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GB/remaniement: un gouvernement rajeuni, féminisé et plus eurosceptique

GB/remaniement: un gouvernement rajeuni, féminisé et plus eurosceptique

Le Premier ministre britannique David Cameron s'est livré mardi à un profond remaniement de son gouvernement, rajeuni, féminisé, et plus eurosceptique comme l'atteste la promotion de l'ex-ministre de la Défense Philip Hammond aux Affaires étrangères.

M. Hammond, 58 ans, un homme généralement effacé s'est pourtant récemment illustré en assurant qu'il n'hésiterait pas à préconiser la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne si les institutions bruxelloises refusaient de se réformer et de réformer leurs liens avec Londres.

La diplomatie avait été proposée à une autre personnalité franchement europhobe, l'ex-ministre de la Défense Liam Fox, qui a décliné l'offre.

Le remaniement plus ample que prévu distillé au compte-gouttes sur Twitter vise à mettre en ordre de bataille le gouvernement de coalition des conservateurs et libéraux démocrates, dix mois avant des élections générales qui s'annoncent serrées.

Le parti travailliste d'opposition devance les conservateurs (avec respectivement 38% et 33% des intentions de votes) dans un récent sondage YouGov.

Mais surtout les conservateurs ont assisté à une érosion de leur électorat en faveur du UK independence party (Ukip). Le parti europhobe et anti-immigration est sorti vainqueur des récentes élections européennes et se glisse en troisième place, devant le parti libéral-démocrate en déshérence.

Son chef le vice-Premier ministre Nick Clegg, n'en a pas moins été prolongé dans ses fonctions.

Le fait le plus marquant est le départ surprise du ministre des Affaires étrangères William Hague, poids lourd du parti conservateur dont il a assuré la présidence de 1997 à 2001.

Il restera quelques mois encore au gouvernement en tant que Leader de la chambre des Communes (la chambre basse du parlement), afin de mener la campagne des législatives de mai 2015. Il a toutefois précisé qu'il ne briguerait pas un nouveau mandat de député.

Un porte-parole travailliste, Michael Dugher, a été prompt à évoquer "un massacre des modérés" par un Premier ministre "affaibli" et "apeuré face à son aile droite".

"La politique étrangère britannique va maintenant être dirigée par un homme qui a ouvertement évoqué notre sortie de l'Union européenne", a-t-il relevé.

"Je crois qu'en Europe sera perçu le signal d'une hausse des enchères, dans un jeu encore plus tendu", a approuvé Mats Persson, directeur de l'institut londonien Open Europe.

Les éditorialistes ont pour leur part fait référence à "une purge ministérielle sanglante" (The Times), ou "une élimination des hommes blancs et fades" (The Sun, Financial Times).

La moyenne d'âge du gouvernement chute ainsi de 5 ans, à 47 ans et demi.

Le départ de Kenneth Clarke, ministre sans portefeuille de 74 ans et baron de la politique à son zénith du temps de "la dame de fer" Margaret Thatcher, illustre particulièrement la volonté de rajeunissement.

Connu pour son franc-parler, grand amateur de jazz, de cigares et de bon whisky, Kenneth Clarke a pour autre originalité d'être europhile. Frondeur, il a promis "de faire vigoureusement campagne en faveur du maintien de notre pays dans l'UE".

Au nombre des victimes de "la purge des quinquagénaires" selon l'expression du Daily Mail, figurent notamment Owen Paterson (Environnement), David Willets (Universités).

Le départ de l'Attorney general Dominic Grieve, plus haut magistrat du pays siégeant au cabinet, constitue un autre souci pour les europhiles. Il était réputé hostile au rapatriement de prérogatives juridiques dévolues à Bruxelles et opposé à l'abandon du mandat d'arrêt européen.

L'enjeu est de taille au moment où David Cameron, qui a perdu sa bataille pour empêcher la nomination de Jean-Claude Juncker, jugé trop fédéraliste, à la présidence de la Commission européenne, s'est engagé dans une autre croisade à l'issue incertaine.

Il a promis d'organiser en 2017 un référendum sur le maintien ou pas du Royaume-Uni au sein du club des 28 préalablement réformé.

Parmi les survivants de premier plan se range George Osborne, le ministre des Finances âgé de 43 ans, chargé de parachever le redressement de l'économie britannique.

Au sein du cabinet, le premier cercle gouvernemental, on compte désormais 5 femmes sur 22 ministres. Un chiffre encore en deçà des promesses de David Cameron qui voulait qu'elles représentent le tiers des effectifs.

La principale promue est Nicky Morgan, 41 ans, nommée à l'Education, un poste qu'elle cumule avec ses anciennes fonctions de secrétaire d'Etat aux Femmes et à l'Egalité.

Elizabeth Truss, la benjamine à 38 ans, est quant à elle propulsée secrétaire d'Etat à l'Environnement.

Une autre nomination stratégique a été annoncée mardi. Le leader conservateur à la chambre des Lords, Jonathan Hill, businessman francophone à l'euroscepticisme modéré et inconnu du grand public, a été désigné volontaire à des fonctions dont il disait ne pas vouloir: il est le candidat de Londres à un poste de commissaire européen qui promet d'être particulièrement délicat dans le contexte actuel.

dh/alm/cgu

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