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Commission européenne: Jean-Claude Juncker l'alchimiste

Commission européenne: Jean-Claude Juncker l'alchimiste

Jean-Claude Juncker a un mois pour constituer la nouvelle Commission européenne et il va devoir se livrer à un délicat travail d'alchimiste pour tempérer les ambitions affichées par les Etats pour la répartition des portefeuilles et gérer les ego de certains nouveaux arrivants.

Le président élu de l'exécutif bruxellois a en mains depuis vendredi la liste des candidats présentés par les Etats-membres et les difficultés s'accumulent déjà.

A ce stade, 20 des 27 gouvernements ont fait part de leurs choix. Cinq n'ont pas dévoilé leurs intentions (Danemark, Chypre, Espagne, Pays-Bas et Roumanie) et deux (Belgique et Bulgarie) n'ont pas encore tranché, car ils sont en période de transition gouvernementale.

Très peu ont répondu à l'appel de M. Juncker de présenter des candidatures féminines. Trois femmes seulement ont été officiellement désignées: la Suédoise Cecilia Malmström, la Tchèque Vera Jourova et l'Italienne Federica Mogherini.

Il est loin du compte. Or, "une Commission avec seulement deux ou trois femmes ne serait pas crédible", a-t-il averti.

Le président du Parlement européen, le social-démocrate allemand Martin Schulz, a été plus direct: l'équipe n'obtiendra pas la majorité lors du vote d'investiture prévu en octobre. Dans ce cas, Juncker devra proposer une nouvelle équipe.

La Slovénie va l'aider car elle a proposé trois noms: la Premier ministre Alenka Bratusek, le ministre des Affaires étrangères Karl Erjavec et l'eurodéputée Tanja Fajon. Une poignée d'autre pays ont fait de même.

L'ancien Premier ministre luxembourgeois mise également sur les deux derniers pays qui doivent lui communiquer les identités de leurs candidats. Il pourrait enfin demander à certains gouvernements de revoir leur copie et de changer de candidats.

Les candidatures reçues sont des "suggestions", a-t-il fait savoir vendredi, même si au final, ce sont les Etats qui ont le dernier mot.

Pendant la campagne des européennes, Jean-Claude Juncker s'était dit prêt à refuser des candidats qui n'auraient pas le profil souhaité.

Il avait également souhaité donner un rôle plus politique à l'exécutif bruxellois en y intégrant des hommes et des femmes au "parcours politique national et européen impressionnants", lors d'un entretien à l'AFP.

Sur ce dernier point, il peut être satisfait: il va devoir travailler avec quatre Premiers ou ex-Premiers ministres --le Finlandais Jyrki Katainen, l'Estonien Andrus Ansip, le Letton Valdis Dombrtovskis et très probablement la Slovène Alenka Bratusek. S'ajoutent deux ministres des Affaires étrangères --l'Italienne Federica Mogherini et le Polonais Radek Sikorski-- et un ancien ministre des Finances, le Français Pierre Moscovici.

Ces nouveaux arrivants vont rivaliser avec le bataillon des commissaires sortants reconduits dans leurs fonctions qui connaissent déjà la maison et ses arcanes.

Interrogée par l'AFP sur le statut de ces nouveaux arrivants, la porte-parole de M. Juncker n'a pas souhaité faire de commentaires.

Si au Parlement européen, tous les députés sont sur un pied d'égalité, la situation est plus délicate à la Commission. Les candidats sont en effet désignés par les dirigeants et ces derniers ont des idées très précises sur le poste brigué.

Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi veut ainsi à tout prix placer Federica Mogherini comme "Haute Représentante de l'UE pour les affaires Etrangères".

Problème: le Premier ministre polonais Donald Tusk affiche les mêmes prétentions pour son ministre des Affaires étrangères, Radek Sikorski.

Le chef de l'Etat français François Hollande souhaite pour sa part une vice-présidence et un grand portefeuille économique. Le poste des Affaires économiques, en charge de la surveillance budgétaire, est régulièrement évoqué, mais Berlin voit cela d'un mauvais oeil alors que Paris ne parvient pas à ramener son déficit public dans les clous.

Jean-Claude Juncker doit soumettre son projet pour le sommet européen du 30 août. Les dirigeants européens espèrent qu'il va leur permettre de résoudre le "casse-tête des nominations" et de trouver le prochain chef de la diplomatie européenne et le successeur du Belge Herman Van Rompuy à la présidence du Conseil. Ils n'étaient pas parvenus à s'entendre sur ce point mi-juillet.

csg/may/jeb

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