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Climat: Obama durcit le ton sur le charbon

Climat: Obama durcit le ton sur le charbon

Barack Obama passe à l'offensive sur le climat: dans l'impasse au Congrès, il a annoncé de nouvelles normes sur les émissions des centrales électriques, visant en particulier le charbon, énergie fossile la plus émettrice de gaz à effet de serre.

L'Agence de protection de l'environnement (EPA) a dévoilé lundi ses propositions pour une réduction drastique des émissions de CO2 pour l'ensemble des centrales existantes: baisse de 30% d'ici 2030 par rapport à 2005.

"Ces nouvelles normes nous aideront à laisser à nos enfants un monde plus sûr et plus stable", a déclaré le président américain lors d'une conférence téléphonique, réfutant l'idée qu'elles seraient destructrices d'emplois. "Elles donneront en réalité aux entreprises les outils et la motivation dont elles ont besoin pour innover", a-t-il ajouté, à quelques heures de son départ pour l'Europe.

Les centrales électriques génèrent environ un tiers de l'ensemble des émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis.

Même si le gaz naturel monte en puissance, le charbon reste une composante essentielle du paysage énergétique américain. Les centaines de centrales à charbon réparties sur le territoire fournissent environ 37% de l'électricité du pays, devant le gaz naturel (30%) et le nucléaire (19%).

Les Etats-Unis se sont engagés en 2009 à réduire, d'ici 2020, leurs émissions de gaz à effet de serre de 17% par rapport à leur niveau de 2005.

Mais le climat est un dossier politiquement sensible dans un pays où nombre d'élus contestent la réalité du changement climatique, d'autres s'interrogeant sur la responsabilité des activités humaines.

Paralysée au niveau législatif, la Maison Blanche a décidé d'agir au niveau réglementaire, par le biais de l'EPA, en s'appuyant sur la Loi sur la propreté de l'air (Clean Air Act), une approche saluée par les ONG environnementales mais contre lequel la plupart des républicains sont vent debout.

L'EPA prévoit de finaliser sa réglementation d'ici un an. Chaque Etat devra ensuite lui proposer, d'ici juin 2016, son plan d'action détaillé lui permettant d'atteindre l'objectif fixé. Tel Etat pourra par exemple décider de fermer certaines centrales vieillissantes, d'encourager le développement du solaire ou de l'éolien ou encore de mettre des mécanismes en place pour réduire la consommation énergétique des ménages.

Parmi les autres pistes envisagées, la mise en place de systèmes de quotas d'émissions de CO2: ceux qui émettent plus que le plafond fixé doivent acheter des quotas supplémentaires sur le marché, ceux qui émettent moins peuvent, à l'inverse, en revendre. Un marché régional existe déjà dans le nord-est des Etats-Unis et rassemble une dizaine d'Etats, allant du Maine au Maryland. Une initiative similaire a été lancée en Californie.

M. Obama a tenté de mettre en place ce système de quotas au niveau fédéral mais s'est heurté à l'hostilité du Congrès où le projet de loi a été rejeté. "Nous limitons les quantités de produits chimiques toxiques --tels que le mercure, le soufre et l'arsenic-- que les centrales peuvent rejeter dans l'air ou l'eau. Mais elles peuvent rejeter des quantités illimitées de CO2 dans l'air. Cela n'a pas de sens", a-t-il lancé ce week-end pour justifier sa réforme.

La commissaire européenne au Climat Connie Hedegaard a estimé qu'il s'agissait de la décision "la plus forte jamais prise par un gouvernement américain pour combattre le changement climatique". "Si cette mesure est mise en oeuvre, elle aidera le pays à tenir ses engagements pour 2020", a-t-elle jugé, tout en invitant Washington à faire davantage pour permettre un accord international à Paris en 2015.

Dès dimanche, la responsable climat de l'ONU, Christiana Figueres, avait jugé que ce projet enverrait "un signal positif" aux pays du monde entier, en démontrant que "l'un des principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre prend l'avenir de la planète et de ses habitants au sérieux".

Alden Meyer, de l'Union of Concerned Scientists, estime de son côté que la mise en place de normes sur les centrales thermiques, "pièce centrale" de la stratégie climat de Barack Obama, sera scrutée avec énormément d'attention à l'étranger: "Cette initiative survivra-t-elle aux tentatives de blocage devant les tribunaux ou le Congrès? Sera-t-elle soutenue par le prochain président?".

L'annonce de l'EPA a provoqué de très vives réactions dans le camp républicain.

Mitch McConnell, sénateur du Kentucky, où l'extraction du charbon occupe une place centrale, a dénoncé "un coup de poignard dans le coeur de la classe moyenne américaine".

"Le projet du président est dingue, il n'y a vraiment pas d'autre façon de le décrire", a de son côté lancé John Boehner, président de la Chambre des représentants.

jca/gde

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