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Peter Mutharika vainqueur d'une présidentielle contestée au Malawi

Peter Mutharika vainqueur d'une présidentielle contestée au Malawi

L'ancien ministre des Affaires étrangères Peter Mutharika a été déclaré vendredi vainqueur de la présidentielle au Malawi, au terme d'un scrutin contesté dont la commission électorale n'a pas pu recompter les bulletins.

Le frère de l'ancien président Bingu wa Mutharika, décédé en 2012, a remporté l'élection du 20 mai avec 36,4% des voix. Il doit être investi dès samedi.

Peter Mutharika, 74 ans, est un universitaire, un professeur de droit qui a vécu une trentaine d'années aux Etats-Unis. Il n'est vraiment entré en politique qu'à la fin des années 2000 pour occuper plusieurs postes dans le gouvernement de son frère aîné, au moment où celui-ci commençait à être critiqué pour sa dérive autocratique.

Il se préparait depuis longtemps à devenir chef de l'Etat. Le Parti démocratique progressiste (DPP) l'avait choisi dès 2010, bien avant l'heure, pour succéder à son frère. Mais la mort de ce dernier en avril 2012 a contrarié ses plans, puisque le pouvoir est passé à Joyce Banda, la vice-présidente, bien qu'elle fût passée dans l'opposition.

Peter Mutharika a été inculpé de haute trahison pour avoir tenté d'empêcher Mme Banda d'accéder à la présidence.

Le vainqueur devance largement Lazarus Chakwera, le candidat du parti de l'ancien dictateur Kamazu Banda, qui obtient 27,8%. Et la défaite est cinglante pour Joyce Banda, arrivée troisième avec 20,2% des suffrages.

"La loi nous oblige à publier ces résultats", a relevé le président de la commission électorale Maxon Mbendera, notant que certains de ses membres avaient émis des "réserves", mais que tous ont signé le procès verbal.

Il avait expliqué jeudi que la commission électorale avait "trouvé des anomalies", pas suffisantes toutefois pour altérer le résultat, "les incidents" concernant selon lui "seulement 1,03%" des bureaux de vote.

"Je peux aisément dire que cette élection a été libre et juste. Elle a été transparente, mais aussi crédible selon ma propre évaluation", avait-il dit. "Est-ce que les gens ont exprimé leur volonté? Oui."

Le scrutin et le dépouillement ont pourtant été particulièrement chaotiques. La commission électorale elle-même a constaté des irrégularités dans certains bureaux de vote, où on a compté plus de bulletins que d'inscrits.

Les résultats ont été proclamés vendredi soir au terme d'une épique bataille juridique, la Haute Cour du Malawi ayant donné moins de deux heures à la commission électorale pour le faire.

Dans un jugement alambiqué rendu à plus de 22H00, elle a autorisé la commission à recompter les bulletins comme elle en avait l'intention, mais a rappelé que la loi exigeait que les résultats soient publiés dans les huit jours après la fin des opérations de vote.

Le scrutin du 20 mai s'était poursuivi dans certains endroits jusqu'au 22 en raison de graves problèmes d'organisation. Les huit jours légaux s'achevaient donc vendredi soir à minuit.

"La loi est claire, il n'y a pas de prolongation" possible du délai pour recompter les résultats, a déclaré le juge Kenyatta Nyirenda.

La commission électorale avait annoncé en début de semaine qu'elle se donnerait un mois pour recompter les bulletins et se pencher sur les nombreuses réclamations, à l'appel de la présidente Joyce Banda, qui avait tenté d'annuler --en vain-- un scrutin qu'elle juge entaché de "sérieuses irrégularités", et de Lazarus Chakwera, arrivé deuxième.

Mais les partisans de Peter Mutharika avaient saisi la Haute Cour pour exiger la publication immédiate des résultats.

Le président de la commission électorale Maxon Mbendera a indiqué vendredi que les partis ou individus qui veulent les contester ont sept jours pour le faire. Le camp Chakwera a déjà dit qu'il le ferait.

Dans l'attente de la publication des résultats, la tension commençait à monter au Malawi, un pays généralement calme. Dans la petite ville de Mangochi (sud), plusieurs dizaines de manifestants criant à la fraude ont barré des routes avec des pneus enflammés vendredi, provoquant l'intervention de la police. Un manifestant est mort quand une cartouche de gaz lacrymogène lui a explosé dans les mains, selon les autorités.

La proclamation des résultats des élections législatives et municipales, couplées avec la présidentielle, a elle été retardée de 72 heures, le temps d'examiner toutes les réclamations.

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