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Irak: les jihadistes proclament un califat, veulent étendre leur hégémonie

Irak: les jihadistes proclament un califat, veulent étendre leur hégémonie

Les jihadistes sunnites contrôlant de larges pans de territoire en Irak et en Syrie voisine ont affiché leur détermination à étendre leur hégémonie en annonçant la création d'un califat et appelant les musulmans du monde entier à prêter allégeance à leur chef.

Sur le terrain, les forces gouvernementales irakiennes poursuivaient lundi pour le troisième jour consécutif leur contre-offensive visant à reprendre Tikrit (nord), ancien fief de Saddam Hussein tombé comme de nombreuses autres régions aux mains des insurgés au cours de leur avancée fulgurante débutée le 9 juin.

Alors que l'offensive des insurgés sunnites a fait plus d'un millier de morts et des centaines de milliers de déplacés, le Parlement irakien issu des élections d'avril doit se réunir mardi pour amorcer le processus de formation d'un nouveau gouvernement.

A l'étranger, comme en Irak, les appels se sont multipliés en faveur d'un cabinet d'union nationale, le pays, miné depuis des années par des divisions confessionnelles, étant désormais au bord du gouffre.

Les jours du chiite Nouri al-Maliki, à la tête du gouvernement depuis 2006, pourraient être comptés, l'offensive des insurgés et les accusations de sectarisme réduisant ses chances d'être reconduit.

Dans un enregistrement audio diffusé dimanche sur internet, les jihadistes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) --qui se fait désormais appeler "l'Etat islamique" (EI)-- ont annoncé la création d'un "califat" sur une zone allant d'Alep, dans le nord de la Syrie, à Diyala, dans l'est de l'Irak.

Ils ont prévenu qu'il était du "devoir" de tous les musulmans du monde de prêter allégeance à leur chef, Abou Bakr Al-Baghdadi, proclamé "calife Ibrahim".

Le califat est un régime politique hérité du temps du prophète Mahomet, mais il a disparu avec le démantèlement de l'Empire ottoman dans les années 1920. Le calife est, littéralement, le successeur du prophète pour faire appliquer la loi en terre d'islam.

"Musulmans (...) rejetez la démocratie, la laïcité, le nationalisme et les autres ordures de l'Occident. Revenez à votre religion", a lancé le porte-parole du groupe, Abou Mohammad al-Adnani, dans cet enregistrement auquel les autorités irakiennes et syriennes n'avaient pas encore réagi lundi soir.

"D'un point de vue géographique, l'Etat islamique est déjà parfaitement opérationnel en Irak et en Syrie. Il est en outre présent -mais caché- dans le sud de la Turquie, semble avoir établi une présence au Liban, et a des partisans en Jordanie, à Gaza, dans le Sinaï, en Indonésie, Arabie saoudite, et ailleurs", affirme Charles Lister, chercheur associé à Brookings Doha.

Pour Shashank Joshi, chercheur au Royal United Services Institute à Londres, cette annonce "ne change rien matériellement". "Ce qui change réellement c'est (...) l'ambition" de ce groupe, qui montre ainsi sa confiance dans sa force. "De nombreux musulmans radicalisés pourraient être tentés de rejoindre (sa) cause", estime-t-il.

M. Lister juge également que l'annonce d'un califat fait "peser une menace considérable sur Al-Qaïda et son rôle de leader de la cause jihadiste mondiale".

L'Etat islamique était au départ une émanation d'Al-Qaïda avant qu'il ne conteste ouvertement à partir de 2013 l'autorité de son chef, Ayman al-Zawahiri.

Connus pour leur brutalité, ses jihadistes livrent combat désormais aussi bien aux rebelles qu'au régime en Syrie. Dans ce pays, où ils ont fait de Raqa (nord) une "capitale" très organisée, ils contrôlent une grande partie de la province de Deir Ezzor (est) frontalière de l'Irak et des positions dans celle d'Alep.

En Irak, où il bénéficie du soutien d'ex-officiers de l'ancien président Saddam Hussein --renversé par l'invasion américaine de 2003--, de groupes salafistes et de certaines tribus, l'EI est implanté depuis janvier dans la province d'Al-Anbar (ouest).

Et il a mis la main depuis trois semaines sur Mossoul, deuxième ville du pays, une grande partie de sa province Ninive (nord), ainsi que des secteurs des provinces de Diyala (est), Salaheddine (nord) et Kirkouk (ouest).

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a assuré lundi que ces jihadistes avaient vendu du pétrole provenant des zones sous leur contrôle au président syrien, Bachar al-Assad: "Officiellement ils se combattent, mais en fait ils se soutiennent mutuellement très souvent".

Pour aider l'armée irakienne à regagner du terrain après sa débandade initiale, la Russie a livré cinq avions de combat Sukhoi et les Etats-Unis ont envoyé des conseillers militaires et des drones pour survoler Bagdad.

Près de Tikrit, des renforts en chars et artillerie sont arrivés lundi pour aider les milliers de soldats déjà déployés. Selon un officier de l'armée, les troupes, qui bénéficient de l'appui de l'aviation, contrôlent des secteurs à la périphérie de la ville située à 160 km au nord de Bagdad.

bur-psr/cco/feb

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