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Israël accusé de "crime de guerre" après le pilonnage sanglant de Chajaya à Gaza

Israël accusé de "crime de guerre" après le pilonnage sanglant de Chajaya à Gaza

Les dirigeants palestiniens et la Ligue arabe ont accusé Israël d'avoir commis un "crime de guerre" et un "massacre" en pilonnant dimanche Chajaya, une banlieue de Gaza, faisant des dizaines de morts au 13e jour de ses opérations dans l'enclave palestinienne.

Selon les secours, au moins 60 personnes ont été tuées et plus de 200 blessées dans ce bombardement, le plus meurtrier depuis le conflit de 2008-2009 dans l'enclave palestinienne. Avec 87 morts à travers la bande de Gaza, c'est aussi la journée la plus sanglante depuis le 8 juillet, date du début de l'offensive israélienne pour neutraliser les capacités militaires du Hamas qui contrôle ce territoire.

A Chajaya, une journaliste de l'AFP a décrit des scènes de carnage et de chaos, tel cet homme éventré et à la tête arrachée. Les rues étaient parsemées de voitures calcinées, y compris une ambulance. Une foule de milliers de personne tentait de quitter la zone depuis le matin.

"Le bombardement brutal et l'offensive terrestre à Chajaya sont des crimes de guerre contre les civils palestiniens et une escalade dangereuse qui pourrait avoir de lourdes conséquences", a dénoncé la Ligue arabe.

Le gouvernement palestinien a aussi "condamné de la manière la plus forte qu'il soit le massacre atroce commis par les forces près de la frontière israélienne", selon un communiqué, appelant la communauté international a "réagir immédiatement à ce crime de guerre".

Face à l'ampleur du bilan, l'armée israélienne a justifié son offensive sur ce quartier située près de la frontière israélienne.

"Chajaya est une zone civile où le Hamas a placé ses roquettes, ses tunnels, ses centres de commandement", s'est justifié l'armée, "cela fait des jours que nous avons prévenu les civils de Chajaya qu'ils devaient évacuer. Le Hamas leur a ordonné de rester, c'est le Hamas qui les a mis dans la ligne de mire".

Une fragile trêve humanitaire demandée par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour évacuer les morts et les blessés de Chajaya a été rompue par intermittence. Finalement, l'armée a annoncé prolonger l'arrêt de ses tirs jusqu'à 14H30 GMT (17H30 locale) "bien que le Hamas ait tiré des roquettes".

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a pour sa part déclaré que le mouvement islamiste Hamas avait refusé la semaine dernière une proposition de cessez-le-feu, et qu'il s'est "obstiné à s'attirer l'acharnement" d'Israël.

Au total l'offensive israélienne a fait au moins 425 morts et 3.000 blessés, des civils pour l'essentiel, malgré les multiples appels de la communauté internationale à la retenue. L'ONU à Gaza a aussi indiqué accueillir désormais plus de 63.000 personnes déplacées.

L'armée israélienne a annoncé dimanche l'intensification de son offensive terrestre, lancée jeudi, pour neutraliser les tirs de roquettes et les tunnels du mouvement palestinien, considéré comme terroriste par Israël et l'occident.

Ce conflit, le plus sanglant depuis 2009 dans l'enclave palestinienne sous blocus depuis des années, est le quatrième entre le Hamas et Israël en moins d'une décennie.

L'armée israélienne a reconnu la mort de cinq soldats, notamment en repoussant samedi un commando palestinien qui s'était infiltré en Israël via un tunnel, alors que 55 autres ont été blessés. Deux civils israéliens ont été tués depuis le 8 juillet.

Le ministre israélien des Finances de Naftali Bennett a déclaré à la radio que les tunnels creusés par le Hamas étaient destinés à "attaquer simultanément sept à huit kibboutz" (village coopératif), affirmant qu'Israël était "prêt à payer un prix terrible pour éviter" de telles attaques.

L'armée a aussi fait état de 70 "terroristes" tués depuis jeudi et treize tunnels mis au jour. Par ailleurs, près de 60 roquettes ont frappé l'Etat hébreu samedi.

Israël a mobilisé 53.200 hommes sur les 65.000 réservistes autorisés par le gouvernement pour l'offensive sur cette petite bande de terre de 362 km2 où s'entassent dans la misère 1,8 million d'âmes, soit l'une des densités de population les plus fortes au monde.

Mais le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a souligné ne pas pouvoir garantir le succès de l'opération.

Sur le front diplomatique, les efforts se poursuivaient en vue d'une trêve. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, est attendu dimanche dans la région.

Le président palestinien Mahmoud Abbas devait lui rencontrer dimanche à Doha le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, qui réclame la levée complète du blocus de Gaza, l'ouverture du poste-frontière de Rafah avec l'Egypte et la libération de prisonniers. Une proposition égyptienne de cessez-le-feu avait été rejetée par le mouvement islamiste palestinien.

La presse israélienne soutient largement l'offensive, mais certains titres se demandent si le gouvernement est véritablement préparé à tous les scénarios.

Selon Yedioth Ahronoth, le gouvernement se pose encore la question de savoir s'il faut s'enfoncer plus dans Gaza ou limiter les opérations: "La question d'une stratégie de sortie a fait l'objet de discussions interminables qui n'ont pas abouti à une décision réelle".

bur-alf/cbo

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