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UE : les accusations de parti pris en faveur de la Russie à l'encontre de Mogherini agacent en Italie

UE : les accusations de parti pris en faveur de la Russie à l'encontre de Mogherini agacent en Italie

L'Italie a réagi avec un certain agacement aux accusations de parti pris en faveur de la Russie émises à l'encontre de la ministre italienne des Affaires étrangères, Federica Mogherini, dont la candidature au poste de chef de la diplomatie européenne est âprement défendue à Rome.

"Il est difficile de croire que l'Italie soit le seul pays qui fasse des affaires avec Moscou et qu'elle ne veuille pas de ce fait trop embarrasser la Russie", estime ainsi Giampiero Gramaglia, porte-parole auprès de l'Institut des Affaires internationales, un centre d'études ayant son siège à Rome.

Le quotidien La Repubblica a lui aussi pris jeudi la défense de Mme Mogherini, accusée par plusieurs Etats de l'est et du nord de l'Europe, d'être trop favorable à la Russie de Vladimir Poutine, en raison des liens économiques étroits entre Rome et Moscou.

"Poutine tente un peu partout de séduire ses partenaires européens. Mais (Mme) Mogherini ne s'est pas laissée séduire", affirme ce journal.

Celui-ci cite aussi des responsables de la Farnesina, le ministère italien des Affaires étrangères, jugeant "très fragiles" ces accusations à l'encontre de la ministre.

Toute cette controverse est une "manipulation" visant à nuire à l'Italie, estime ce journal proche du Parti démocrate (gauche, au pouvoir), qui souligne au passage les liens entretenus dans le passé par Mme Mogherini avec les Démocrates américains.

"L'Italie et l'Allemagne ont toutes les deux freiné les sanctions contre la Russie, préférant une approche plus graduelle afin de ne pas compromettre une solution négociée", relève encore La Repubblica.

Mais l'accusation d'être prorusse "ne tient pas", a affirmé, selon les médias italiens, le président du Conseil Matteo Renzi, après avoir échoué dans sa tentative d'imposer sa ministre auprès de ses collègues européens, réunis mercredi soir en sommet à Bruxelles.

Il a au passage réclamé le "respect" pour l'Italie, "pays fondateur" de l'Union européenne, avant de s'engouffrer dans la salle du Conseil européen où les 28 ne sont finalement pas parvenus à s'entendre sur les noms du futur président du Conseil européen et du chef de leur diplomatie.

Dans l'entourage de Mme Mogherini, cité par le journal Il Messaggero, on relève que la ministre a pris soin de se rendre à Kiev avant de rencontrer le président russe à Moscou.

De toute façon, "la relation avec la Russie est stratégique pour toute l'Europe, y compris pour l'Ukraine", relève-t-on de même source.

Les détracteurs de l'Italie insistent beaucoup sur cette visite de Mme Mogherini à Moscou au cours de laquelle elle a aussi plaidé auprès de Vladimir Poutine, la cause du projet de gazoduc South Stream, devant relier la Russie à l'Europe".

L'Italie et la Russie ont d'importants liens économiques et commerciaux, particulièrement dans le secteur des hydrocarbures. L'ancien président du Conseil italien Silvio Berlusconi faisait régulièrement étalage de ses excellentes relations avec M. Poutine.

Au cours de sa visite en Ukraine en février dernier, soit quelques jours avant sa nomination à la Farnesina, la ministre italienne avait accusé sur son blog le président russe de "faire revivre une attitude d'hégémonie régionale et de compétition avec l'Ouest".

Mais, ajoutait-elle, "il serait sans doute sage pour l'UE et les Etats-Unis de ne pas tomber dans le piège de la confrontation, et de ne pas prendre parti pour une partie ou une autre, mais plutôt de faciliter (la recherche d') une solution en vue de mettre fin aux violences et de favoriser une reconstruction nationale".

L'éditorialiste du journal Il Fatto Quotidiano se montre de son côté plus critique.

"Les Américains savent bien que le coeur de l'Italie est à Washington... mais que son portefeuille est à Moscou", juge le journal, ajoutant que Mme Mogherini n'a finalement pas fait grand-chose pour remettre en cause cet axe Rome-Moscou.

Le journal relève aussi que Mme Mogherini ne s'est guère empressée de condamner l'invasion de la Crimée en mars dernier.

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