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Mondial-2014 : L'Uruguay fait bloc autour de son attaquant suspendu

Mondial-2014 : L'Uruguay fait bloc autour de son attaquant suspendu

L'Uruguay serrait les rangs jeudi derrière son attaquant vedette, Luis Suarez, suspendu neuf match par la Fifa pour avoir - à nouveau - mordu un adversaire, exemple de la "garra charrua", cette capacité à faire feu de tout bois dans l'adversité qui caractérise la "Celeste".

"Disproportionnée", "indigne", "exagérée": de la ministre des Sports Liliam Kechichian au président de la Fédération uruguayenne de football, Wilmar Valdez en passant par d'innombrables supporters sur les réseaux sociaux, la sanction contre l'attaquant vedette de l'équipe nationale et mordeur récidiviste reste en travers de la gorge de nombreux habitants de ce petit pays, demi-finaliste surprise du Mondial-2010.

Jeudi matin, la Fifa avait annoncé la suspension du "pistolero" de Liverpool pour neuf matches et quatre mois de toute activité footballistique pour avoir mordu mardi le défenseur italien Giorgio Chiellini lors du match qui a qualifié son équipe (vainqueur 1-0) pour les 8es de finale.

Dans la foulée, le président de la Fédération uruguayenne annonçait depuis Rio de Janeiro son intention de faire appel de la décision, mais celui-ci ne sera pas suspensif.

"Nous sommes blessés par la sanction disproportionnée", a écrit la ministre sur son compte Twitter, indiquant qu'elle rencontrerait dans la journée le président de la République José Mujica pour analyser la situation car "il s'agit d'un événement qui affecte la société uruguayenne", a-t-elle renchérit plus tard devant la presse.

"L'AUF déposera un appel aujourd'hui (jeudi)", a indiqué pour sa part M. Valdez à Rio. "Je respecte la décision mais elle est totalement exagérée", a-t-il ajouté.

"C'est un sujet très compliqué pour nous. Il n'y a pas de preuve évidente pour prendre une sanction si dure. Nous avons dit au président de la Fifa que l'Uruguay ne demande aucun privilège (...). Nous avons vu des matches plus agressifs et la Fifa n'a pas réagi avec autant de sévérité", a poursuivi M. Valdez.

La veille, c'est le président de la République uruguayenne qui semblait avoir résumé le sentiment national, affirmant qu'il n'avait vu le joueur "mordre personne", et estimé qu'une cabale visait Suarez, à qui "on ne pardonnait pas ses défauts".

"Je ne pense pas que Suarez est une victime et l'Uruguay ne se sent pas persécuté, ce sont des faits objectifs", a encore martelé Wilmar Valdez.

Après les effusions de joie mardi suite à la qualification pour les 8es de finale, les Uruguayens sont restés mercredi et jeudi suspendus aux lèvres de la Fifa, dans l'attente tremblante de sa décision.

A peine celle-ci connue, politiques, journalistes et supporters ont multiplié les déclarations, très majoritairement pour manifester leur soutien au mis en cause et à son équipe, plus rarement pour demander aux "Celestes" de se retirer du Mondial.

C'est que dans ce petit pays laïc de 3,3 millions d'habitants coincé entre les géants brésilien et argentin, le football fait presque figure de religion d'Etat, avec deux titres de champions du monde (1930 et 1950).

Sur Twitter, le hashtag #TodosSomosSuarez faisait recette.

"Indigne décision de la Fifa. Allez l'Uruguay. Nous sommes tous Suarez!!", a posté la dirigeante du Frente amplio (gauche), le parti au pouvoir, Monica Xavier. Le sénateur d'opposition Alfredo Solari a lui accusé les Anglais (éliminés dans le même groupe avec l'Italie) d'être des "mauvais perdants". "Ils ont oublié le fair play mais... nous serons champions contre l'adversité".

"9 matches... Luis a tué qui ?", s'est indigné pour sa part le journaliste Federico Paz.

"En Uruguay, plus que dans d'autres pays, quand la sélection est sur le terrain les gens sentent que tout le pays est sur scène", explique à l'AFP le docteur en sociologie Ignacio Pardo. "Il n'est pas métaphorique de dire +Nous gagnons+ ou +Nous perdons+ à la première personne du pluriel", ajoute-t-il.

"Je ne crois pas pour autant que la majorité pense qu'il ne fallait pas sanctionner Suarez", simplement que la décision est "un peu disproportionnée".

"Cela cohabite avec une certaine dose de chauvinisme national comme dans tous les pays avec le Mondial, mais le plus marquant est qu'il y a une certaine disproportion (...) et que l'on étrenne une sanction spécialement contre une sélection qui n'est pas parmi les plus puissantes, alors cela renforce le sentiment de nous contre le reste du monde", poursuit-il.

aic/pm/hdz/dhe

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