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Rami et Oussama, de retour à Gaza en guerre après des années de prison à Israël

Rami et Oussama, de retour à Gaza en guerre après des années de prison à Israël

Certains Palestiniens feraient tout pour quitter la bande de Gaza. Rami et Oussama, eux, viennent d'y être renvoyés par Israël et découvrent, meurtris, les ravages de la guerre après des années dans les prisons de l'"ennemi".

Au propret poste-frontière d'Erez, vaste hangar militarisé, les deux jeunes Palestiniens, cheveux bruns et ras, ont l'air perdus, tandis que tout près, des chars israéliens bombardent Gaza. Libérés après des années dans les geôles israéliennes, ils s'apprêtent à rentrer.

Mais le Gaza qu'ils ont quitté n'a rien à voir avec celui qu'ils retrouvent. Pilonnée depuis près d'un mois par l'armée israélienne, qui cherche à réduire à néant les capacités militaires du mouvement islamiste Hamas, la petite enclave palestinienne est méconnaissable.

"Ca, c'est le Hamas? Non, c'était une école et ça c'était une mosquée", souffle, la gorge nouée, Oussama, en regardant le chapelet d'édifices éventrés en bordure de la route qui les conduit du poste d'Erez à leur nouvelle vie.

A l'entrée de Gaza, les déchets s'amoncellent, des enfants saluent l'autocar. Les deux hommes descendent, tout près de l'hôpital al-Shifa, balayé par les sirènes des ambulances. Oussama file vers Deir al-Balah (centre), Rami jusqu'à Rafah, près de la frontière égyptienne.

"C'était pour moi un rêve de retourner à Gaza, mais ça été un vrai choc. Tout est détruit. Tout a changé. Même dans mon quartier à Deir al-Balah, des maisons étaient détruites", confie le lendemain Oussama au téléphone, sous le bruit des bombes.

Ce trentenaire aux traits durs avait été arrêté un an en février 2008 pour une incursion illégale en territoire israélien, avant d'être reconnu coupable d'être un "combattant illégal", dit-il. Sa peine s'est terminée jeudi. En pleine guerre, il a été refoulé dans la bande de Gaza, que beaucoup rêvent de fuir.

Depuis le début de l'opération militaire israélienne contre le Hamas, début juillet, la bande de Gaza a des airs de prison en flammes, avec ses 1,8 million d'hommes, de femmes et d'enfants pris au piège d'affrontements sans possibilité de quitter l'enclave, soumise à un double blocus israélien et égyptien.

Seule lumière pour Oussama: sa femme et ses quatre enfants dont la petite Sara, née au début de sa détention, qu'il n'a jamais vue.

Blagueur au passage à la frontière, Rami se voûte peu à peu, pour essuyer des larmes avant l'arrêt dans le centre-ville de Gaza. Son arrivée à Rafah, après deux ans et demi de détention, il ne l'a annoncée à personne.

"Je suis libéré, ce devait être un jour heureux, mais ce ne l'est pas. Là, je vois Gaza en ruines, Gaza en guerre. Ce que je vois ce sont des martyrs, des gens qui souffrent. Mieux vaut mourir que de vivre comme ça, sans dignité", raconte-t-il.

En janvier 2012, Rami, alors âgé de 19 ans, avait été arrêté avec deux amis près de la frontière israélienne. "Ils nous ont accusés de faire partie de la résistance, ont dit que nous étions près de la frontière pour des repérages, que nous étions des terroristes."

Selon les données les plus récentes d'Amnesty International, fin 2012, plus de 4.000 Palestiniens étaient emprisonnés en Israël, dont quelques centaines en détention administrative, une disposition qui autorise l'emprisonnement de personnes, généralement pour des raisons de sécurité, sans jamais les juger.

"Au cours des derniers mois, le nombre de Palestiniens écroués en vertu des détentions administratives a augmenté de manière significative", assure Deborah Hyams, d'Amnesty International. Et depuis l'offensive terrestre dans la bande de Gaza, un nombre encore inconnu de Palestiniens a été arrêté, souligne-t-elle.

En juin, des organisations de soutien aux prisonniers palestiniens avaient fait état d'environ 5.600 détenus palestiniens en Israël, dont 340 en détention administrative.

Après deux ans et demi "sans être mis en accusation", Rami a été libéré de la prison de Ramon. "On m'a dit que j'étais libre. J'étais surpris. Je me suis dit: "C'est la guerre, pourquoi me libèrent-ils? "

gl/ng/cco

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