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Turquie : le PDG de la mine de Soma inculpé et écroué, son père recherché

Turquie : le PDG de la mine de Soma inculpé et écroué, son père recherché

Le PDG de la mine de Soma (ouest) a été inculpé et écroué dans la nuit de lundi à mardi, portant à huit le nombre de responsables de la compagnie placés en détention dans l'enquête sur le drame qui a fait 301 morts, a rapporté l'agence de presse Dogan.

Can Gürkan, qui est également le fils du propriétaire de la compagnie Soma Kömür Isletmeleri, a été inculpé d'homicides involontaires par le procureur de Soma et incarcéré, selon Dogan.

Outre Can Gürkan, le directeur général de la mine de charbon, Ramazan Dogru, son directeur d'exploitation, Akin Celik, deux ingénieurs, deux superviseurs et un technicien sont eux inculpés et écroués depuis dimanche.

Le propriétaire de la compagnie mère Soma Holding, Alp Gürkan, homme d'affaires septuagénaire et père du PDG écroué, était, lui, activement recherché par la police pour être interrogé, a précisé l'agence.

Depuis l'accident, le propriétaire de la mine est mis en cause pour avoir privilégié le rendement de l'entreprise au détriment des conditions de sécurité des mineurs.

En 2012, M. Gürkan, dont l'entreprise a fait récemment construire un gratte-ciel dans un des quartiers chics d'Istanbul, s'était félicité d'avoir réussi à réduire les coûts de production de la mine à 24 dollars la tonne, contre 130 dollars avant la privatisation du site.

Dans son discours hebdomadaire devant les députés de son Parti de la justice et du développement (AKP), le Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan a assuré mardi que l'enquête judiciaire irait jusqu'au bout.

"Personne ne peut étouffer cette tragédie (...) Nous sommes déterminés à faire le nécessaire pour remédier aux lacunes en matière de règlement et à prendre toutes les mesures adéquates", a-t-il dit.

Selon la presse gouvernementale, le gouvernement doit annoncer prochainement un "plan d'action" pour renforcer la sécurité dans les mines du pays.

Devant les députés, le ministre de l'Energie, Taner Yildiz, a reconnu "une négligence indiscutable" dans l'accident, sans toutefois préciser qui en était responsable.

Le principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) a déposé une motion de censure contre M. Yildiz et son collègue du Travail, Faruk Celik, dénonçant leurs négligences. Elle n'a cependant aucune chance d'être votée, l'AKP au pouvoir disposant de la majorité absolue au Parlement.

Les députés doivent, par ailleurs, voter l'ouverture d'une enquête parlementaire sur la tragédie.

Vendredi en conférence de presse les dirigeants de la mine Soma Kömür avaient nié toute négligence.

Toutefois, selon un premier rapport d'enquête cité par les médias turcs, le niveau de monoxyde de carbone, un gaz mortel, enregistré au moment de l'accident était nettement supérieur aux normes de sécurité.

Le procureur de Soma, Bekir Sahiner, a exclu dimanche qu'un défaut du système électrique ait été à l'origine de l'incendie qui a ravagé la mine, comme le suggéraient les premiers témoignages, et a privilégié l'hypothèse d'une "combustion de charbon entré en contact avec l'air".

De son côté, le responsable du syndicat des mineurs Maden-Is, Tamer Küçükgencay, a appelé les mineurs de l'entreprise à ne pas reprendre le travail avant une inspection générale de tous ses sites.

"Tant que cela ne sera pas fait, nous ne permettrons à personne d'entrer dans ces exploitations", a-t-il dit.

Cette catastrophe minière, la plus meurtrière de l'histoire de la Turquie, a soulevé une vague de colère contre le régime du Premier ministre Erdogan, accusé d'avoir négligé l'inspection de la mine.

L'homme fort du pays depuis 2002, qui doit annoncer sa candidature à l'élection présidentielle d'août prochain, a écarté toute responsabilité de son gouvernement dans le drame.

ba-fo/pa/gg

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