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Indonésie: Widodo devrait être déclaré vainqueur de la présidentielle

Indonésie: Widodo devrait être déclaré vainqueur de la présidentielle

Le gouverneur de Jakarta et réformateur Joko Widodo devrait être déclaré mardi vainqueur de l'élection présidentielle en Indonésie, première économie d'Asie du Sud-Est, à l'issue d'une lutte acharnée face à un ex-général controversé de l'ère Suharto.

Dans une déclaration peu avant l'annonce des résultats officiels, l'ex-général Prabowo Subianto a accusé le camp de son rival de "fraudes massives, structurées et systématiques", et annoncé contre toute attente qu'il se retirait du processus.

"Nous allons user de notre droit constitutionnel pour rejeter l'élection présidentielle de 2014 qui est juridiquement invalide, et nous nous retirons donc du processus en cours", a ajouté Prabowo, dans un geste de dépit qui apparaît comme une concession de défaite.

La commission électorale doit annoncer dans la journée le nom du vainqueur du scrutin qui a eu lieu le 9 juillet dans la troisième démocratie au monde, alors que le processus de vérification est entré dans sa phase finale.

Joko Widodo, surnommé Jokowi, et Prabowo Subianto, avaient tous deux crié victoire après la fermeture des bureaux de vote, tandis que des estimations fiables réalisées à partir d'échantillons de bulletins de vote avaient donné près de 53% des suffrages au gouverneur de Jakarta, contre un peu plus de 47% à son rival.

Depuis, les tensions se sont exacerbées en raison de multiples accusations de fraudes et de tricherie de part et d'autre, à l'issue de l'élection la plus polarisée depuis la transition démocratique de l'archipel qui avait suivi la chute du dictateur Suharto en 1998, marquée par des violences qui avaient fait des dizaines de morts.

Plus de 250.000 policiers ont été mobilisés à travers le pays pour l'annonce des résultats, dont un peu plus de 3.000 rien que pour assurer la sécurité du bâtiment de la commission électorale au centre de Jakarta. Des dizaines de véhicules des forces de l'ordre, ainsi que des policiers et militaires étaient disséminés en ville.

Jokowi est appelé à devenir le premier président indonésien issue d'un milieu modeste et sans aucun lien avec le régime autocratique du passé, marquant l'avènement d'une nouvelle génération d'hommes politiques dans le plus grand pays musulman au monde, avec près de 250 millions d'habitants.

Agé de 53 ans, il entend poursuivre les réformes démocratiques de l'ère post-Suharto (1967-1998), après une ascension fulgurante en politique. Cet ancien vendeur de meubles est devenu maire d'une ville d'un demi-million d'habitants avant d'être propulsé gouverneur de Jakarta.

Par contraste, Prabowo Subianto, est un ancien gendre de Suharto qui a reconnu avoir enlevé des militants pro-démocratie à la fin de l'ère Suharto. A 62 ans, il se présente comme un dirigeant à poigne dont l'Indonésie aurait besoin, selon lui. Ayant fait fortune en se reconvertissant dans les affaires, il a estimé récemment que la démocratie telle qu'elle était conçue en Occident n'était "pas adaptée à l'Indonésie".

Les investisseurs dans la première économie d'Asie du Sud-Est espèrent une victoire de Jokowi, considéré comme un dirigeant honnête qui n'a été mêlé jusqu'ici dans aucune affaire judiciaire, contrairement à nombre d'autres hommes politiques de ce pays, l'un des plus corrompus au monde.

Si sa victoire est confirmée, Jokowi devra entreprendre des réformes impopulaires telles l'amélioration de la faible productivité de la main-d'oeuvre ou la réduction des coûteuses subventions accordées pour l'essence -- son prix est l'un des plus bas de la région --, afin de relancer l'économie dont le rythme de croissance autour de 6% depuis une décennie a légèrement ralenti depuis un an.

Outre la lutte contre la corruption, le nouveau président aura aussi la délicate tâche de maintenir l'attractivité du pays pour les investisseurs étrangers tout en tenant compte des appels à prendre des mesures protectionnistes.

bur-bfi/ros

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