Le gouvernement fédéral tourne le dos à l'offre du chantier naval Davie, qui propose de construire le brise-glace Diefenbaker à la place de son concurrent Seaspan de Vancouver.
Selon ce que Radio-Canada a appris, la société-mère de Davie, le groupe Inocea, a présenté une offre au gouvernement fédéral pour reprendre le projet, qui accuse plusieurs années de retard et fait face à des dépassements de coûts considérables. Son PDG, Alex Vicefield, promet de livrer le Diefenbaker dans les délais et les budgets initiaux.
Qu'à cela ne tienne, la ministre des Travaux publics Diane Finley est catégorique : l'appel d'offres a été fait et la Davie ne s'est pas qualifiée, conclut-elle.
Il est vrai que le chantier naval de Lévis, insolvable il y a quelques années, n'a pas été sélectionné par Ottawa en 2011 pour les projets de construction de grands navires militaires et de la garde côtière. Mais pour le professeur en sciences politiques de l'Université MacEwan à Edmonton Jean-Christophe Boucher, le gouvernement conservateur aurait tout intérêt à analyser l'offre d'Inocea.
« On a surévalué la capacité des chantiers navals Seaspan et Irving de pouvoir construire ces navires et on a sous-évalué les coûts associés à cette construction-là », analyse-t-il.
Malgré le risque que le Diefenbaker, le plus grand brise-glace de l'histoire canadienne, coûte près de deux fois plus cher que prévu et soit mis à l'eau en 2025, soit huit ans plus tard que les prévisions, la ministre Finley affirme qu'elle n'a pas été informée de graves problèmes dans ce dossier et que tout a été fait dans les normes.
Le professeur Boucher prédit néanmoins que le gouvernement issu des élections de 2015 « se retrouvera avec un problème de taille et devra dans une large mesure réévaluer l'ensemble du projet ».
Le budget consacré à la construction du Diefenbaker atteint maintenant 1,3 milliard de dollars, alors qu'une enveloppe de 720 millions de dollars avait été prévue.
D'après le reportage de Marc Godbout