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Cameron livre jusqu'au bout bataille contre Juncker, "la mauvaise personne"

Cameron livre jusqu'au bout bataille contre Juncker, "la mauvaise personne"

David Cameron a livré jusqu'au bout vendredi une bataille perdue contre Jean-Claude Juncker, dénoncé comme la "mauvaise personne" pour diriger la Commission européenne.

M. Juncker est la "mauvaise personne". "Toute sa vie, il a été au coeur du projet européen pour accroître les pouvoirs de Bruxelles et réduire le pouvoir des Etats", a déclaré M. Cameron, qui exige un rapatriement de nombreuses compétences européennes à Londres. "Ce n'est pas la bonne personne pour mener cette institution", a-t-il martelé.

Au delà de la personne de Jean-Claude Juncker, David Cameron a rappelé son opposition de "principe" au fait que les dirigeants européens "renoncent", au profit du Parlement et des partis politiques européens, à la prérogative qu'ils exerçaient depuis près de 60 ans de nommer le titulaire de la "fonction la plus importante en Europe".

Pour autant, il mène un combat sans espoir puisque seul son homologue hongrois, Viktor Orban, est resté à son côté. Interrogé par une radio hongroise, M. Orban a confirmé qu'il ne voterait pas pour M. Juncker tout en insistant sur la nécessité de trouver des "points de convergence" avec le prochain président de la Commission européenne.

Malgré de nombreuses réticences initiales, y compris de la chancelière allemande Angela Merkel, tous les dirigeants, de droite comme de gauche, se sont progressivement ralliés à la candidature Juncker.

A 59 ans, ce vieux routier de la politique européenne à la vision fédéraliste, ancien Premier ministre du Luxembourg et ancien patron de l'Eurogroupe, était donc assuré d'être désigné comme président de la Commission.

Même la presse britannique, reconnaissait vendredi la probable victoire de M. Juncker, tout en lançant une nouvelle salve contre lui en dénonçant sa consommation présumée d'alcool.

M. Cameron, soumis dans son pays à une forte pression des europhobes de l'UK Independence Party (Ukip), sorti grand vainqueur des élections européennes à moins d'un an des législatives, a confirmé qu'il irait jusqu'au bout et qu'il demanderait un vote. "Je sais que je suis donné perdant, mais cela ne veut pas dire qu'il faille changer d'avis".

Nombre de dirigeants étaient déjà passés vendredi à la prochaine étape, et tentaient de conjurer un départ du Royaume-Uni de l'UE. "Nous devons jeter des ponts", a assuré le Premier ministre conservateur finlandais Alexander Stubb, en plaidant pour une libéralisation de l'économie pour complaire aux Britanniques.

Dès jeudi, Mme Merkel s'était engagée à rechercher un "large terrain d'entente sur le contenu" des politiques européennes. "Nous pouvons trouver des compromis et faire un pas vers la Grande-Bretagne", avait-elle insisté.

Le suédois Fredrik Reinfeldt, qui a lâché M. Cameron il y a seulement deux jours, a jugé que le "programme est plus important que la personne". M. Cameron et "le peuple britannique ont des amis dans l'UE. (...) Nous voulons qu'ils restent dans l'UE", a-t-il ajouté en souhaitant lui aussi que l'UE "fasse plus" à leur égard.

Résumant la position de la gauche européenne, la Première ministre social-démocrate danoise, Helle Thorning-Schmidt, a souhaité que les 28 se focalisent sur les "priorités" de l'UE pour les cinq prochaines années. "La stratégie est beaucoup plus importante que la personne qui sera chargée de la mettre en oeuvre", a-t-elle ajouté.

Les dirigeants sociaux-démocrates, emmenés par le français François Hollande et leur figure montante, l'italien Matteo Renzi, veulent en échange une plus grande "flexibilité" dans l'application des règles budgétaires, afin de soutenir l'investissement et la croissance.

Mais les tenants de l'orthodoxie, au premier rang desquels la chancelière allemande Angela Merkel, ont répété qu'il n'était pas question de modifier le pacte.

Le programme de travail défini par les 28 pour la prochaine Commission devrait donc se contenter de souligner que l'UE "a besoin d'initiatives décisives pour accroître les investissements, créer des emplois en plus grand nombre et de meilleure qualité et encourager les réformes en faveur de la compétitivité".

"Cela nécessite de faire un bon usage de la flexibilité prévue dans les règles actuelles du pacte de stabilité", ajoute le projet de texte élaboré par le président du Conseil européen.

Dans une tribune commune publiée dans le Wall Street Journal vendredi, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble et son homologue italien Pier Carlo Padoan plaident ensemble pour la poursuite des réformes et assurent qu'il n'y a pas de "conflit" entre Rome et Berlin, tout en évitant d'évoquer le pacte de stabilité.

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