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Nouri al-Maliki, un militant chiite de longue date et un homme à poigne

Nouri al-Maliki, un militant chiite de longue date et un homme à poigne

Nouri al-Maliki, un ancien militant chiite anti-Saddam Hussein, considéré comme un chef de gouvernement à poigne pour les uns, autocratique pour les autres, devrait conserver son poste pour un troisième mandat après l'annonce des résultats des élections législatives plaçant son bloc politique en tête.

La coalition de M. Maliki, l'Alliance pour l'Etat de droit, a remporté 92 des 328 sièges au Parlement et devra négocier des alliances pour dégager une majorité.

M. Maliki, 63 ans, apparaissait en 2006, quand il a pris ses fonctions, comme l'homme du compromis. Il affirmait à l'époque avoir accepté le poste de Premier ministre par sens du devoir plus que par ambition politique, mais il est devenu depuis le dirigeant de l'Irak démocratique à avoir le plus longtemps occupé le pouvoir.

Dès son investiture, ce politicien peu souriant étend son influence et est vite taxé d'autoritarisme par des rivaux chiites et sunnites, et son administration a été accusée de corruption.

Les huit années passées à la tête du pays diffèrent fondamentalement de la vie d'opposant qu'il a connue avant l'intervention américaine de 2003 qui a abouti à la chute du régime de Saddam Hussein.

Né en 1950 à Twaïrij, à une centaine de kilomètres au sud de Bagdad, M. Maliki adhère lorsqu'il est étudiant au parti Dawa, créé pour lutter contre l'idéologie laïque véhiculée par le parti Baas de Saddam Hussein et le parti communiste.

Au début des années 1980, après l'interdiction du Dawa, il part en Iran puis en Syrie d'où il militera pour la chute du dictateur, en publiant notamment le journal de son parti.

Après le renversement du régime en avril 2003, il revient en Irak où il joue un rôle de premier plan dans les affaires publiques.

Elu à la tête de la Commission de la sécurité du Parlement transitoire en 2005, il est l'un des instigateurs d'une loi antiterroriste particulièrement répressive. Il fait également partie, de 2003 à 2004, du comité chargé de purger l'appareil de l'Etat des anciens membres du Baas, dissous.

En 2006, cet homme discret, voire totalement dénué de charisme, affectant généralement une mine grave derrière ses lunettes, succède à Ibrahim al-Jaafari, Premier ministre chiite décrié pour son communautarisme par les Kurdes et les sunnites.

A son arrivée au pouvoir, les combats que se livrent milices chiites et extrémistes sunnites sur fond d'occupation américaine font sombrer le pays dans le chaos et on lui reproche son manque d'autorité.

Mais en 2008, il lance une violente offensive pour mettre fin au règne des milices armées dans le pays, s'attirant du même coup l'inimitié, la haine parfois, du camp du jeune chef radical chiite Moqtada Sadr.

La même année, il engrange les bénéfices de la baisse considérable des violences. Cependant, les analystes estiment que cela est davantage dû à une présence renforcée des forces américaines et une volte-face de tribus sunnites anciennement favorables à Al-Qaïda puis ralliées aux forces étrangères.

Fort du succès de sa coalition aux élections provinciales de janvier 2009 et de l'amélioration de la situation sécuritaire dans le pays, M. Maliki parvient à se faire réélire lors des législatives de mars 2010, en présentant une liste interconfessionnelle.

Mais, le second mandat de M. Maliki aura surtout été marqué du sceau de la crise perpétuelle, entre les tensions avec la région autonome du Kurdistan, l'impossibilité manifeste de faire voter des lois d'importance au Parlement et la résurgence des dissensions entre sunnites et chiites, qui se poursuivent après le départ des troupes américaines en 2011.

A partir de 2012, les violences retrouvent des niveaux jamais vus depuis 2008. M. Maliki, à nouveau pointé du doigt, impute cette recrudescence à des facteurs extérieurs, au premier rang desquels la guerre en Syrie voisine.

Diplomates et experts affirment cependant que ces violences sont surtout alimentées par la colère de la minorité sunnite, s'estimant marginalisée et maltraitée par les autorités dominées par les chiites.

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