Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Mondial-2014 - L'ombre du condor Rojas plane encore sur le Chili

Mondial-2014 - L'ombre du condor Rojas plane encore sur le Chili

Le huitième de finale Chili-Brésil samedi ne manquera pas de raviver une blessure ouverte voilà un quart de siècle, sur ce même sol brésilien, par le gardien chilien Rojas, auteur du plus grand scandale de l'histoire du football de la Roja sud-américaine.

La carrière sportive de Roberto Rojas, alias le Condor, s'est brutalement arrêtée le 3 septembre 1989, au Maracana, à la 67e minute. Brésil et Chili s'affrontent alors dans cadre des éliminatoires pour la Coupe du monde 1990.

Le Chili, qui doit gagner pour pouvoir participer au Mondial en Italie, est mené 1 but à 0 lorsque son gardien s'écroule sur la pelouse, à côté d'un feu de bengale tiré depuis les tribunes. Roberto Rojas, le capitaine de l'équipe, est blessé, le visage en sang, et ses coéquipiers décident de l'évacuer et de quitter le terrain. Ils ne reviendront jamais sur la pelouse.

Les Chiliens pouvaient alors espérer qu'une nouvelle rencontre soit organisée, sur terrain neutre, voire même que le Brésil soit sanctionné d'un match perdu. Mais la version de l'agression, qui n'a pas été filmée, perd rapidement de sa force, des photos montrant notamment que le feu de bengale est en fait tombé assez loin du gardien.

La vérité de ce "Maracanazo" chilien, en référence au "Maracanazo" brésilien et à la défaite de la Seleçao offrant le titre mondial 1950 à l'Uruguay, mettra plusieurs mois à émerger totalement, jusqu'à ce que le gardien chilien livre sa confession au quotidien chilien La Tercera qui la publie le 25 mai 1990 sous le titre "Je suis coupable".

Roberto Rojas explique alors qu'il avait tout prémédité, cachant dans ses gants une lame de bistouri afin de pouvoir simuler une blessure au cas où le match prendrait une tournure défavorable pour le Chili. Et il assure que le vice-capitaine chilien, Fernando Astengo, était dans la confidence.

A l'issue d'une longue enquête, la Fifa adopte une série de sanctions: le Chili est écarté des éliminatoires du Mondial 1994, le président de la Fédération, Sergio Stoppel, l'entraîneur Orlando Aravena et Astengo sont suspendus cinq ans, et Roberto Rojas est radié à vie.

A 32 ans, Roberto Rojas, considéré comme l'un des meilleurs gardiens sud-américains, voit donc sa carrière de joueur se terminer. En 2000, la Fifa accepte enfin de lever cette sanction, et il se relance dans l'entraînement des gardiens pour le club de Sao Paolo, dont il portait les couleurs au moment du "Maracanazo".

Ce scandale est une tâche indélébile pour le football chilien, qui a dû attendre 1998 et la Coupe du monde en France pour retrouver son aura à l'étranger. Emmenée par Ivan Zamorano, la sélection chilienne réussit à se qualifier pour les huitièmes de finale contre le Brésil, qui l'emporte largement (4-1).

Un quart de siècle après ce retentissant scandale, Roberto Rojas vit toujours au Brésil, où il suit de près le parcours de la sélection chilienne dans ce Mondial-2014. Son état de santé très fragile ne lui permet cependant pas d'assister à tous les matches de la sélection chilienne, l'ancien gardien étant en attente d'une greffe du foie à cause d'une hépatite C.

Dans différentes interviews accordées à des médias chiliens, Roberto Rojas a souvent souligné l'importance de l'hommage que lui a rendu son successeur actuel dans les buts chiliens. Sur son compte Twitter, Claudio Bravo a ainsi publié une vieille photo sur laquelle il apparaît aux côtés de Roberto Rojas, du temps où il était en formation dans le club de Colo Colo. Quelques mots accompagnent ce cliché: "C'est pour toi mon ami".

"Je le remercie beaucoup, c'est quelque chose qui me fait vraiment beaucoup du bien au moral", a ainsi déclaré Roberto Rojas au quotidien populaire chilien La Cuarta, refusant cependant de revenir sur ces événements du 3 septembre 1989 au Maracana.

Avec sa brillante prestation contre l'Espagne dans ce même stade le 18 juin, Claudio Bravo, dont le transfert au FC Barcelone vient d'être confirmé, a en tout cas permis d'associer cette enceinte mythique à un épisode footballistique bien plus glorieux pour le football chilien.

obr/ol/jta

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.