu'ils désirent", expliquaient-t-ils début juillet.

"Amazon n'a pas le droit d'utiliser un groupe d'auteurs, extérieurs à ce conflit, pour mener des représailles ciblées", faisaient-ils valoir.

Le distributeur propose de verser aux auteurs publiés par HBG la totalité des recettes issues des ventes de leurs livres électroniques.

Mais cette proposition n'a pas réussi à apaiser ces derniers. Coincé, Amazon semble avoir choisi l'option de déplacer le conflit sur la place publique en prenant à témoin les lecteurs.

lo/bdx

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