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Crainte de récession en Argentine malgré les mesures d'ajustement

Crainte de récession en Argentine malgré les mesures d'ajustement

La récession guette l'économie argentine à l'issue d'une décennie de forte croissance économique : après un ralentissement fin 2013, le PIB a chuté de 0,9% en mars, reflet de la baisse de la production automobile et de la consommation.

Le secteur de la construction est également touché et le pouvoir d'achat des Argentins est entamé par une inflation de plus de 25% en 2013, et déjà de 12% cette année sur les quatre premiers mois.

En l'absence de statistiques officielles claires sur l'évolution du Produit intérieur brut, les instituts d'études privés, souvent hostiles au gouvernement de centre-gauche de Cristina Kirchner, tirent la sonnette d'alarme.

Mariano Lamothe, économiste de l'Institut Acebeb, estime que l'économie de l'Argentine est déjà en récession. "Le PIB cumule deux période successives en terrain légèrement négatif", affirme-t-il. Si la tendance actuelle se confirme, il table sur une récession annuelle de 1,6% en 2014.

Techniquement, pour entrer en récession, un pays doit enregistrer pendant deux trimestres consécutifs un recul du PIB.

Une récession certes, ajoute M. Lamothe, mais "il ne s'agit pas d'une récession profonde avec destruction massive d'emplois".

"Les répercussions sur l'emploi, poursuit-il, se voient plus rapidement dans l'industrie automobile, où il y a eu des réductions de personnel, ce qui peut frapper durement l'économie d'une région, comme dans la province de Cordoba", dans le centre de l'Argentine, où les constructeurs Volkswagen, Renault, Iveco (Fiat) et certains de leurs fournisseurs ont des usines.

D'après l'indice officiel INDEC, l'industrie et la construction sont en repli de 6% en mars, par rapport à mars 2013.

En 2013, l'économie argentine a crû de 3% (après une première estimation de près de 5%) avant de s'essouffler au quatrième trimestre.

L'inflation, même si elle tend à ralentir en avril (1,8% contre 3,7% en janvier), est la grande responsable de la baisse de la consommation. Les économistes pensent que la hausse des prix dépassera 30% en 2014.

Eduardo Blasco, économiste de l'institut Maxinver, souligne un "grave problème car l'ajustement du gouvernement au cours des derniers mois, aussi bien sur le marché des changes (dévaluation) qu'en terme de tarifs (gaz, eau, essence en hausse), va affecter le niveau d'activité et la qualité de vie moyenne de la population".

En janvier, le gouvernement a dévalué de 18% le peso argentin face au dollar, et a commencé à réduire les subventions publiques sur les services.

"Cette année ne sera pas merveilleuse, il y aura de nouveaux ajustements, mais c'est l'évolution logique d'un processus inévitable, rien de surprenant", affirme Eduardo Blasco, faisant référence à 11 ans de gestion Kirchner.

Les milieux d'affaires reprochent à Nestor Kirchner, président de 2003 à 2007, et à son épouse qui lui a succédé et dont le second mandat s'achève fin 2015, d'avoir pris de mauvaises options économiques.

Depuis 2003, l'Argentine a rompu avec les institutions financières internationales jugées responsables de la crise économique de 2001, imposé un sévère contrôle des changes et adopté des mesures protectionnistes pour promouvoir son industrie nationale.

Surfant sur les revenus des exportations agricoles, suivant la hausse des prix des matières premières, l'Argentine a dû revoir sa copie quand la courbe s'est infléchie et prendre un nouveau cap plus orthodoxe, depuis novembre 2013.

"L'économie stagne et l'activité économique va chuter, nous nous attendons à un recul de 1% sur l'année 2014", estime pour sa part Nadin Argañaraz, économiste de l'institut d'études économiques de la Fondation Méditerranée.

Pour elle, le ralentissement de l'économie est "déjà installé avec une baisse du crédit, des investissements et du salaire réel", mais elle n'est pas généralisée à tous les secteurs d'activité.

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