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Porochenko s'attelle à une tâche herculéenne pour pacifier l'Ukraine

Porochenko s'attelle à une tâche herculéenne pour pacifier l'Ukraine

Le nouveau président ukrainien Petro Porochenko s'est attelé dimanche à une tâche herculéenne pour mater une sanglante insurrection armée prorusse dans l'Est et éviter une coupure du gaz russe qui inquiète les Européens.

Sur le terrain, l'entrée en fonction de ce milliardaire pro-occidental a été accueillie par une attaque rebelle contre l'aéroport international de Lougansk, capitale de l'une des deux régions séparatistes.

"C'est la première fois qu'il y a une attaque de ce genre contre l'aéroport", a déclaré à l'AFP au téléphone un des parachutistes ukrainiens qui défend l'aéroport en assurant que l'installation était sous contrôle des forces ukrainienne.

L'aéroport international de Donestk, autre grande ville sous contrôle rebelle, a été le théâtre de l'un des combats les plus meurtriers de la crise ukrainienne fin mai et reste fermé et inaccessible. Une quarantaine d'insurgés, en majorité de nationalité russe, y ont été tués.

Les médias ukrainiens ont de leur côté rapporté des attaques séparatistes au mortier dans le bastion séparatiste de Slaviansk où plusieurs explosion avaient retenti dimanche.

Les Occidentaux veulent toutefois croire à une désescalade du conflit, sans précédent depuis la fin de la guerre froide, avec un président légitime en Ukraine qui, la veille de son investiture, a eu un bref entretien avec Vladimir Poutine en marge des célébration du 70e anniversaire du Débarquement en Normandie.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est dit samedi "confiant" quant aux perspectives de détente.

"Il reste certes beaucoup à faire mais la voie tracée par le président Porochenko conduirait à une désescalade des tensions. Le temps est maintenant venu pour le président Poutine d'engager directement le dialogue avec le président Porochenko, de mettre un terme à l'afflux des armes et de prendre des mesures pour faire cesser les violences menées par des séparatistes russes dans l'est de l'Ukraine", a poursuivi M. Kerry.

M. Porochenko et l'ambassadeur de Russie en Ukraine, Mikhaïl Zourabov, ont laissé entendre que des discussions entre les deux pays devraient être entamées dans les jours à venir.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier qui doit rencontrer mardi à Moscou son homologue russe Sergueï Lavrov a déclaré dans une interview publiée dimanche que seuls des pourparlers "directs et substantiels" entre Moscou et Kiev seraient de nature à désamorcer la crise.

M. Steinmeier a également exhorté le gouvernement ukrainien à conserver un "sens des proportions" dans ses opérations militaires afin d'éviter de faire grossir les rangs de combattants.

Mais pour l'expert militaire ukrainien indépendant Valentyn Badrak, le succès d'une détente avec le président russe Vladimir Poutine dépendra désormais de la réussite de l'opération militaire que l'Ukraine mène dans l'Est depuis le 13 avril pour mater l'insurrection instiguée, selon Kiev, par la Russie et qui a déjà fait plus de 200 morts.

"Il faut moderniser l'opération" afin de "liquider" le noyau des combattants composé d'officiers du renseignement militaire russe et de mercenaires qui représentent "environ 20% des forces séparatistes coordonnées depuis Moscou" tout en proposant "un programme social adéquat" pour les habitants locaux, estime-t-il dans une tribune publiée dans l'hebdomadaire Dzerkalo Tyjnia.

Adressant "un message de paix" aux habitants de la région industrielle russophone du Donbass, contrôlée en grande partie par les rebelles et où il compte se rendre rapidement, M. Porochenko s'est engagé samedi à améliorer le niveau de la vie et à garantir l'usage libre de la langue russe.

Il a en revanche rejeté tout "compromis" avec la Russie sur l'orientation européenne de son pays et sur l'appartenance à l'Ukraine de la Crimée annexée en mars à la Russie.

Le nouveau président devra aussi rapidement trouver une solution au conflit gazier avec la Russie qui a menacé faute de paiement de la dette, de fermer le robinet dès mercredi ce qui pourrait perturber l'approvisionnement de l'Europe.

Environ 15% du gaz consommé en Europe transite par l'Ukraine et les pays voisins traumatisés par les coupures intervenues en 2006 et 2009 dans des conflits similaires surveillent anxieusement la dispute russo-ukrainienne.

De nouvelles négociations entre Kiev et Moscou sont prévues lundi à Bruxelles sous la médiation de l'Union européenne, a annoncé le ministère russe de l'Energie.

Elu le 25 mai avec 54,7% des voix, M. Porochenko succède à Viktor Ianoukovitch, destitué fin février et réfugié en Russie après un bain de sang sur le Maïdan de Kiev, à l'issue de trois mois de contestation proeuropéenne.

Face aux responsables européens venus à Kiev, M. Porochenko a plaidé en faveur d'une signature "au plus tard le 27 juin" du traité de libre-échange avec l'Union européenne, auquel avait brusquement renoncé son prédécesseur en novembre. Et il n'a pas caché qu'il avait pour objectif à terme une intégration pure et simple de l'Ukraine dans l'UE.

Trop optimiste, selon le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, selon qui la majorité des membres de l'UE n'accepterait pas l'intégration de cette ex-république soviétique.

neo/gmo/ih

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