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Malaise à Cuba après de nouvelles restrictions douanières sur les importations

Malaise à Cuba après de nouvelles restrictions douanières sur les importations

"L'Etat cubain ne veut pas de concurrence, mais il n'a rien à proposer à la place", se lamente Mirta, une employée d'une agence de tourisme en découvrant les nouvelles restrictions douanières frappant les importations de biens de consommation par les particuliers.

Les nouvelles dispositions douanières, qui entrent en vigueur le 1er septembre, limitent considérablement le nombre d'articles que les voyageurs peuvent importer, ainsi que le poids des paquets postaux, tout en augmentant dans de nombreux cas les taxes d'importation.

Le tout dans le but de "stimuler les achats dans le pays", où toute une série d'articles sont en situation de pénurie chronique, et "protéger le marché intérieur".

"Que la douane ne nous punisse pas ainsi, comme si nous étions tous des criminels, qu'ils essayent de régler leur problème mais pas en jetant le bébé avec l'eau du bain", s'enflammait récemment sur internet l'universitaire Esteban Morales.

Grâce à la réforme migratoire de janvier 2013, les cubains peuvent voyager librement et beaucoup de "fourmis" sont nées, effectuant des aller-retours en Floride, au Panama ou en Equateur chargés de vêtements, d'appareils électroménagers ou de pièces détachées diverses.

Des marchandises qu'on ne trouve pas dans les magasins d'Etat cubains ou à des prix exorbitants. Officiellement, seul l'Etat a le droit d'importer des biens de consommation courants.

"Des centaines de milliers de personnes vivent de ce petit commerce qui n'est pas plus +noir+ que celui de ceux qui imposent des prix et des taxes scandaleuses dans les magasins", écrit la journaliste indépendante Milena Recio sur le blog Progreso semanal.

"Moi je perds mon commerce, mais les plus touchés sont les consommateurs qui devront aller dans les magasins d'Etat acheter à prix d'or des produits chinois de mauvaise qualité", confie à l'AFP Maria, une "fourmi" de 50 ans qui effectuait un voyage par mois à l'étranger.

Les douanes avaient déjà tenté de limiter les importations en 2011, mais la réforme migratoire de 2013 a fait exploser les voyages des "fourmis".

"Les normes étaient déjà ridicules, mais maintenant c'est la misère", constate la journaliste Giselle Morales sur son blog.

Une "fourmi" pouvait ramener six téléviseurs. Ce seront maintenant seulement deux. Ou deux douzaines de paquets de sous-vêtements au lieu de quatre. Assez pour décourager les "fourmis" qui doivent financer leurs voyages.

Faute de magasins indépendants, les produits importés sont généralement offerts sur internet, par des sites d'annonces tels que Revolico ou Polalivre, qui ne sont pas officiellement accessibles depuis Cuba, mais dont les annonces circulent sous le manteau.

Quelques magasins privés qui fonctionnaient avec des licences de "couturier" ou "modiste" ont été interdits en janvier par les autorités communistes. Ceux-ci se sont souvent repliés dans des appartements, loin des regards indiscrets.

Universitaire et ancien diplomate, Jesus Arboleya regrette ces mesures "contre-productives".

"Cela entre en contradiction totale avec les réformes économiques, le développement du secteur des travailleurs indépendants et la politique de rapprochement avec la diaspora cubaine", juge l'ancien diplomate dans un article de Progreso Semanal.

"Plutôt que d'adopter une position négative et des mesures impopulaires, il vaudrait mieux organiser ce commerce, non seulement pour le faciliter mais aussi pour apporter la respectabilité que mérite cette manifestation mutuellement bénéfique du lien naturel entre le pays et sa diaspora", affirme Jesus Arboleya.

Même le très officiel quotidien Granma a publié vendredi des réactions de lecteurs jugeant ces mesures "incompréhensibles", "loin de la réalité cubaine", "injustes" ou encore "trop administratives pour ne pas porter avec elles le germe de la corruption".

En réponse, un fonctionnaire des douanes affirme à Granma que ce commerce "ne peut pas être un succédané aux marchés de gros que nous n'avons pas encore mais qui sont prévus dans le modèle de gestion que nous construisons".

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