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Le péril jihadiste s'impose au prochain sommet de l'Union africaine

Le péril jihadiste s'impose au prochain sommet de l'Union africaine

L'Union africaine (UA) tient jeudi à Malabo, en Guinée équatoriale, un sommet dont l'ordre du jour a été bouleversé par les attaques meurtrières de jihadistes qui frappent désormais jusqu'au coeur du continent, suscitant une inquiétude grandissante des dirigeants africains.

Présidée par le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, réélu il y a quelques jours, dont le pays est concerné au premier chef par la présence des islamistes armés au Sahel, l'organisation panafricaine a mis à l'ordre du jour de son 23e sommet ordinaire, qui s'achèvera vendredi, "L'agriculture et la sécurité alimentaire en Afrique".

L'enjeu est effectivement capital pour un continent dont la majorité de la population vit encore de l'agriculture et dont la croissance économique ininterrompue de ces dernières années a besoin d'un secteur agricole fort pour franchir un nouveau palier.

Mais comme souvent dans les sommets africains, crises, conflits et rébellions s'imposent aux chefs d'Etat.

Afrique du Nord, Sahel, Corne de l'Afrique et maintenant Afrique de l'Ouest et centrale aux prises avec les islamistes armés, tels le groupe nigérian Boko Haram qui multiplie enlèvements, massacres de villageois et attentats sanglants et dont les exactions débordent jusqu'au Cameroun voisin: le tableau n'est guère réjouissant pour les Africains.

"Il y a eu des attaques au Kenya, mais il y en a aussi eu dans beaucoup d'autres endroits (du monde), de l'Irak au Nigeria, en Somalie... C'est une guerre globale", a affirmé à l'AFP à Malabo la ministre kényane des Affaires étrangères, Amina Mohamed, en marge des réunions préparatoires au sommet.

"Durant ce sommet, nous espérons que l'Afrique se mobilisera contre le terrorisme", a-t-elle ajouté.

En effet, malgré des interventions militaires occidentales, au Mali notamment, et le renforcement des moyens de surveillance et de frappe des Français, des Américains et des Britanniques en Afrique, les islamistes multiplient les attaques meurtrières sous leurs différentes appellations - shebab, Aqmi, Ansaru, Boko Haram... - sur un continent, où la misère endémique, des régimes guère préoccupés par les droits de l'homme et le rejet de l'Occident qui les soutient souvent fournissent un terreau fertile à l'extrémisme.

Et les gouvernements africains qui sont en première ligne - Libye, Kenya ou encore Nigeria, sans parler de la Somalie en permanence au bord du chaos - apparaissent largement impuissants face à la recrudescence des attaques.

Cette progression alarme des pays qui récemment encore se sentaient étrangers à la problématique, comme la Guinée équatoriale, hôte du sommet. "Nous allons sérieusement aborder ce problème (des jihadistes) lors du sommet", a ainsi déclaré récemment son président, Teodoro Obiang Nguema.

Ce dossier brûlant risque de reléguer au second plan les autres crises du continent, la guerre civile et son cortège d'atrocités au Soudan du Sud et la Centrafrique, où les tueries intercommunautaires à caractère religieux entre chrétiens et musulmans n'en finissent pas.

Dans ce pays, l'UA, qui y a engagé une force militaire appuyée par l'armée française, s'apprête à passer le relais en septembre à une mission de l'ONU. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, assistera d'ailleurs au sommet.

Rare motif de satisfaction pour les dirigeants dans ce ciel sombre, la réunion marque le grand retour sur la scène continentale de l'Egypte, suspendue de l'organisation après le renversement du président Mohamed Morsi par l'armée.

L'UA, dont les statuts stipulent qu'elle adresse un carton rouge à un pays membre en cas de coup d'Etat, a réintégré l'Egypte le 17 juin, après l'élection à la tête du pays du maréchal Abdel Fattah al-Sissi. Selon les autorités équato-guinéennes, le maréchal sera à Malabo pour une photo de famille avec ses pairs africains, symbole de légitimé internationale retrouvée.

Comme à chaque sommet, Malabo sera aussi l'occasion de rencontres bilatérales entre chefs d'Etat parfois en froid pour tenter de régler des litiges, avec d'autres présidents jouant les médiateurs.

Ce pourrait être le cas pour l'interminable conflit des Grands Lacs, marqué encore récemment par des combats entre armées congolaise et rwandaise.

Pour les pays africains francophones, le sommet de Malabo sera également l'occasion de négocier le candidat de l'Afrique pour succéder, à la tête de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), au Sénégalais Abdou Diouf, qui achève en novembre son mandat de secrétaire-général.

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