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Tour de France - Cheng Ji, un rêve dans la douleur

Tour de France - Cheng Ji, un rêve dans la douleur

Premier Chinois à courir le Tour de France, Cheng Ji savoure, malgré la douleur, son rêve de participer à la plus grande course du monde après de longues années de formation en Europe.

Samedi, il a terminé dernier de la 8e étape. Dimanche, il était dans le dernier groupe à franchir la ligne d'arrivée (169e). Au classement général, il pointe à l'avant-dernière position. Mais il assure qu'il "profite": "C'est un rêve que je réalise."

Après avoir couru la Vuelta en 2012 et le Giro en 2013, il a pris cette année, à 27 ans, le départ de la Grande Boucle et découvert son exigence physique, son stress, sa ferveur.

"Le premier jour en Angleterre, il y avait énormément de monde, on était si serré ! Je n'aurais jamais imaginé qu'il pouvait y avoir autant de monde ! Maintenant, je m'y fais", explique-t-il.

Le début de Tour a été éprouvant pour le coureur de la Giant, dont le rôle consiste à assurer le rythme en tête de peloton et à chasser les échappées durant les deux premiers tiers de l'étape, avant de laisser la place à ses équipiers préposés au train de Marcel Kittel dans la dernière partie.

Ce travail lui a valu sur la Vuelta le surnom de "tueur d'échappées". Sur le Tour, la tâche est plus relevée.

"Je savais en venant que ce serait nerveux. Tu essaies de contrôler la situation mais il y a des équipes qui viennent rouler plus vite et t'as envie de leur dire: +On est encore à 100 kilomètres de l'arrivée, à quoi ça sert ?+. Courir les étapes devant, ça fatigue. J'ai les jambes lourdes".

Après le stress, les premiers reliefs commencent à peser mais il tente de gérer sa fatigue jusqu'à la journée de repos de mardi.

"Pour moi, les montagnes, c'est surtout une question de survie. On dépense beaucoup d'énergie sur les étapes de sprint. Et sur le Tour de France, il faut se battre tous les jours, ce n'est pas une course où tu te dis +Aujourd'hui, je vais y aller tranquille+. Avec la montagne qui arrive, je suis un peu stressé, les délais peuvent être courts."

Ce pionnier chinois, qui a débuté en athlétisme dans le demi-fond (800-1500 m) avant de découvrir le vélo à 16 ans, a déjà reçu plus de 200 messages de soutien de son pays d'origine où il n'habite plus depuis 2007.

Après un an dans l'équipe hongkongaise Purapharm, il a été recruté par la formation Skil-Shimano. "Shimano voulait soutenir des coureurs chinois. Ils voulaient que quelqu'un aille dans une équipe européenne pour qu'il y ait à terme un Chinois sur le Tour de France. J'ai eu de la chance, ils m'ont appelé et m'ont dit +Tu es jeune et bon sur la route+".

Quelques mois plus tard, il quitte sa ville d'Harbin, dans le nord-est de la Chine, pour les Pays-Bas.

"Ca a été une politique de l'équipe de penser au développement du cyclisme asiatique, explique le directeur sportif Christian Guiberteau. C'est un long projet parce qu'il est parti de zéro, il n'avait pas de culture vélo".

Habitué à courir en aller-retour sur des autoroutes, Cheng Ji a découvert les courses de plus haut niveau sur les routes étroites et vallonnées du Benelux, mais aussi la vie européenne.

"La première année, ce n'était pas facile, tout était tellement différent en Europe, jusqu'aux plus petites choses. Quand on rentre d'une course un dimanche ou un lundi, tout est fermé, même les restaurants", raconte-t-il.

"Ma famille est restée en Chine, ma femme aussi. C'est dur. Elle avait prévu de venir en Europe en juillet parce qu'elle a des vacances. Puis on m'a dit que je ferais sûrement le Tour de France."

Sur les routes du Tour, il se voit en "modèle" pour un cyclisme chinois "qui devient de plus en plus populaire depuis trois ans".

Il rêve de finir le Tour, ce qu'il a réussi sur la Vuelta (175e) mais pas sur le Giro (abandon sur maladie). Dimanche, il a "survécu" une nouvelle journée mais la route jusqu'aux Champs-Elysées est encore très longue.

sva/jm/bvo

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