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Le procès Khalifa s'ouvre lundi en France, en l'absence de l'ex-golden boy

Le procès Khalifa s'ouvre lundi en France, en l'absence de l'ex-golden boy

Le procès de l'ancien flamboyant homme d'affaires algérien Rafik Khalifa, poursuivi pour banqueroute et détournements de fonds, s'ouvre lundi à Nanterre, en banlieue de Paris, en l'absence du principal intéressé emprisonné en Algérie.

Le fondateur du groupe Khalifa, écroué à Londres depuis 2007, a été extradé à Alger le 24 décembre. Paris a demandé à l'"emprunter" le temps du procès, mais le gouvernement algérien n'a pas donné suite à cette demande.

Il sera donc jugé en son absence devant le tribunal correctionnel de Nanterre. Dix autres personnes sont poursuivies, dont son ex-femme Nadia Amirouchen, un notaire, des anciens représentants de l'entreprise en France ainsi qu'un constructeur et équipementier aéronautique.

Ils sont accusés d'avoir, au moment de la déconfiture du groupe en 2003, dissimulé un certain nombre d'actifs, notamment trois avions d'une valeur de 5,5 millions d'euros, une douzaine de voitures de luxe, une villa à Cannes de 35 millions d'euros où l'ancien golden boy organisait de somptueuses réceptions avec Gérard Depardieu, Catherine Deneuve, Sting et Bono.

"On aimerait que ce procès donne les clés pour comprendre l'ascension fulgurante de M. Khalifa" qui a bâti en très peu de temps, à la fin des années 90, un empire présent dans les secteurs aérien, bancaire et pharmaceutique, mais aussi les médias et les transports, relève une source judiciaire. "Mais les débats risquent d'être décevants en l'absence du principal prévenu. Lui seul a les réponses ", ajoute-t-elle.

Au faîte de sa puissance, le groupe Khalifa, 20.000 salariés en Algérie et en Europe, était présenté comme la nouvelle vitrine du régime algérien, qui sortait d'une décennie de guerre civile pour s'ouvrir à l'économie de marché. Il proposait aux épargnants algériens de placer leur argent à des taux d'intérêt très attractifs chez Khalifa Bank qui alimentait ensuite le reste du groupe.

Mais, en novembre 2002, les opérations de la banque sont gelées à la suite de malversations décelées par Alger. Début 2003, Rafik Khalifa se réfugie à Londres, trois de ses proches collaborateurs sont arrêtés à l'aéroport d'Alger alors qu'ils tentent de fuir avec deux millions d'euros dans une valise et le groupe est placé en liquidation.

L'effondrement de cet empire a causé un préjudice estimé entre 1,5 et 5 milliards de dollars à l'État algérien et aux épargnants.

"Alger ne veut pas d'un grand déballage public à Nanterre sur les circonstances réelles dans lesquelles cette énorme escroquerie, qui a ruiné des milliers de personnes sans qu'aucun contrôle ne soit exercé, a été mise en place", relève la source judiciaire.

Ce procès, renvoyé une première fois car la défense avait soulevé une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) sur le délai raisonnable rejetée par la Cour de cassation, pose aussi des questions de compétence. La compagnie aérienne Khalifa Airways et El Khalifa Location de Voitures, au coeur de la dissimulation supposée des avions et du parc de voitures de luxe, sont certes immatriculées au tribunal de commerce de Nanterre, mais ce sont des sociétés de droit algérien.

On assiste ici à "un mélange de reproches qui ont du sens et d'autres qui sont fantasmés", note Me Jean-Yves Le Borgne, avocat d'un des prévenus. Selon lui, les trois avions n'ont pas été dissimulés: ils ont été vendus mais sont restés dans le giron du groupe.

Après Nanterre, Rafik Khalifa n'en aura pas fini avec la justice. Il a déjà été condamné en 2007 en Algérie par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité pour association de malfaiteurs et faillite frauduleuse. Mais la Cour suprême algérienne a cassé en 2012 cette condamnation et il doit être de nouveau jugé dans son pays.

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